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Les 10 piliers de l’autonomie

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Autonomie. Le mot vient du grec « auto » signifiant « soi-même » et « nomos », qui veut dire « loi ». Etre autonome, c’est être en mesure de diriger soi-même sa vie ! Tout un programme qui, côté parent, n’est pas toujours une voie bien tracée. Comment savoir si il ou elle sait diriger son existence ? Observez bien et voyez s’il est capable de définir seul les raisons et les moyens d’agir en vue d’un objectif qu’il s’est lui-même fixé. Vous constatez que c’est parfaitement le cas ? Objectif atteint. Vous devez vous résoudre à avouer qu’il reste encore un peu de chemin à faire ? Vous découvrirez dans ce dossier les grands étapes par lesquelles votre ado doit passer. A vous de jouer !

Donner des repères simples

Pour que votre enfant  sache très tôt prendre sa vie en main, il est important de lui transmettre quelques points de repères clairs et simples. Connaît-il les raisons pour lesquelles vous lui demandez de faire ceci ou cela ? Est-il capable de vous les expliquer en quelques mots ? Dans le cas contraire, il risque de se construire en fonction de modèles identitaires qu’il choisit lui-même… souvent dans les médias d’ailleurs. Dans ce contexte de construction de soi, le look a son importance. Il manifeste l’appartenance à tel ou tel groupe et est en outre, selon Jean-Luc Aubert un moyen de « se démarquer à la fois du look familial et de celui qui était le sien jusqu’alors ». Cette opposition au modèle familial peut n’être que passagère.

Donner des repères affectifs

Un enfant structuré est celui qui a emmagasiné pendant l’enfance suffisamment de sécurité intérieure pour être rassuré. « Si notre réservoir affectif a été bien rempli, nous sommes moins anxieux, moins fragiles, moins dépendants de l’extérieur », rappelle Jean-Luc Aubert. Un enfant sécurisé ira alors plus facilement explorer le monde et sera mieux à même de répondre seul à ses besoins. « Il n’aura plus besoin de l’autre ou, en tout cas, il en aura nettement moins besoin », précise le psychologue. Et si certains ne réussissent pas, une fois adulte, à quitter le nid douillet de l’enfance pour se lancer dans l’aventure de la vie… cela étonne. Rappelons-nous de Tanguy, héros malgré lui du film qui a mis au jour cet étrange phénomène : halte donc au réflexe « mère poule » qui pousse certaines à retenir leur enfant dans leur giron, retardant par là son entrée dans le monde des grands.

Ado : connais-toi toi-même !  

Vous faites partie de ceux qui disent volontiers à leur enfant : « Je suis sûr que tu vas y arriver ». « Je te donne l’autorisation d’aller à cette soirée tout en connaissant les dangers parce que j’ai confiance en toi » etc. Bravo ! Mais attention toutefois ! Pour mériter votre confiance aveugle, votre enfant doit être conscient de ses potentialités comme de ses fragilités. A vous de l’y aider ! Comment ? En le plaçant devant l’évidence qu’offre son comportement :  « J’ai l’impression que tu dois fournir un effort considérable pour passer à l’action » ou encore « il semble que tu aimes particulièrement démonter les appareils ménagers ». A vous d’inventer ces petites phrases qui l’aideront à mieux se connaître. Attardez-vous davantage sur ses richesses que sur ses difficultés. On ne le dira jamais assez : on obtient plus en encourageant qu’en mettant sous pression…

L’affirmation de soi

La confiance en soi conduit naturellement à l’affirmation de son identité propre. «Je suis unique », pense votre enfant. S’il partage, il le sait, certaines caractéristiques avec ses semblables, il se sent malgré tout différent sur de nombreux aspects. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il s’affirme souvent « contre ». Toute personne a besoin de l’estime des autres pour se sentir bien, nous rappelle le psychiatre Daniel Marcelli… « En quelque sorte, se sentir aimé et apprécié conforte le narcissisme de chacun. On comprendra aisément que plus ce dernier est fragile, plus le besoin d’être estimé des autres est grand. Il peut devenir envahissant quand le comportement de l’individu n’a d’autre but que d’obtenir ces gratifications ».

