Temps de lecture estimé : 4 minutes

À l’approche de la rentrée scolaire, le mouvement Unapei – Union nationale des associations de parents d’enfants inadaptés – veut attirer l’attention du gouvernement et des pouvoirs publics sur la situation de la scolarisation des enfants handicapés.

Des millions de petits vont reprendre le chemin de l’école, d’autres devront se contenter d’être scolarisés uniquement le mardi matin et le jeudi après-midi. Certains seront scolarisés dans une classe inadaptée à leurs capacités ou bien se verront simplement privés de toute scolarisation. Des situations inacceptables qui existent et perdurent pourtant en France. Pour des milliers d’élèves et leurs familles, ces aberrations sont en effet des réalités quotidiennes. Pourquoi ? Parce que ces élèves sont en situation de handicap et que la société continue de les exclure et de bafouer leur droit à l’éducation. Malgré les engagements réitérés des pouvoirs publics, la prochaine rentrée ne sera donc pas différente des autres.

Agir contre l’isolement et l’exclusion sociale

Pour rendre visibles ces enfants et leurs familles et dénoncer le scandale de leur scolarisation, l’Unapei et ses partenaires relancent, pour la quatrième année consécutive, la campagne #Jaipasecole et la plate-forme www.marentree.org. Principal mouvement associatif français, l’Unapei regroupe depuis plus de 60 ans 330 associations animées par des bénévoles, des parents et des amis de personnes handicapées. Enfants, parents, professionnels, les militants de l’Unapei sont les principaux initiateurs des actions solidaires et des accompagnements médico-sociaux qui existent aujourd’hui dans l’hexagone pour les personnes en situation de handicap intellectuel, autistes, polyhandicapées et porteuses de handicap psychique.

L’exclusion ne s’arrête pas au jour de la
rentrée, mais perdure pendant toute l’année scolaire et même au-delà de leur enfance.

Le mouvement construit des solutions d’accompagnement évolutives et adaptées à chaque étape de la vie des personnes handicapées, de la naissance à la fin de vie. « Il ne faudra plus aucun enfant handicapé sans solution de scolarisation à la rentrée de septembre », avait déclaré en 2020 Emmanuel Macron.

Si durant son premier quinquennat des dispositifs ont été mis en place en ce sens, les résultats semblent maigres. « Le gouvernent a compris qu’il fallait agir. De nombreux dispositifs ont été créés et déployés en France mais on s’aperçoit qu’il reste encore beaucoup d’enfants déscolarisés ou mal scolarisés », se désole Sonia Ahehehinnou, vice- présidente Unapei. « Les moyens développés ne sont pas en adéquation avec le parcours de scolarisation des enfants handicapés.

Il faut établir un diagnostic global des dispositifs mis en place pour les améliorer, travailler sur les besoins et les capacités des élèves, sur l’environnement dans lequel ils peuvent et doivent évoluer, sur la formation des enseignants et du personnel médico-social. Chaque enfant doit être scolarisé correctement pour construire normalement son avenir. »

Faire entendre des réalités trop souvent tues

Or aujourd’hui, la réalité est tout autre… « Ma fille de 8 ans ne peut pas aller à l’école car le temps d’AESH (accompagnant d’élève en situation de handicap) est insuffisant. Le plus compliqué pour nous est le temps de la pause méridienne et la mauvaise nouvelle est que l’AESH n’accompagnera plus nos enfants sur ce temps-là. L’école refuse de prendre en charge ma fille à la cantine sans aide humaine. Je ne peux donc pas reprendre le travail en septembre, c’était pourtant mon projet. Ça fait maintenant trois ans que je ne travaille plus pour gérer les accompagnements de ma fille aux prises en charge, en ergothérapie, psychomotricité et orthophonie. J’ai sollicité la mairie, mais à ce jour, aucune nouvelle… », explique Fanny.

Chaque enfant doit être scolarisé
correctement pour pouvoir construire
normalement son avenir.

Même son de cloche du côté des parents de Thomas, âgé de 16 ans : « Depuis la connaissance de son handicap, un autisme profond, aucune structure n’a accepté d’intégrer Thomas par manque de place ! Il est suivi un jour et demi par semaine dans une association privée créée par des parents soucieux de faire quelque chose à 100 km de chez lui. » « Après cinq ans de galère de scolarisation dans des classes Ulis avec des accompagnantes pas formées et surtout des enseignants réfractaires sans la moindre connaissance de l’autisme, le retard pris par notre fils est tel que nous nous sommes résolus à demander une orientation IME. Seulement, les lignes de financement du handicap ont changé en raison de la sacro-sainte “inclusion pour tous” : les listes d’attente dans ces établissements sont abyssales. Dans le secteur des Hauts- de-Seine où nous étions, 300 enfants en liste d’attente dont 80 avec des dossiers de plan d’accompagnement global pour 4 établissements. Temps d’attente moyen 3 à 5 ans », dénoncent les parents d’Andrés.

Manque d’enseignants et de places, des enfants accueillis à l’école seulement quelques heures par semaine, des enfants scolarisés dans une école qui ne correspond ni à leur âge, ni à leurs acquis, ni à leurs capacités… Autant de situations qui perdurent et nuisent au développement des enfants et à l’équilibre de leurs familles. Pour faire entendre ces réalités trop souvent tues, l’Unapei se veut porte- parole de ceux que la société abandonne au bord du chemin. Enfants, parents, professionnels… Depuis le 1er juillet, l’Union invite tout le monde à témoigner sur sa plate-forme www. marentree.org pour faire part de la réalité et de l’injustice.

Chacun des témoignages recueillis aidera à identifier la réalité quotidienne des enfants, leurs besoins individuels et ceux de leurs familles, mais surtout, de dénoncer les manquements de notre pays. « Tout ceci sera porté auprès de l’Éducation nationale. Chaque association et chaque établissement médico-social auront aussi accès à ces données de témoignages, d’indicateurs et d’enquêtes pour les présenter ensuite à leurs interlocuteurs afin de les améliorer », explique Sonia Ahehehinnou. Aucune date butoir n’est fixée pour laisser son témoignage car, comme le précise la vice-présidente Unapei, « l’exclusion ne s’arrête pas au jour de la rentrée, mais perdure pendant toute l’année scolaire et même au-delà de leur enfance ! »

Anna Guiborat

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.