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Éric Rohmer, 1996, parmi les centaines de films qu’inspirent le soleil et l’amour…
Il fut un temps où l’omerta s’appliquait : motus sur la sexualité. Taboue. Ça n’a pas empêché des générations entières de se débrouiller avec les moyens du bord. Après tout, quel animal a-t-il besoin d’une éducation sexuelle, et l’on connaît, pour s’en amuser, quelques mœurs de copulation chez les espèces… Chez l’espèce humaine, par on ne sait quel ukase venu de la nuit des temps religieux, l’acte prend l’allure d’un secret tu où les interdits s’en donnent… à cœur joie.
Je me souviens parfaitement de ce copain de 6e auquel je m’évertuais à décrire l’union du spermatozoïde et de l’ovule, savamment expliqué par mon père médecin. Ça ne l’intéressait pas. Il me répétait, « oui, mais comment, comment… ? » Et je m’apercevais alors que je n’en savais fichtre rien ! Aujourd’hui, des gamin·es de 6e (et avant) ont accès sans le moindre frein aux images explicites d’une pénétration du sexe de l’homme dans le vagin de la dame. Progrès ? Pas vraiment : ce sont souvent des images pornographiques qui leur sautent aux yeux, de la violence pure, des coïts mis en scène.
Or, comme le souligne notre collaboratrice psychologue clinicienne, entre 7 et 12 ans le cerveau de l’enfant est en état de latence : « La sexualité est un continent qui est totalement étranger à son monde interne. » C’est pour lui une « effraction véritable ». Et ce que nous révèle notre psy scolaire, c’est que ce choc touche un nombre effarant de collégien·nes. Moralité, si je peux écrire : protégez vos préados, même s’il n’existe pas de barrière hermétique. Parlez, écoutez, expliquez. Surtout le jour où il·elle souffre d’un premier chagrin d’amour. Cet été, soyez un peu maman-papa poule et surveillez tendrement votre tribu.
Olivier Magnan