Les obstacles, un tremplin

Il est toujours tentant de fuir la difficulté… plutôt que de l’affronter. Pourtant, celui qui souhaite rendre son enfant autonome ne saurait se laisser tenter. Supprimer internet permet certes de contourner l’obstacle, ne permet pas à l’enfant d’apprendre à gérer les dangers, à devenir responsable. L’autonomie viendra précisément lorsqu’il saura lui-même limiter sa durée de surf sur facebook ou mettre sa PS3 en pause le temps de faire les devoirs. Pas d’étonnement toutefois si vous constates que votre enfant a besoin (plus que d’autres) d’enfreindre la loi pour savoir où sont ses limites. Le laisser libre face au danger tout en restant vigilant : c’est l’art d’être parent. C’est en le laissant exercer sa propre volonté qu’il deviendra fort et non en enlevant tout obstacle de son chemin. L’autonomie s’acquier à ce prix !

La maîtrise de soi

Comment faire pour garder son calme ? Etre autonome c’est avoir appris à gérer ses émotions et ses comportements parfois impulsifs… Encore une valeur qui se transmet surtout par l’exemple. Vous vous mettez en colère ou vous affolez pour un rien ? Comment apprendre à votre enfant qu’il est important de garder son calme et d’écouter l’autre avant de s’emporter… « celui qui se met en colère a perdu la partie », insiste Richard Templar, auteur de Les cent lois pour être des parents parfaits ou presque. « A chaque fois que vous vous énervez devant vos enfants, vous leur montrez qu’on peut réagir ainsi et que c’est une réaction normale. Par ailleurs, ce n’est pas leur rendre service pour leur avenir rela tionnel que de leur apprendre qu’on peut obtenir ce que l’on veut en criant et que c’est là la manière habituelle de résoudre un conflit », poursuit l’auteur britannique.

De la ténacité avant toute chose…

Vous lui avez transmis à votre enfant le goût d’agir de manière autonome ? Attention à ce qu’il ne se décourage pas en constatant qu’il est parfois difficile d’atteindre les objectifs qu’on s’est fixés. Rémi est en terminale, il s’est fixé comme but d’obtenir une moyenne de 14 en maths. Malgré des efforts réels, il constate que son travail ne suffit pas. Peu à peu, l’enthousiasme s’estompe. Deux possibiltés s’offres alors à lui : justifier son découragement par une absence de résultat ou remettre en cause sa méthode et redoubler d’effort. Ce qui est valable dans le contexte scolaire l’est aussi dans bien d’autres domaines…

L’accompagnement : un point clé !

Votre enfant agit volontier seul ? Attention ! Etre indépendant ne signifie pas que l’on n’a pas besoin des autres pour avancer… En première ligne des personnes référentes : les parents. Ces derniers doivent être prêts à écouter, à éclairer, à réconforter, à encourager… à tout instant ! Si votre mission évolue au fil des ans, elle ne finit jamais ! Lorsque votre rôle devient discret, vous restez un point de repère stable.

Donner du sens

Il est curieux de voir combien on demande à l’intelligence d’un enfant d’être performante dans des domaines tels que les sciences, l’économie, les mathématiques, l’histoire… et combien on la sous-estime lorsqu’il s’agit de la compréhension générale de sa vie ! Les cours de philosophie qu’il suivra en classse de Terminale l’aideront certes à s’y intéresser. Mais, réalisme oblige, combien d’élèves mettent réellement à profit l’étude de cette matière pour murir leur projet de vie personnel… Quel sens vais-je donner à ma vie ? Quelle est ma hiérarchie des valeurs ? C’est pourtant cette réflexion qui fonde la prédominance de la raison sur les sentiments et les émotions. Il est important d’orienter votre enfant vers la l’adhésion à une éthique qui prend en compte l’homme dans toutes ses dimensions. « Nos capacités mentales nous permettent de prendre du recul par rapport aux situations de la vie et à nos émotions », rappellent Brigitte Gicquel-Kramer et Christine Dimajo-Donati dans Devenez un parent coach.

L’expérience du risque

« Vos enfants doivent apprendre à gérer leur vie eux-mêmes, et donc à assumer les conséquences d’une mauvaise expérience », prévient Richard Templar. Pas quesiton donc de couper court à toute prise de risque. Osons les laisser se tromper ! N’oublions pas que, si l’autonomie implique une prise d’indépendance par rapport à ceux qui jusque là imposaient les règles, elle est avant tout chez votre enfant la mise en pratique d’une décision guidée par sa réflexion… Confiance donc !

Article réalisé par Marie BERNARD

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