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Autoritaire, permissif, désengagé… ou rien de tout ça, ou tout à la fois
Une psychologue du développement des années 1960, Diana Baumrind, a mis au jour des « styles parentaux ». Ils sont toujours reconnus. Saviez-vous que vous correspondez (très probablement) à l’un d’eux ? Reste à savoir lequel…
Les styles parentaux se définissent selon le degré d’encadrement et les exigences du parent. Ils dépendent aussi du type de chaleur, d’attention et d’affection offert à l’enfant.
1. Les autoritaires
Les parents autoritaires accordent une grande importance au respect de la discipline. Stricts et peu flexibles, ils ne négocient presque pas avec leur enfant. Ils attendent de lui une obéissance aveugle. La communication se fait alors à sens unique, du parent à l’enfant. Ils n’expliquent pas souvent les règles et les punitions sont courantes. Les parents autoritaires ont tendance à se montrer moins attentionnés tout en nourrissant de grandes attentes à l’égard de leur enfant. L’actualité nous sert un tel cas sur les plateaux de télé : le drame de l’affaire Troadec où une famille fut massacrée pour de supposés « lingots d’or ». « Aujourd’hui âgé de douze ans, le fils de Hubert Caouissin et Lydie Troadec est un garçon très curieux. Son importante culture générale, il le dit, c’est grâce à son père. Lorsqu’il évoque ses parents, c’est toujours sous le prisme de la réussite, note l’administratrice. Le garçon reste encore très marqué par l’éducation qu’il a reçue. Notamment par leur exigence pour les devoirs qu’il vivait comme “une organisation militaire”, analyse l’administrateur ad hoc. Aujourd’hui, l’enfant prend du recul : “Bon élève, il s’autorise à ne pas être aussi parfait que le souhaitait son père”, souligne-t-il encore. » (compte rendu d’Ouest France).
• Si vous vous reconnaissez dans ce comportement, essayez de restaurer l’écoute de votre enfant et manifestez plus souvent votre affection. Adaptez vos exigences à son âge. Pensez à lui expliquer clairement les règles que vous instaurez ainsi que leurs raisons.
Ce style parental risque de devenir source d’anxiété pour votre enfant. En grandissant, il ou elle risque de développer une mauvaise estime de lui·elle-même. Ses aptitudes sociales seront aussi affectées : il ou elle aura tendance à se laisser faire par les autres.
2. Les permissifs
Les parents permissifs ou indulgents sont l’exact opposé des autoritaires. Ils laissent leurs enfants faire ce qu’ils veulent et leur donnent peu de conseils ni de directives. Ils ne fixent pas (ou presque pas) de règles. Les parents permissifs laissent leur enfant résoudre ses problèmes et décider par lui-même. Leurs attentes sont minimes ou non fixées. Leur comportement se rapproche plus de celui d’un ami que celui d’un parent. Ils sont indulgents, attentionnés et chaleureux avec leur enfant.
Fille ou garçon doit bien sûr être aimé·e, et les permissifs savent répondre à ce besoin. Mais l’enfant doit aussi être encadré·e : il ou elle risque de se sentir stressé·e et désemparé·e face à une trop grande liberté. Ou devenir un enfant tyran. Le style permissif favorise l’égocentrique. Les relations avec les autres se révèlent problématiques car le petit ou la petite gâté·e veut décider de tout. Son entourage a alors tendance à le considérer comme immature.
• Si vous vous trouvez trop indulgent avec votre enfant, vous faites probablement partie du groupe des permissifs. Essayez davantage de fermeté, fixez des limites. La célèbre série télé Super Nanny diffusée sur TFX est sur ce pont éloquente : il n’est pas impossible qu’il vous soit difficile de changer si vite de comportement. (Re) voyez ces émissions pleines de bon sens. Réencadré·e, l’enfant se sentira plus en sécurité et ne souffrira pas si vos exigences respectent ses besoins. Adoptez avec lui ou elle le rôle d’un entraîneur plutôt que celui d’un ami.
3. Les désengagés
Les parents désengagés accordent beaucoup de liberté à leur enfant. Ils n’interviennent pas souvent dans sa vie privée. Aucune règle n’est adoptée : un parent non impliqué laisse son enfant faire ce qu’il veut, probablement par manque d’information ou de sollicitude. Au sein de la famille, la communication est limitée. Ce genre de parents n’a pas beaucoup d’attentes envers son enfant (voire aucune). Il semble froid et passif. Certaines personnes adoptent ce style parental car elles ne savent pas comment élever leur enfant ou sont peu intéressées par l’éducation. Dans d’autres cas, elles choisissent volontairement de ne pas s’impliquer.
• Si vous vous reconnaissez dans ce profil, pensez à demander de l’aide à votre entourage. Essayez de régler vos soucis personnels pour vous occuper de votre enfant. Il faut parfois accepter l’idée de le confier à des personnes plus aptes à prendre soin de lui en attendant de l’être vous-même.
Une telle éducation s’avère néfaste pour une jeune personne. L’enfant risque de développer des pathologies ou même accuser des retards de développement. Il ou elle pourrait adopter un comportement impulsif et montrer des signes de délinquance en grandissant.
4. Les démocratiques
Les parents dits « démocratiques » sont raisonnables et attentionnés. Compréhensifs, ils valorisent l’indépendance, ils prennent soin de leur enfant tout en l’encourageant à prendre des initiatives. Les enfants dont les parents adoptent ce style ont alors tendance à s’autodiscipliner et à penser par eux-mêmes. Entre les membres de la famille, la communication est fréquente et adaptée au degré de compréhension de l’enfant qui exprime son avis. Les parents avouent de grandes attentes mais ils les exposent avec clarté. Ils fixent aussi des règles disciplinaires et expliquent leurs raisons. Dans le groupe des démocratiques, les parents cherchent l’équilibre entre chaleur, affection et encadrement clair. Ce style parental serait le plus bénéfique pour un enfant. Selon des études, un tel environnement familial diminue les risques de délinquance et d’anxiété chez un enfant. En grandissant, il aura une meilleure estime de lui·elle-même et de bonnes capacités sociales.
• Si le style des démocratiques correspond à vos pratiques, poursuivez-les. Sinon, visez à l’adopter. Continuez à chercher cet équilibre entre relation chaleureuse et encadrement clair au quotidien. N’hésitez pas à parler avec votre entourage si vous ne trouvez pas cette balance dans certaines situations rencontrées avec votre enfant.
Et vous, quel est votre style ?
Correspondre à un unique style parental est rare. En général, nous élevons nos enfants en combinant plusieurs modes d’éducation. Considérez les quatre styles présentés comme un ensemble homogène, un continuum, plutôt que comme quatre façons distinctes d’être parent. Nous devons adapter notre attitude aux attentes de notre enfant à chaque instant. Par exemple, même si vous n’adoptez pas souvent un style autoritaire, vous avez sûrement connu des situations dans lesquelles un tel comportement s’est montré nécessaire. Vous connaissez peut-être un parent autoritaire qui se montre attentionné, contrairement à la description donnée.
Dans certaines familles, les deux parents n’ont pas la même approche. Leurs styles se révèlent parfois complémentaires, ou non. Il faut alors rester ouvert aux compromis et parler des éventuelles tensions familiales loin de l’enfant. Le plus important est de trouver un accord sur les règles de la vie quotidienne.
Marie Bernard