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Jeux-Vidéo : Pactisez avec l’ennemi !

Temps de lecture estimé : 11 minutes


« J’AI LE SENTIMENT DE VIVRE SUR UNE AUTRE PLANÈTE… »

Les jeux vidéo creusent un fossé entre votre adolescent et vous. Lorsqu’il vous en parle, vous ne comprenez rien car son langage est codé. Rassurez-vous, le principe de base de bien des jeux rejoint celui des divertissements d’il y a trente ans : l’objectif est de tuer les méchants, fuir la police, jouer au foot ou prendre soin de ses personnages comme de ses poupées…

Décryptage des principaux jeux

« IL S’ÉNERVE LORSQUE JE LUI DEMANDE DE LÂCHER SA MANETTE »

Les jeux vidéo mettent parfois à mal la vie de famille. Lorsque vous demandez à votre enfant de venir dîner, c’est potentiellement la crise.Il attend toujours que vous criiez pour quitter sa partie. Sans parler des moments où vous tentez de limiter son temps passé à jouer : il marchande jusqu’à la dernière minute,comme si vous le priviez d’un bien vital…

Transmettez-lui le sens des priorités

« IL ME REPROCHE DE CRITIQUER SANS CONNAÎTRE »

Lorsque vous passez devant sa chambre, son regard est vide, sa bouche ouverte. Seuls ses pouces bougent et s’agitent frénétiquement sur la manette. C’est à peine s’il retient un filet de bave sur le point de couler… Impossible de le lui faire remarquer. Il ne vous voit même pas. Lorsqu’enfin il perçoit votre irritation, c’est pour vous reprocher de critiquer sans connaître. Et au fond, il n’a peut-être pas tort.

Découvrez votre adolescent

Les Sims : « la satisfaction de voir que sa famille fonctionne bien »

« Dans le jeu des Sims, l’enfant doit prendre soin des personnages qu’il a créés en subvenant à leurs besoins. Il peut concevoir des Sim’s gentils ou méchants, un mari fou amoureux de sa femme, une épouse qui s’en fiche… Il les fait manger, aller aux toilettes, arriver à l’heure pour le bus… Dans la vraie vie, toutes ces règles sont contraignantes, mais là, elles deviennent rigolotes ! S’ils s’ennuient ou se disputent, les Sims peuvent mourir. En faisant en sorte que les parents travaillent bien, on gagne de l’argent et l’on peut ainsi acheter de plus grandes télés, pour que la famille s’ennuie moins. Les Sims, c’est la satisfaction de voir que sa famille fonctionne bien. » Marie, 16 ans.

« IL SE PREND D’AFFECTION POUR DES ANIMAUX VIRTUELS »

Après les Tamagotchi, les nouveaux jeux sur PC ou sur console permettent de prendre soin de poneys, chiens, enfants, couples ou familles entières. Dans ces jeux, la dimension affective est réelle. L’objectif principal est de voir grandir et évoluer ses personnages. Tant les filles que les garçons sont attirés par ces jeux, phénomène rare dans ce hobby.

Encouragez-le à exercer sa générosité

MICHAEL STORA, psychologue et auteur de : Les écrans, ça rend accro… (éditions Hachette Littératures )

Les jeux vidéo rendent-ils accro ?

On accuse facilement les jeux vidéo d’être à la source de tous les maux. Certes, comme tous les objets de plaisir, ils peuvent donner lieu à des abus. On peut passer du plaisir à l’habitude, puis à la dépendance. Mais le jeu vidéo n’est pas plus fort que soi, contrairement à ce qu’affirme un slogan publicitaire. L’addiction est toujours révélatrice d’autre chose. Les jeux vidéo représentent un nouvel enjeu d’autorité. Ils reposent la question des limites que les parents sont capables de poser.

Pourquoi recommandez-vous de jouer aux jeux vidéo en famille ?

Comme on jouait au Monopoly ensemble, on peut faire preuve d’humour et se retrouver pour des parties de jeux vidéo. C’est une occasion de retrouvailles, d’engueulades, de découvertes que sa mère est mauvaise joueuse, par exemple. Pour un parent qui se place dans une position d’exemplarité excessive, ce peut être l’occasion de descendre de son piédestal. Un père peut autoriser son fils à devenir un homme en acceptant de perdre devant lui. Le jeu vidéo est l’occasion d’apprendre à se servir autrement de cette fameuse télévision qui trône au milieu du salon.

