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Vivre un an au Brésil à 16 ans

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Partir très loin, longtemps, toute seule, en étant une ado ! Impossible n’est pas Solane, aujourd’hui 17 ans, partie un an avec AFS. Retour d’expérience à peine atterri en France.

Alors âgée de 16 ans et sortant d’une année de seconde, Solane décide de partir à l’étranger. « J’ai toujours voulu voyager. Mon lycée recevait le salon du séjour à l’étranger. Je m’y suis rendue avec ma mère. L’organisme AFS m’a plu car l’association fonctionnait sur la base du volontariat. »

Une fois les parents convaincus, visiblement tâche peu ardue selon l’adolescente, cette dernière se rend à un rythme mensuel aux réunions avec d’autres futurs candidats à l’étranger de la région Rhône-Alpes dont elle est originaire. « Toutes les rencontres sont organisées pour nous préparer au mieux pour le départ et le séjour. Chaque exercice, chaque jeu nous permet de tirer un enseignement, une leçon avant de partir. Je me souviens encore de l’un d’eux. C’était une liste de 30 choses à faire. La première consigne nous disait de lire jusqu’au bout. L’avant-dernière exigeait de nous de ne rien faire et de croiser les bras… Une manière d’apprendre à ne pas se précipiter et à bien se renseigner », précise Solane. Au total, l’adolescente aura réalisé 11 mois de réunion du mois d’août, mois de la décision de partir, jusqu’au mois de juillet de l’année suivante. Reste la destination à choisir : le Brésil, la République Dominicaine et la Chine sont ses choix de prédilection. « Je voue une passion à la culture et aux langues latines. J’ai plutôt un bon niveau en espagnol donc je voulais partir apprendre le portugais. »

Acculturation et nouvelles habitudes

Suivent le trajet en avion, une escale à Sao Polo où le personnel de l’AFS prend l’enfant en charge pour assurer son transit, puis l’arrivée à Vittoria da Conquista, principale ville à proximité d’une plus modeste qui sera son lieu de vie pour une année, Panalto, 25 000 habitants.

« La famille est venue me chercher à l’aéroport. Au départ je ne comprenais rien mais j’ai fait preuve de patience. On m’a rapidement expliqué les règles de la maison et je pense que le fait de ne pas hésiter à dire que l’on ne comprend rien permet de plus vite s’intégrer car les gens répètent davantage ou utilisent d’autres moyens pour se faire comprendre et montrent également plus de bienveillance », note Solane.

La suite des aventures ? Un an de vie au Brésil au rythme du pays, de sa culture et de son mode de vie. « J’ai été traité comme une adolescente brésilienne à part entière. J’étais scolarisée au lycée le matin, le midi je rentrais déjeuner avec la famille. L’après-midi je faisais du sport (du pilate) avec ma sœur d’accueil, je sortais voir mes amis ou je faisais mes devoirs », décrit l’adolescente polyglotte qui nous raconte ensuite sa journée type.

Le quotidien classique

6 h 30 : heure du lever et petit déjeuner fait de café – tous les Brésiliens boivent du café nous assure Solane – de pain-beurre et parfois de biscuits.

7 h 15 : départ pour l’école à pied en prenant en cours de route un condisciple de classe.

-7 h 30/10 heures : plusieurs cours s’enchaînent à raison de 50 minutes la séance, en portugais, bien évidemment. « La compréhension est venue au bout d’un mois ; au bout de deux mois, je commençais à vraiment communiquer ; au bout de quatre, je comprenais et je parlais très bien la langue », se remémore l’ado.

-10 heures : c’est l’heure de la pause que l’on nomme « intervalle » là-bas. On nous sert une vraie collation avec des pâtes aux légumes, de la soupe, du chocolat chaud, du riz…

-12 heures : fin des cours et direction bien souvent chez sa « sœur d’accueil » qui la reçoit souvent pour déjeuner. « Tous les plats étaient accompagnés de haricots rouges et de riz, c’est équivalent du pain là-bas. Au-delà d’une culture différente, je n’ai pas souffert de solitude car j’ai été très bien entourée (Solane a été accueillie par une femme de 55 ans, mère deux filles situées toutes deux dans la même ville, âgées de 35 et 29 ans : ses sœurs d’accueil, NDLR). Je suis restée toute l’année sans qu’aucun proche ne vienne me voir. Et je ne suis pas non plus retournée en France. Les réseaux sociaux ont été très utiles pour garder le contact. Pour mes loisirs, mes parents ont créé un compte en banque sur lequel ils me versaient 50 euros par mois ce qui équivalait à 190 reals. Bien assez pour mes loisirs », souligne Solane. L’adolescente parle avec confiance et analyse les choses avec recul à l’aune de son retour : « Il n’y a pas vraiment de point négatif. L’adaptation est un peu dure au départ mais j’ai vécu une autre vie pendant un an et je me suis prouvé que je pouvais m’adapter à un nouveau pays et à de nouvelles personnes. Cette expérience unique n’est pas pour moi une année de retard », conclut l’adolescente, bien décidée à repartir de plus belle.

Geoffroy Framery

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