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Les adolescents souhaitent sortir de plus en plus jeunes, et leurs parents se retrouvent démunis face à ces demandes insistantes. Dès lors, quelle position adopter ? Les laisser faire ou au contraire tout verrouiller et n’autoriser aucune soirée sans adultes pour surveiller ? Une solution intermédiaire pourrait convenir aux deux parties : le safe clubbing. Enquête sur un phénomène en plein essor qui fait ses premiers pas en France.

 

Qu’est-ce que le safe-clubbing ?

On pourrait traduire cette expression anglophone par « faire la fête en toute sécurité ». Ce concept, apparu en Grande-Bretagne au début des années 2000, consiste en l’organisation de soirées pour mineurs dans des cadres habituellement réservés aux majeurs, telles des boîtes de nuit. En un mot, des soirées sans alcool, sans tabac, avec des horaires aménagés et dans un cadre sécurisé, où seuls les adolescents de treize à dix-sept ans sont acceptés. En France, ce type de soirée soft commence tout juste à s’installer.

 

Attention aux faux papiers

Peu de mineurs le savent, mais entrer en boîte de nuit avec une pièce d’identité falsifiée est passible de cinq ans d’emprisonnement pour « faux et usage de faux ». Il est en effet très facile de se procurer de tels papiers. Certains ados vont même jusqu’à utiliser des logiciels de retouche photo pour modifier leur date de naissance originale. Une bonne imprimante couplée à une plastifieuse et le tour est joué ! Les jeunes, adeptes de cette pratique bien plus souvent qu’on ne le croit, ne sont pas conscient de la portée de leurs actes et des risques qu’ils prennent. Il est vrai que les contrôles ne sont pas toujours très efficaces à l’entrée des boîtes de nuit et que les videurs jugent d’un rapide coup d’œil l’âge des jeunes fêtards. Sachez cependant que la police effectue des contrôles de plus en plus nombreux au sein même des discothèques. Attention aux conséquences !

Le bon plan pour les ados comme POUR leurs parents !

Au risque de surprendre, sur les forums qui leur sont dédiés, les ados sont nombreux à s’avouer méfiants et rebutés par le monde de la nuit version adulte. Ils veulent sortir « comme les grands », mais ne se reconnaissent pas dans cette ambiance qu’ils décrivent eux-mêmes souvent comme « glauque » et « étouffante ». Face à l’alcoolisation des étudiants, habituer les jeunes adolescents à faire la fête dans un contexte sain peut être une solution pour les empêcher, une fois majeurs, de sombrer dans ces travers. Les ados passent de bons moments dans des soirées sûres et encadrées et leurs parents, rassurés, les laissent partir moins soucieux.

De réels effets ?

Aucune étude ne s’est pour le moment penchée sur les effets de ce type de soirées, phénomène encore trop récent en France. Mais il y a fort à parier que cette nouvelle manière de faire la fête peut fonctionner. Plus les bons réflexes s’acquièrent tôt, plus ils sont durables ! Le risque principal serait que le safe clubbing reste à l’état de phénomène passager et que cette mode ne dure qu’un temps. La balle est dans le camp des organisateurs ; à eux de continuer à communiquer autour de ces soirées, de les rendre attractives afin d’attirer les mineurs chez eux et non de les laisser livrés à eux-mêmes entre eux ou avec des adultes. Il est cependant important que les ados ne prennent pas ces soirées comme une autorisation implicite à aller trop loin.

Tout danger n’est pas écarté !

Il serait bien entendu trop simpliste de penser que ces soirées puissent être la solution au problème des sorties des ados. Est-il normal pour un enfant de treize ans, même s’il a l’âge requis pour le safe clubbing, de fréquenter les boîtes de nuit ? Si les contrôles effectués à l’entrée sont drastiques, les ados qui le veulent vraiment trouveront toujours le moyen de faire entrer de l’alcool. La communication entre parents et enfants, et la vérification de l’état des ados à leur retour de soirée, sont donc indispensables. Ces soirées ne doivent pas non plus devenir régulières mais rester ponctuelles. Elles n’en seront que d’autant plus appréciées des ados !

Où « safe clubber » en France ?

Pour le moment, les établissements qui proposent des soirées de manière régulières sont peu nombreux. À vrai dire, il n’y a que les Planches à Paris, une boîte de nuit grenobloise et le Ni Box à Monaco qui en organisent ponctuellement. Il suffit de faire un tour sur Facebook ou Twitter pour se rendre compte de la pauvreté de l’information. Les adolescents sont pourtant très demandeurs sur les forums où ils tentent de s’échanger des tuyaux. La communication autour de ces soirées reste bien maigre. Il faut s’informer au cas par cas et être attentif à ce qui se fait dans sa propre ville.

3 questions à Maxime Douce, fondateur des soirées « So Fresh »

En 2011, alors qu’il n’est encore que lycéen, ce jeune Niçois décide de lancer le concept de soirées réservées aux mineurs. Un an et une quinzaine de soirées plus tard, avec cette fois-ci le bac en poche depuis quelques semaines, Maxime peut se targuer d’avoir organisé, avec succès, une quinzaine de soirées 100 % teen à succès au Ni Box à Monaco.

PDA : Quelles méthodes de sécurité mettez-vous en place lors de vos soirées ?
Maxime Douce : Comme dans une boîte de nuit habituelle, des vigiles sont postés à l’entrée. La grande différence est qu’ils fouillent absolument tous les sacs et vérifient l’âge de l’intégralité des participants. Aucun alcool n’est bien sûr autorisé dans l’enceinte de l’établissement, mais des tests sont aussi effectués à la sortie. Nous ne laissons repartir personne qui ne serait pas en état. De plus, aucun argent ne circule à l’intérieur de la boîte pour éviter tout problème. L’entrée comprend un accès illimités aux boissons non alcoolisées toute la soirée.

PDA : Comment vérifiez-vous l’âge des adolescents ?
MD : Lors de leur première venue, ils remplissent un papier comprenant une autorisation parentale. On leur remet par la suite une carte avec une puce électronique que leurs parents peuvent recharger à tout moment par Internet. Elle leur sert tant de moyen de paiement que de justificatif d’âge. Impossible à falsifier !

PDA : Quels sont les retours au niveau des parents ?
MD : Les retours sont très bons. S’ils sont un peu inquiets la première fois, ils sont rassurés quand ils voient revenir leur enfant sobre après avoir passé une bonne soirée et ne se font plus aucun souci pour les suivantes ! Le concept fonctionne vraiment bien, nous commençons même à prospecter pour ouvrir d’autres établissements en France, pourquoi pas vers Nice.

 Mathilde Rambaud

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