« IL JOUE À DES JEUX VIOLENTS »

Sauf problème psychique grave, un adolescent qui passe des heures à tirer sur des personnages ne reproduira pas les comportements de son héros. Loin du cliché du joueur devenant assassin, les jeux violents posent plutôt le problème de la représentation de la personne. Meurtre après meurtre, l’adolescent se construit avec des sentiments négatifs. Bien qu’orientés vers des personnages virtuels, ils l’imprègnent d’une vision de l’autre comme menace. Toute nouvelle personne devient un danger potentiel, un obstacle à éliminer pour parvenir à ses fins.

Aidez-le à construire une vision positive de l’autre

« IL AIME LES JEUX D’HORREUR »

Les jeux vidéo mettant en scène des morts vivants, des corps mutilés ou des monstres effroyables sont souvent très réalistes. La musique est prenante. L’angoisse est réelle pendant le jeu. À l’adolescence, la maturité intellectuelle n’est pas toujours en accord avec la maturité affective. Les ados peuvent très bien connaître des citations de philosophes par cœur et avoir toujours peur du noir. Attention à ces jeux qui, loin d’apaiser les angoisses des jeunes sensibles et imaginatifs, en rajoutent de nouvelles.

« Aiguisez son sens du beau »

« IL SE BAT AVEC LA POLICE »

Dans GTA, désobéir et se rebeller contre l’autorité est le but du jeu. Mais votre enfant peut prendre plaisir à commettre des actes interdits à travers d’autres jeux vidéo. Dans Les Sims par exemple, il est possible de laisser l’un de ses personnages se noyer volontairement dans sa piscine.Un adolescent qui passe ses soirées à tuer des innocents et à transgresser virtuellement les règles n’est pas un délinquant en puissance. Mais il exprime le besoin de se libérer d’un fardeau trop lourd, celui de respecter au quotidien des règles qu’il a identifiées,mais non pas intégrées.

Eduquez-le à la vraie liberté

« Je retrouve régulièrement des amis du collège ainsi que des joueurs de France et de Belgique sur Internet, pour jouer à des jeux de guerre assez basiques. Je dialogue avec eux à l’aide d’un micro ou par écrit. Lorsque j’étais en Sixième, mes notes ont chuté et je suis passé en un an de 15 de moyenne à 11. Je faisais mes devoirs en jouant. C’est ma mère qui m’a fait prendre conscience que mes notes baissaient depuis que j’avais ces jeux. Elle m’a alors interdit d’y jouer le soir. Le temps passe plus vite lorsque l’on est devant l’écran. Mais les jeux vidéo ne m’ont jamais empêché d’avoir des copains et de sortir, contrairement à ceux qui jouent à World of Warcraft et deviennent des “No life”. » Gabriel, 11 ans.


« IL S’ENNUIE LORSQU’IL NE JOUE PAS AUX JEUX-VIDÉO »

Les jeux-vidéo sont des divertissements puissants qui demandent peu d’efforts. Un adolescent peut passer des heures devant sa console, simplement parce qu’il ne trouve rien d’autre à faire. On la lui confisque et il s’ennuie. Il s’enferme ainsi dans le schéma « Je joue aux jeux vidéo parce que je n’ai pas d’autres idées. Et inversement. ». Cette petite dépendance peut le pousser à acquérir d’autres jeux toujours plus intéressants et captivants.

Incitez-le à utiliser son temps de manière constructive

« IL VIT SA VIE PAR PROCURATION »

Dans les jeux vidéo, les enjeux sont exceptionnels. Les pouvoirs des personnages et leurs possibilités d’action procurent des sensations fortes vite addictives. Certains adolescents se sentent bien dans ce contexte, voire mieux que dans leur vie. Entre peur, joie, stress et plaisir, ils ont le sentiment d’exister pleinement. Pendant ce temps, leur vie se déroule sans qu’ils ne la vivent vraiment, sans qu’ils ne s’y engagent. Comme on peut fuir son quotidien dans la drogue, il est possible de faire abstraction de son existence dans les jeux vidéo.

« Encouragez-le à s’engager dans la vie réelle »

« SES AMIS SONT SUR INTERNET »

Les jeux en ligne intègrent une réelle dimension sociale. Les jeunes jouent en équipe, rigolent, promettent de se venger à la prochaine partie. Certains adolescents, qui connaissent des difficultés pour se sociabiliser ou se sentent isolés, trouvent là une occasion de rentrer en contact avec d’autres jeunes du même âge. Cette démarche peut être positive si elle débouche sur des rencontres ou des amitiés réelles, ou si elle permet de s’intégrer plus facilement dans les conversations, à l’école ou en soirée. Mais elle peut être dangereuse pour l’adolescent s’il s’enferme dans une vie sociale exclusivement virtuelle.

Faites-le réfléchir au sens de l’amitié

Article réalisé par Florence PERCEVAUT

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