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Ni sentence du Ciel ni calamité naturelle : la pandémie est bien d’origine humaine.
Pour Trump, la maladie, la corona disease-19, ou covid, a « fuité » d’un laboratoire chinois. Pour Maduros le Vénézuélien, la covid est colombienne. Et pour tout le monde ou presque, ce sont les pangolins associés aux chauves-souris qui furent les porteurs de la calamité. Moyennant quoi, on continue à massacrer les uns et les autres, le pangolin pour ses écailles bien évidemment aphrodisiaques, la chauve-souris comme mets de choix sous d’autres latitudes.
Il serait temps quand même de répéter à tout un chacun, sur tous les tons, que la pandémie est « humaine » et n’a pour cause que l’humain. Que, d’une certaine manière, nous sommes tous à peu près les responsables de cette crise sanitaire – y compris en jetant nos masques, contaminés ou pas, n’importe où. Car si les innocents animaux ne sont que des vecteurs – des porteurs sains puisqu’ils ne souffrent pas du microbe –, c’est parce qu’ils sont soit exploités pour leur chair, soit parce qu’ils nous contaminent en se rapprochant de nos habitats. Et pourquoi s’approchent-ils ainsi, bien malgré eux, de ces bipèdes qui les massacrent et dont ils ont peur ? Mais parce que déforestation et urbanisation, deux processus 100 % humains et 100 % aberrants désormais, les privent de leur écosystème naturel…
Quand, en 2017, a resurgi l’Ébola de 1976, c’est pour cette raison directe, la proximité des chauves-souris privées de leurs forêts. La géographie se révèle imparable : le virus se densifie dans les zones d’Afrique centrale et de l’Ouest récemment saignées à blanc de leurs forêts. Il passe à l’être humain où il mute en agent pathogène mortel. Mais l’Afrique n’est pas seule en cause : l’Amérique du Nord n’est plus si great again à force de raser ses forêts du Nord-Est pour y développer ses villes. Principale victime animale de ces destructions, l’opposum. Mais que mange principalement le petit marsupial ? Des tiques. De quoi sont porteurs ces intéressants arachnides acariens ? de la maladie de Lyme. En expansion corrélée…
Pour identifier ces virus opportunistes et lutter contre leur développement, une agence américaine, l’USAID, pour le Développement international, chargée du développement économique et de l’assistance humanitaire dans le monde depuis… 1961, une création de John Kennedy, essaimait son personnel dans les pays en développement et créait des infrastructures pour lutter contre les maladies. Arrive Donald Trump qui estime l’Agence coûteuse et pour tout dire suspecte à ses yeux : pourquoi la grande nation irait-elle traquer la petite bête au bénéfice de populations non blanches et non blondes ? De surcroît, des accusations de corruption et d’espionnage – activités 100 % humaines – finissent par le persuader qu’il lui faut la supprimer, chose faite en 2019.
Mince ! Voilà l’humanité prise au piège de ses exactions, pollutions, destructions, manipulations, carnages. Maxima culpa. Inutile d’évoquer une sanction céleste. Il est bon parfois, de rappeler d’où vient le mal…
Olivier Magnan