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Association pour la protection de la faune et la flore « Sensibiliser n’est pas jouer »

Temps de lecture estimé : 3 minutes

La faune ne s’envisage pas sans la flore. Et nos enfants seront certainement meilleurs que nous pour agir en faveur des écosystèmes. Passage en revue des actions et campagnes de sensibilisation.

De l’art de sensibiliser

Le sujet de la biodiversité et sa protection ont longtemps été étiquetées comme un sujet de spécialistes. Aujourd’hui, le sujet est devenu grand public. Une prise de conscience rendue possible grâce aux associations et ONG qui recourent ainsi aux média, au grand écran, aux actions choc avec le professionnalisme des experts en communication. Bien qu’un des vecteurs essentiels de la sensibilisation du grand public à la question de la nature reste l’éducation et la formation à l’environnement, il n’en demeure que la mise en scène et la créativité des associations influencent indéniablement et positivement l’opinion. Tout le monde se souvient de la campagne de la SPA contre la torture infligée aux animaux via trois entrées: les laboratoires d’expérimentation, la corrida et les abattoirs. Qui n’a pas non plus en tête la campagne de la SPA montrant un chien abandonné sauver son maitre d’un accident de voiture? Idem avec la campagne d’affichage de la WWF montrant un pélican de profil dont la gorge est déformée par une bouteille en plastique. Côté biodiversité, le collectif artistique belge Captain Boomer a frappé fort l’été dernier avec sa maquette réaliste de cachalot mâle échoué sur les quais de Seine. Les membres du collectif ont poussé le supercherie jusqu’à se déguiser en scientifiques, tout en propulsant sur la maquette une solution rappelant l’odeur du poisson en état de putréfaction, et en évoquant que l’animal se serait perdu jusque dans les méandres de la Seine en raison d’expériences militaires qui auraient impact son sens de l’ouïe.

De l’art d’agir

Côté protection de l’environnement, les initiatives pleuvent également sur le territoire en dépit de l’aggravation de la qualité de l’air dans les métropoles urbaines et l’apparition ces dernières années de nouvelles formes de dégradation : pollution sonore, pollution visuelle, pollutions des ondes magnétiques. Par exemple, le World Clean Up Day, prévu pour le 15 septembre prochain souhaite nettoyer la planète en un jour en motivant chaque citoyen et chaque entreprise dans de nombreux pays. (cf encadré). Dans la même veine, le défi 2018 lancé par l’association Zero Waste consiste à ne rien acheter de neuf pendant un an. Rappelons qu’en France, chaque personne produit environ 600 kg de déchets par an. En plus d’utiliser des métaux rares et d’exploiter une main d’œuvre souvent mineure, la production d’un seul Smartphone génère 70 kg de déchets. La fabrication d’un pantalon jean requiert 32 kg de matières premières et 8 000 litres d’eau. Pour ne rien acheter de neuf, il faut se tourner vers des modes différents de consommation : l’occasion, la location, le prêt ou encore la mutualisation. 4 000 personnes sont déjà inscrites au Défi Zero Waste France.
Des initiatives , qui, espérons-le, ferons boule de neige à l’heure où plus de 500 experts du monde entier ont lancé un avertissement historique sur le déclin de la biodiversité dans le monde (en mars dernier). Dans le cadre de ces différents rapports, l’Europe est pointé du doigt car ses habitants consomment plus de ressources naturelles que le territoire n’en produit…

Quand la nature peut enfin reprendre ses droits

« Les rapports prédisaient il y a peu qu’une personne sur sept serait réfugiée climatique en 2080 »

Le fleuve Whanganui, en Nouvelle-Zélande, est reconnu comme une entité vivante depuis le 15 mars 2017. Idem en Inde qui a classé le Gange et son affluant la Yamuna, ainsi que des lacs, forêts et glaciers de l’Himalaya, comme “personnalités juridiques”. Au départ, c’est l’Equateur qui pose le premier les nouveaux jalons en 2008, reconnaissant les droits de la nature dans sa constitution. Puis, en 2009, la Bolivie avait voté une loi sur les droits de la Terre-mère.  « Les rapports prédisaient il y a peu qu’une personne sur sept serait réfugiée climatique en 2080. Ils atteignent désormais une sur cinq en 2050 ! Les règles biologiques rattrapent les règles de l’humanité », observe Valérie Cabanes, juriste, cofondatrice de l’ONG Notre affaire à tous. La protection de la biodiversité face à la pression humaine, évoquée dès la conférence de Rio en 1992, est clairement en échec. Or, les peuples autochtones sont donnés en exemple en raison de leurs traditions fondées sur les « liens spéciaux » qu’ils entretiennent avec les ressources biologiques. Sous la pression des sociétés civiles, des juges prennent donc leur courage à deux mains et décident qu’il est temps que chaque pays prenne ses responsabilités et trouve des parades face à la pollution et aux activités industrielles dangereuses. « La reconnaissance de ce statut offre un arsenal juridique nouveau, permettant à des citoyens de saisir la justice, au nom de ces entités naturelles », décrit Marie-Angèle Hermitte, ancienne directrice de recherche au CNRS, pionnière du droit du vivant et du droit de l’environnement. Sur 2017 une trentaine de procès utilisant la constitution sont en cours en Equateur. « Même aux Etats-Unis des municipalités ont reconnu les droits de la nature dans leur législation locale, afin de pouvoir bloquer des projets de fracturation hydraulique en amont, sans qu’il y ait besoin de rechercher des victimes directes », illustre Valérie Cabanes qui milite pour la reconnaissance du crime d’écocide. Ainsi en France, la nature est essentiellement envisagée comme une entité dans le cas des grandes catastrophes écologiques – marées noires ou accidents industriels.

Geoffroy Framery

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