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Les sms et les tablettes n’ont pas encore gagné définitivement la bataille des supports en matière d’écrit et de lecture chez nos enfants, chez qui le plaisir de lire, s’il demeure parfois latent, ne demande qu’à être encouragé, ravivé, stimulé grâce aux livres, aux albums et à la bande dessinée.

« Lire, c’est voyager, imaginer. C’est comme le bonheur. Un poète dit que l’idée de la lecture obligatoire est absurde car ce serait parler d’un bonheur obligatoire », souligne Zoé. Actuellement entre le CM1 et le CM2, la jeune Montpelliéraine par une lecture remarquée de « Qui veut le cœur d’Artichaut » a remporté le concours national des petits champions de la lecture mettant en lice plus de 20 000 ouailles de primaire, preuve que la lecture a encore de beaux jours devant elle.

Un autre rapport à l’écrit

L’avènement du numérique et de nos enfants en tant que « digital natives » – entendez derrière la locution, des enfants plus habiles que vous sur votre téléphone – pourrait nous laisser penser que notre progéniture baigne moins dans l’écrit que nous, parents, qui au même âge ne nous adonnions à l’écriture qu’à l’école avec les rédactions ou en vacances au moment d’écrire les traditionnelles cartes postales. Coté lectures, idem. Les moyens existants pour développer notre imaginaire et notre créativité étaient beaucoup plus frustes.

« Les enfants baignent dans un milieu d’écriture depuis leur téléphone ou leur tablette. Les enfants sont peut-être plus dans l’écrit que nous. Le conseil pour développer la lecture ? Donner aux enfants la possibilité de découvrir la modernité des livres : c’est un objet qui va toucher différemment les lecteurs selon leurs possibilités et qui va projeter un univers différent dans chaque esprit. Aucun jeu vidéo ni aucun film ne produisent cet effet car ils matérialisent quelque chose de préétabli, préconçu dans l’esprit des réalisateurs. La lecture, c’est avant tout la liberté », avance Timothée de Fombelle, écrivain et dramaturge. C’est par cette entrée que nous pouvons fabriquer de jeunes lecteurs et les convertir au loisir de la lecture.

Lire ça rime avec loisir

La lecture plaisir, ce n’est pas seulement « se taper » un livre de 300 pages et se dire qu’atteindre la fin est une forme de récompense. Cela peut être également un jeu. Un jeu qui met du sens sur la portée de l’écrit. Celui de la lecture à voix haute qui nous renvoie à notre enfance gorgée d’histoires et de contes, celui de la lecture jouée et interprétée du théâtre, etc. « J’ai le souvenir d’extases alors enfant quand il s’agissait de lire à haute de voix. La lecture à haute voix ne demande pas d’être un dévoreur de livre. Tout le monde se retrouve à égalité sur une page. Un gros livre peut terrifier. En lire un extrait met un pied d’égalité, une ligne de départ et d’arrivée que tout le monde peut atteindre. » Vous l’aurez compris. Le plaisir n’est pas une contrainte.

L’appétence pour la lecture est d’autant plus à cultiver qu’elle incarne aussi une forme de liberté et de rupture face à nos rythmes quotidiens.

Une double mission en tant que parents, même ceux qui n’aiment pas lire, vous incombe. La première est de faire baigner vos enfants dans l’écrit, les livres, la bande dessinée, les magazines… Quel que soit le support. Le must ? Cultiver un petit coin lecture chez vous, même si vous n’avez pas de bibliothèque pour créer une bulle. Timothée de Fombelle ajoute : « Je suis rentré dans la lecture par le temps qui passe. La lecture est un moment où la rapidité du quotidien se freine ». Et la petite Zoé, grande lectrice de Percy Jackson et de la saga Harry Potter d’ajouter : « L’envie de lire… Je l’ai peut-être eue parce que maman lisait beaucoup et que nous avons une bibliothèque dans laquelle maman pioche les livres ».

Une diversité accessible à tous

Par ailleurs, le rendez-vous – espéré ? – de vos enfants avec la lecture est aujourd’hui permis grâce à l’offre existante destinée spécifiquement à votre progéniture. « Notre but en tant qu’éditeur n’est pas une chasse éperdue aux lecteurs. Nous avons décidé de leur apporter un contenu de qualité », introduit Soizig Le Bail, éditrice notamment en littérature de jeunesse chez les Editions Thierry Magnier.

Effectivement, en 2016, nous sommes loin de la littérature sexiste et machiste du « Club des cinq ». Tout comme les épisodes de Martine et le « colonialiste » Tintin au Congo nous semblent lointains. Si une idéologie traditionnelle transpire actuellement de certains livres – album de jeunesse qui traduit l’ambition professionnelle des femmes comme un moyen d’être une mauvaise mère ! – force est de constater que les maisons d’édition ont redoublé d’efforts pour apporter un contenu inédit à nos enfants. Contenu d’ailleurs inaccessible pendant notre jeunesse. Aujourd’hui, les plus jeunes peuvent non seulement s’évader, mais ils peuvent surtout philosopher et se questionner sur la mort, la sexualité, la violence, le racisme…

« Nous leur apportons de quoi penser le monde, les faire rêver. Nous devons leur faire confiance. Les enfants n’ont pas froid aux yeux et peuvent être ébranlés par des textes qui les impressionnent ou les interrogent », explique l’éditrice. À vous ensuite de jouer votre rôle de parent. Il y a toujours un déclencheur dans l’amour de la lecture : un texte, un livre qu’on adore, un parent qui nous fait découvrir son univers littéraire. La lecture est donc aussi un plaisir qui se partage, qui se transmet. D’ailleurs vous pourrez définitivement vous dire que c’est gagné lorsque vos enfants commenceront à vous conseiller la lecture de certains ouvrages.

Geoffroy Framery

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