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Pourquoi les ados fument-ils ?

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Fumer sans vraiment fumer. Ou du moins l’associer à de la convivialité ou à la construction de la sociabilité. La chicha et la vapoteuse n’en demeurent pas moins toxiques et se révèlent une porte d’entrée vers un tabagisme classique.

Chicha et vapotage : le goût et le jeu comme porte d’entrée ?

À tort associée uniquement au cannabis, la chicha est pourtant répandue dans tous les milieux sociaux de par ses aspects conviviaux. L’instrument oriental est partagé dans une ambiance conviviale. Ses dangers contrairement à ceux du tabac sont moins connus des ados. Pour finir, la fumée est souvent parfumée et le goût sucré. Le système de cheminée à eau atténue également la sensation d’agression du tabac. Au regard de ces aspects, il ne faut pas être étonné que la consommation de chicha ait doublé en 10 ans d’après l’enquête Paris sans Tabac.

Pourtant le « tabamel », utilisé pour consommer la chicha se constitue de tabac et de mélasse, sorte de dérivé de tabac qui contient également des substances addictives, toxiques et cancérigènes telles que la nicotine, les goudrons, le monoxyde de carbone et, last but not least, quelques métaux lourds. Sur ce sujet, l’OMS rappelle que « les effets nocifs du narguilé comprennent un impact sur le système respiratoire, le système cardiovasculaire, la bouche et les dents ».

En plus de contenir les métaux présents dans la cigarette, la fumée de la chicha serait porteuse de près de 4 000 substances chimiques, issues du charbon, du revêtement du fourneau et de la colonne, du tuyau ou encore de la feuille d’aluminium. Autant de composants artisanaux nécessaires pour fumer la chicha mais qui rendent son usage encore plus toxique que celui de la cigarette.

Un marketing trop fort pour résister ?

Si le vapotage est un moyen passager de se sevrer du tabac pour un public adulte, déjà accroc à la nicotine et au geste du fumeur, il constitue en revanche les prémisses voire une porte d’entrée vers le tabagisme classique chez les ados.

Le matériel de la cigarette électronique, lui, est encore trop récent pour des études long terme. Pourtant, nombreuses sont les études à dénoncer aujourd’hui les méfaits de cet instrument qui ne paraît que de prime abord récréatif. À grands coups de marketing, déjà interdit pour le tabac classique, les marques ont donc voulu séduire les adolescents. C’est sans compter aujourd’hui la volonté des États de réduire l’accès à ce loisir nuisible. Les États-Unis ont effectivement légiféré pour interdire les goûts différents du tabac. Exit donc les goûts cola, fraise ou encore melon qui peuvent vite séduire un ado qui veut s’essayer à ce plaisir fumeux ! L’Inde, quant à elle, va encore plus loin et a interdit depuis septembre tout bonnement l’utilisation de la cigarette électronique. Est-ce toutefois lié au fait que l’Inde soit un des plus gros producteurs de tabac ? Ce n’est pas l’objet de cet article…

En France, le succès du vapotage est certain et surfe même sur le côté chicha, le do-it-yourself et le côté high-tech. Juul est effectivement une marque californienne qui commercialise des cigarettes qui ont la forme d’une clé USB. Et d’autres fabricants jouent sur l’aspect cracheur de nuages pour rameuter les amateurs de la chicha… Le cercle est vertueux comme vous pouvez le constater… Rappelons au passage que les adolescents qui fument des cigarettes électroniques sont plus susceptibles de devenir des consommateurs de tabac par la suite, avec des conséquences dramatiques sur leur santé.

Le tabac, cet incontournable de la vie de l’adolescent ?

Malgré les attraits marketing des deux premiers ennemis de la santé des ados cités plus haut, la disparition du marketing et l’augmentation des prix du tabac, les adolescents continuent de fumer la cigarette classique… En effet, selon le CNCT, le comité national contre le tabagisme, le tabac demeure la première drogue consommée par les jeunes Français : 26,3 % des jeunes de 15 ans sont des fumeurs réguliers. Ce pourcentage place notre pays au 18e rang européen (sur 27), avec un tabagisme chez les jeunes plus élevé qu’en Grèce, au Portugal ou en Pologne. L’adolescence est un âge où l’on débute l’ingestion de substances psychoactives. Et cette tendance touche autant les filles que les garçons contrairement aux autres drogues et à l’alcool…

D’après de nombreuses études, les comportements de consommation apparaissent instables au cours de l’adolescence. Toutefois les facteurs les plus prédictifs des comportements tabagiques à la fin de l’adolescence sont la consommation antérieure et la précocité de son début. D’autres facteurs interviennent bien évidemment comme la curiosité, la pression des pairs, la volonté de s’affirmer ou encore l’esprit de rébellion. L’ensemble de ces composantes contribuent à l’expérimentation du tabac… Tout comme la consommation des parents est un facteur hautement incitatif pour que les adolescents passent à l’acte.

Geoffroy Framery

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