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L’actualité autour du harcèlement sexuel génère beaucoup d’inquiétude chez les adolescents. Pour les rassurer et en même temps leur donner de bons repères, voici quelques pistes à suivre.
1- Aborder la question dès le plus jeune âge
La question de la sexualité et du harcèlement sexuel ne doit pas être abordée uniquement quand des affaires comme Weinstein éclatent. Il est important d’en parler dès le plus jeune âge, dès la maternelle. « Il faut parler de la non-violence, de l’égalité entre les filles et les garçons et de la non-discrimination. Leur apprendre le respect du non-consentement, leurs droits (convention internationale des droits de l’enfant), à connaître leur corps et les parties qui sont intimes, à pouvoir identifier et nommer les violences qu’ils subissent ou dont ils sont témoins, à être solidaires des victimes et à savoir comment les protéger et les soutenir », conseille la psychiatre Muriel Salmona. « Il est important également de les protéger des comportements sexistes et d’images ou vidéos pornographiques », ajoute-t-elle. De son côté, le psychiatre et praticien dans le service de psychiatrie enfantine à l’hôpital de Cergy-Pontoise, Stéphane Clerget, estime qu’il faut aussi « bien appuyer ses propos, en se référant à la loi et dire aux enfants les risques qu’ils encourent à harceler quelqu’un ». « Mais en même temps, il est fondamental que l’enfant comprenne que les lois sont aussi faites pour les protéger », précise le spécialiste. In fine, il est préférable qu’à l’adolescence, les garçons aient des conversations avec leur père et les filles avec leur mère car ils se sentiront mieux avec quelqu’un qui vit dans un corps du même sexe que le leur.
2- Eduquer garçons et filles dans le respect mutuel
Mais définir les interdits n’est pas suffisant. Il faut éduquer nos garçons et filles dans le respect mutuel. Et là, la question est « plus subtile », note le Dr. Stéphane Clerget. Selon lui, « la meilleure chose est de donner l’exemple à l’enfant ». Il faut donc être vigilant sur notre manière de se conduire avec les hommes et les femmes. « Et surtout, ne pas hésiter à pointer du doigt les mauvaises conduites des autres comme les propos sexistes. Il est aussi possible de commenter des publicités ou des passages de films malveillants. De ce fait, l’enfant va intégrer l’importance du respect de l’autre », ajoute le spécialiste de l’adolescence.
3- Savoir se défendre
Il faut bien sûr apprendre aux filles à se défendre, mais pas forcément physiquement. Le plus important, c’est qu’elles sachent se défendre verbalement. « Cela ne veut pas dire qu’elles doivent insulter leur harceleur, mais plutôt le menacer en disant qu’elles vont porter plainte », conseille le Dr. Stéphane Clerget, auteur du livre Comment te faire respecter (Ed. Limonade). En outre, elles doivent être encouragées à manifester leur désaccord plus clairement et plus fermement.
4- Plaire tout en se respectant et en respectant l’autre
On interpelle encore trop souvent les filles sur leurs vêtements, en leur reprochant d’avoir bien cherché leurs harceleurs ou agresseurs… Par peur qu’il arrive quelque chose à leurs enfants, les parents font donc parfois des remarques sur leur style vestimentaire ou leur maquillage. Mais ces propos peuvent être blessants. Comment apprendre aux filles à se respecter, sans les blesser ? Selon le Dr. Stéphane Clerget, « il n’y a pas besoin de dire les choses de manière directe ». A l’adolescence, les filles veulent séduire et parfois, elles s’emmêlent les pinceaux, en pensant qu’être une femme fatale les aiderait à conquérir le cœur du sexe opposé. Dans ce cas, il faut expliquer à sa fille pourquoi telle tenue ou tel comportement ne sont pas appropriés et dire que leur désir de plaire peut être mal interprété. Pour les plus jeunes, âgées de 11 ans, qui veulent commencer à se maquiller, il faut expliquer qu’elles peuvent être prises pour plus âgées. « Elles doivent être informées sur les risques et conséquences que ça peut impliquer. C’est-à-dire qu’un jeune homme de 17 ans peut penser qu’elles en ont 15 et les solliciter pour avoir par exemple une relation sexuelle », prévient le Dr. Stéphane Clerget.
Il ne faut pas oublier les garçons qui peuvent aussi être impactés par ces affaires du harcèlement sexuel, dont parlent les médias sans arrêt. En effet, ils peuvent se sentir visés et/ou avoir peur d’approcher les filles par crainte de se faire mal comprendre par elles. « Il faut donc leur expliquer que le désir sexuel n’est pas interdit mais qu’il faut s’exprimer avec courtoisie avec le sexe opposé. Ils doivent comprendre la notion de consentement, pas seulement pour des relations sexuelles, mais aussi pour un premier baiser. Pour ce dernier, il doit demander la permission à la fille », précise le Dr. Stéphane Clerget, ajoutant que « cette règle concerne également les filles ».
Anna Ashkova