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On connaît au moins de nom cet ensemble assez unique qu’est la Philharmonie de Paris. À l’échelle d’un pays mélomane, sous la tutelle du ministère de la Culture, elle offre une salle de concert de 2400 places, se dédie à la musique symphonique – sans négliger le jazz et les musiques du monde – au sein de la Cité de la musique du Parc de la Villette qu’elle intègre, une Cité elle-même riche de deux salles d’orchestres et d’un musée, avec l’Orchestre de Paris… On connaît moins la Philharmonie des enfants. Et c’est peut-être le premier pas vers une vocation.
Le parcours de la Philharmonie des enfants a été inauguré le 29 septembre 2021. Il donne le ton : éveiller les plus jeunes – 4 à 10 ans – à la musique, leur donner à la jouer (aux deux sens du terme), à « l’explorer, à l’écouter, à la vivre, à la sentir », comme le tentent ses initiateurs. L’enfant suit un parcours en parfaite autonomie au cœur d’un espace de 1 000 m2 . En réalité, le jeune visiteur – sans aucun prérequis musical – se balade à travers cinq univers thématiques dotés d’installations manipulables (au total, une trentaine). Du fonctionnement des instruments au ressenti des musiciens. Une immersion…
Parcours d’initiation
Le jeune explorateur du son et de l’harmonie n’écoute ni médiateur ni prof. Il ou elle vit le parcours à son gré, apprend par lui·elle-même. Il laisse son instinct lui faire manipuler les expériences – et les handicapé·es sont convié·es à la fête. Constance Guisset, la conceptrice du parcours d’initiation, a caché les manipulations dans des cabanes ou bien leur a donné une échelle gigantesque.
À l’image de la musique, intimiste ou grandiose. Sons, visuels, jalonnent la progression. Qui commence par la « Forêt des sons » (premier univers). Comment résonnent le carton, le bois, l’eau, la pierre. L’oreille n’est pas seule en jeu. A-t-on compris que les sons du quotidien révèlent une musique ? Dans l’univers des « Machines sonores », on touche à l’instrument. Pas vraiment celui des orchestres, pas encore. Là, les « machines », parfois géantes, « laissent parfois sortir de confuses paroles » (Baudelaire). « En scène ! » propulse le découvreur : il ou elle devient chef·fe d’orchestre ou se prend pour un exécutant à l’aide d’instruments simplifiés. Ça devient presque sérieux !
Il existe un « plus » à la visite
Mais « Des voix par milliers » s’invitent aux oreilles des apprenti·es. Jusqu’au moment où c’est la voix même du minimélomane qui est demandée sur scène. Il ou elle comprend alors, en entrant dans le 5e univers, « Par ici la musique », que celle-ci est un langage, un moyen d’expression. La musique raconte une histoire. Ses compositeurs l’écrivent. En alliant physique et numérique, la Philharmonie des enfants prolonge l’expérience. Outre le studio immersif (du « cinéma à écouter ») qui accueille après le parcours, le magazine en ligne Tadaa ! et les 4 leçons de 10 minutes (modules en ligne) passent au tempo « exercices » en classe ou à la maison. Et les enseignants disposent d’outils de médiation pour préparer la visite de groupes. Sera-t-il·elle mélomane, jouera-t-il·elle d’un instrument ? Tentez votre enfant. Donnez-lui cette chance inouïe de « vibrer ». Des générations de virtuoses se sont vu offrir qui un violon, qui une guitare. Cette fois, plongez avec lui ou elle dans le bain. Et les exercices de sortie-de-bain ne coûte pas cher…
Olivier Magnan