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Multiplication des dons, les techniques nouvelles

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Donner n’a jamais été si simple !

L’automne, saison d’appel aux dons. Mais il existe deux façons innovantes de donner pour huiler la mécanique associative. Explications.

Selon l’enquête lancée le 20 mars par le Mouvement associatif, en lien avec le Réseau national des maisons des associations et conduite par Recherches et Solidarités, 70 % des associations ont dû suspendre leurs activités habituelles (hors cas des associations mobilisées sur les activités de première nécessité). Plus de 40 % indiquent prévoir à 6 mois une perte de revenus d’activité significative et des difficultés de trésorerie liées à des reports d’activités ou de financement. Les inquiétudes sur le maintien des partenariats financiers, publics ou privés, se révèlent fortes.

Malgré ce coup d’arrêt, les associations continuent d’agir pour la cohésion sociale. Elles trouvent des solutions pour maintenir le lien social et pallier le risque d’isolement auquel tout individu risque d’être confronté en pareille époque : 80 % d’entre elles ont maintenu et continuent à maintenir des liens à distance avec leurs bénévoles dans un esprit de solidarité et elles sont nombreuses à rester en contact avec les bénéficiaires de leurs actions. Voici quelques façons de les soutenir.

Côté association : comment transformer sa dette en don

Comme de nombreux autres secteurs du monde privé, les associatifs souffrent du contexte actuel et des contraintes qui limitent la mobilité et le droit de se réunir pour contenir l’épidémie. De nouveaux dispositifs légaux sont désormais mis à disposition des associations pour transformer les prestations payées mais non consommées en don déductible d’un point de vue fiscal. Un exemple. Agathe a souscrit à une année de pratique sportive dans le cadre d’une association sportive. Les mois de confinement l’ont empêchée d’en profiter. L’idée pour les associations est alors de calculer le prorata de la cotisation en fonction des mois sans pratique sportive et du total de mois d’une année associative (généralement 10 mois). Ce calcul fait, ces prestations « non consommées » doivent répondre à trois critères pour être converties en dons. Premier critère incontournable : l’association doit d’abord exercer à titre principal une ou plusieurs activités d’intérêt général – au sens de l’article 200 du Code général des impôts : philanthropique, éducatif, scientifique, social, humanitaire, sportif, familial, culturel ou concourant à la mise en valeur du patrimoine artistique, à la défense de l’environnement ou à la diffusion de la culture, de la langue et des connaissances scientifiques françaises. Seconde condition, celle du choix délibéré du donateur qui doit déclarer son acceptation. En d’autres termes, l’association ne peut imposer cette décision et doit au contraire s’assurer qu’Agathe rédige un courrier qui exprime son renoncement au remboursement des mois sans prestations à cause de l’épidémie et de la conversion de cette dette en don pour telle association. Enfin, le don sera calculé à partir de la quote-part des prestations non délivrées et ne pourra en aucun cas dépasser ce calcul. Si et seulement si ces trois conditions sont réunies, l’association va alors, avec le souci de conserver ce changement de statut au regard de la banque, transformer sa dette en dons.

Côté particulier : un don à partir des intérêts de son LDDS

Le gouvernement souhaite vitaliser le financement de l’économie sociale et solidaire en sollicitant l’épargne des Français·es. Les détenteurs d’un Livret de développement durable et solidaire (LDDS) vont pouvoir, depuis le jeudi 1er octobre, ordonner un don à partir de ce produit d’épargne au profit des associations de l’économie sociale et solidaire (ESS) ou à un organisme de financement solidaire. Cette nouvelle mesure concerne 24 millions de détenteurs d’un LDDS, selon les chiffres de la Banque de France.

Autres moyens :

• Vendre et reverser à des associations : toujours dans le cadre de l’ESS, le site C’est bon esprit (cestbonesprit.fr) offre de vendre des objets en précisant de verser tout ou partie du montant de la vente à une association.

• Le don indolore : l’arrondissement du panier d’achat en ligne. La solution est proposée soit en physique dans les magasins, soit sur les sites marchands en ligne. L’e-commerce est en plein boom et la possibilité de réaliser des microdons au moment d’acheter en ligne est d’une simplicité indiscutable : le site vous propose d’arrondir le montant de votre panier à la dizaine supérieure, voire au nombre entier supérieur et de reverser la différence à une association. L’association bénéficiaire de ce microdon est choisie par le e-commercçant. Entre autres, si Écolo Crèche est soutenue par le réseau d’enseigne Nature et Découvertes, Action contre la faim reçoit des microdons de la plateforme AlloResto. Selon France Générosités, les moins de 35 ans font davantage de petits dons par rapport à la moyenne des donateurs grâce à la multiplication des procédés numériques avec comme figure de proue le don par SMS. Le don moyen en ligne est estimé aujourd’hui à 103 euros par France Générosités !

• Reverser tout ou partie de sa cagnotte à une cause : le recours aux solutions de cagnottes en ligne, avec notamment Leetchi devenu MangoPay est devenue monnaie courant à l’occasion d’un cadeau commun. Dans le cadre d’un pot de départ, d’un anniversaire, de n’importe quelle fête, rien ne vous empêche de passer par ces plates-formes et de verser, via la catégorie solidarité, une partie ou la totalité du montant de la cagnotte.

La plate-forme jeveuxaider.gouv.fr pour faire un don et se porter volontaire

La solidarité numérique ne semble pas un vain mot. Mis en ligne en plein confinement, le site jeveuxaider assure la réalisation d’un don financier, la mise en relation de volontaires avec des associations en vue de « garantir la continuité des activités vitales pour les plus précaires ». Plus précisément, cette plate-forme donne le moyen aux structures que sont les associations, les Centres communaux d’action sociale (CCAS), les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), les collectivités, les opérateurs publics, etc. de faire état de leurs besoins de renforts autour de six missions vitales : l’aide alimentaire et d’urgence, la garde exceptionnelle d’enfants de soignants ou d’une structure de l’Aide sociale à l’enfance, les liens (téléphonique, visio, mail, etc.) avec les personnes fragiles isolées (personnes âgées, malades ou en situation de handicap), la solidarité de proximité (courses pour l’achat de produits essentiels pour les voisins fragiles, isolés, handicapés), le soutien scolaire à distance (aider les élèves à faire leurs devoirs), la fabrication et la distribution d’équipements de protection grand public (participer à la confection d’équipements de protection grand public ou à leur distribution). En outre, un kit téléchargeable, réalisé par l’association Voisins solidaires, est l’occasion pour chacun·e de devenir acteur·rice d’une solidarité de proximité, à l’échelle de son immeuble par exemple, tout en respectant scrupuleusement les consignes sanitaires en vigueur.

Les start-up au secours des associations

Lokaléro, une start-up parisienne, soutient des associations locales frappées par la crise sanitaire, a mis en place un dispositif facile de dons. La jeune pousse a créé un système de boîte à don électronique destinée aux associations locales qui fonctionne avec smartphones et QR Code. Des affiches munies de QR code correspondent à des boîtes à dons « chartées » aux couleurs des associations locales, disponibles chez les commerçants. En flashant le code, à partir de l’appareil photo d’un smartphone, les chalands donnent de deux à cinquante euros. Cette façon astucieuse de coupler le physique et le numérique multiplie les nouveaux dons, encouragent les solidarités locales sans dispositifs lourds et contraignants. Un pilote de ce projet est aujourd’hui déployé dans le département de la Vienne (86) et concerne des associations d’insertion, de parents d’enfants, un écomusée…

Jean Bacouet

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