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Sa présidente lance un appel à l’État et aux mécènes pour réunir 3 millions d’euros, suffisants pour une étude clinique définitive.

Assistera-t-on à une nouvelle polémique à la française, telle celle qui oppose l’hydroxychloroquine prônée par le professeur Didier Raoult aux aréopages de scientifiques arc-boutés sur le principe de précaution et au fond très peu convaincus par l’action bénéfique de l’antipaludéen ?

Une biotech nantaise, Xenothera, créée en 2014, lance des communiqués tous azimuts pour clamer qu’elle « pense détenir une clé thérapeutique pour les infections à coronavirus, aussi bien pour la pandémie actuelle que les futures infections ». Cette « panacée », dénommée XAV-19, « s’appuie sur une technologie unique de production d’anticorps brevetée, développée et éprouvée depuis plusieurs années » par la biotech.

Des arguments solides

Odile Duvaux, présidente de Xenothera

« Il est insoutenable de penser qu’aujourd’hui de nombreux patients décèdent faute de traitement efficace contre le virus. Le XAV-19 est un mix d’anticorps protecteurs équivalents à la réponse naturelle de l’homme. Ce mix neutralise le virus et l’empêche de se multiplier. Nous sommes persuadés que notre traitement sera efficace, pour des raisons médicales et scientifiques confirmées au niveau international », s’énerve Odile Duvaux, médecin et présidente de Xenothera.
Le traitement réputé efficace est au point, préparé depuis cinq ans. Ses inventeurs déploient leurs arguments :

  • Tout le monde s’accorde à reconnaître l’efficacité d’un traitement par anticorps anti-CoV, dit immunothérapie passive. Aujourd’hui, on envisage surtout d’utiliser des anticorps purifiés à partir de patients guéris. À condition, explique Xenothera, que l’on identifie les patients guéris, qu’on leur prélève du sang, qu’on purifie les anticorps avant de les injecter aux patients atteints. Or la biotech produit directement de tels anticorps, « en cours d’essai clinique chez l’homme. Le procédé pharmaceutique utilisé est sécurisé et confirmé par les autorités réglementaires. Nos anticorps dits “glyco-humanisés” sont validés pour leur qualité et leur sécurité », affirme le laboratoire privé.
  • Qui dit avoir prouvé que ces anticorps évitent le phénomène d’ADE [facilitation de l’infection par des anticorps – Antibody-dependant enhancement], mécanisme qui aggrave au lieu de soigner, comme dans le cas de la dengue.
  • Xenothera ajoute que son XAV-19 se produit en quantité importante, au contraire des anticorps purifiés.
  • Preuve des preuves, avance le Dr Duvaux, son premier produit chez l’homme, actuellement en essai clinique à Prague, est indiqué dans le rejet des greffes. « Ce qui montre que les anticorps peuvent être injectés à des personnes sans générer de toxicité. »

Appel aux dons

Mais voilà Xenothera bien incapable, financièrement, d’assurer les essais cliniques et de produire à grande échelle le XAV-19 d’ici à quelques semaines. D’où son appel aux dons auprès du grand public et des acteurs privés. La biotech voudrait réunir 3 millions d’euros. « Les dotations financières sont principalement attribuées aux laboratoires de recherche fondamentale de l’Inserm ou de l’Institut Pasteur, ce qui est compréhensible, et malheureusement pas aux biotechs qui ont pourtant des idées souvent susceptibles d’aboutir rapidement à un traitement pour les patients. Depuis le démarrage de l’épidémie, nous menons une course contre la montre dans ce contexte grave. Compte tenu de l’urgence, nous avons décidé de faire appel à un élan citoyen pour ne pas être ralentis. » Pour Odile Duvaux, les soutiens de l’État français et de l’ANSM auront beau se révéler indispensables, c’est sur une mobilisation générale – et un soutien financier public plus rapide – que compte la biotech pour aboutir.

Et si la covid-19 était au final terrassée par une petite boîte française ?

Au vu des freins et des pressions dispensés par la recherche officielle scientifique française et mondiale, il n’est pas sûr que Xenothera, pourtant plus crédible que les essais à petite échelle tentés avec l’hydroxychloroquine, décroche soudain le visa pour sa thérapie.
À moins que, et c’est toute la stratégie déployée par sa présidente, les 3 millions appelés ne lui parviennent rapidement. Réfléchissons trois millions de secondes (soit un mois) : au vu des milliards déjà promis par l’État, ces malheureux 3 millions ne pèseraient pas lourd, ne pensez-vous pas, Dr Olivier Véran, accessoirement ministre de la Santé ? Pourvu que la biotech ne les demande pas directement à Donald Trump…

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