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« L’enfance qui nous empêche de la vivre », chantait Brel pour « Les risques du métier » dans lequel il incarnait un instituteur. La citation est définitivement faite pour nous, adultes, car quand vient le moment d’être parents, nous sommes pris dans l’étau d’un double sentiment qui nous tenaille, celui de s’émerveiller un peu plus que son enfant s’éveille, et celui, plus fataliste, de protéger son insouciance pendant que nous le pouvons encore. Pourtant, les enfants sont bien plus malins que nous le pensons : curieux de tout, véritable pâte à modeler en termes éducatifs, ils ressentent nos peurs, nos frustrations et posent souvent les questions qui dérangent quant à l’actualité, quant à leur avenir. Notre devoir est non seulement de leur livrer le monde dans lequel nous sommes acteurs, mais surtout de leur dispenser assez d’outils pour « être » dans le monde. Ce faisant, Parenthèse a concocté pour vous un dossier dédié aux façons pour nous parents de ré-enchanter le monde pour nos enfants. Mais entendons-nous bien. Il ne s’agit pas de leur maquiller la vie de paillettes pour omettre les difficultés. Il ne s’agit pas non plus de développer une forme d’ignorance face aux faits d’actualité. Encore moins de cultiver l’individualisme. L’heure est à l’action par l’humour. L’heure est à la compréhension de ce qui nous entoure par la philosophie et la spiritualité. Le moment est définitivement à considérer ce qui nous entoure autrement par les arts. Quatre façons pour transmettre des valeurs durables et jauger le monde autrement qu’à l’aune de l’actualité plombante.

Ré-enchanter par le rire (lire l’article)

Xavier Dolan :

« Accrochons-nous à nos rêves, car nous pouvons changer le monde par nos rêves, nous pouvons faire rire les gens, les faire pleurer. Nous pouvons changer leurs idées, leurs esprits. Et en changeant leurs esprits nous pouvons changer le monde. »

Devant nos enfants, doit-on plutôt jouer le clown triste et cynique ou l’auguste ? Ni l’un, ni l’autre, nous répond François Rollin, humoriste, comédien, réalisateur et administrateur de la SACD (sociétés de perception et de répartition des droits d’auteur) qui exhortait en janvier ses confrères sur l’impérieuse nécessité de ré-enchanter le monde.

Ré-enchanter par la spiritualité (lire l’article)

Robert Legros, philosophe : 

« L’homme n’est rien par nature et par conséquent l’humanité de l’homme est engendrée par l’homme lui-même »

72 % des Français (51 % des Européens) pensent que leurs enfants vivront moins bien qu’eux-mêmes selon une enquête Ipsos d’avril 2013. C’est ici un sentiment partagé qui exprime de façon sous-jacente la rengaine du déclin et des Temps de colère ou d’incompréhension au regard de l’actualité. Inlassablement. En tant qu’adulte, difficile de se convaincre qu’il existe des chemins plus « bath » et augustes que ceux dictés par les tragédies et mauvaises nouvelles médiatiques. L’idée prévaut bien souvent de cultiver un entre-soi, souvent circonscrit à la famille nucléaire, qui épargnerait chacun de ses membres de la sinistrose ambiante. En parallèle, les périodes de crises et l’actualité morose sont souvent vécues chez l’enfant comme une remise en cause de la légitimité des parents quant à leurs réponses éducatives : pourquoi respecter une éducation à la lettre pour ensuite être mangé par la crise ou du moins atteint par l’anxiété une fois arrivé à l’âge adulte ? La spiritualité est alors un chemin pour libérer vos enfants de leurs peurs quant à l’avenir et une manière d’enchanter leur quotidien en y injectant du sens, de « l’être » bien plus que de « l’avoir ». Explications.

Ré-enchanter par l’action (lire l’article)

Héraclite d’Éphèse :

« Rien n’est permanent, sauf le changement »

Le ré-enchantement du monde n’est pas une manière d’édulcorer la vie pour la rendre plus supportable. Il passe par l’action et des choses bien concrètes. Celles qui permettent d’échanger et d’apprendre et de changer le monde dans lequel nous vivons. Ce faisant, quel rôle, nous – parents – avons-nous à jouer pour que nos enfants aient envie de faire leur propre récit du monde et ainsi de dépasser le pessimisme ambiant, le nihilisme, l’obscurantisme religieux qui paralysent ? Pour les mettre à l’action, encore faut-il leur donner les moyens d’être combatifs. En tant que parents, nous avons donc un devoir de transmission mais celui-ci ne doit jamais consister en un fardeau mais être plutôt comme une boîte à outils pour leur autoriser les sentiments de liberté et d’optimisme. Cette idée de transmission positive est une donnée clé pour leur donner l’envie de changer le monde mais surtout de le faire de manière très concrète. Ré-enchanter le monde face au réel commence dès lors d’abord par véhiculer un message d’espoir. Non, nous ne courons pas à notre perte. Et non voir le bon côté des choses n’est ni vain ni niais. Les périodes sombres s’accompagnent toujours d’un esprit de résilience porté par la jeunesse. Songeons par exemple au discours de Donald Winnicott, pédiatre et psychanalyste qui intimait ses contemporains d’agir pour que chaque intervention auprès des enfants soit une manière de leur faire penser que la vie vaut la peine d’être vécue. Discours qui a trouvé un écho certain en plein deuxième conflit mondial. Quel que soit le contexte, de nombreuses initiatives méritent le détour. En voici un digest.

Geoffroy Framery

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