Temps de lecture estimé : 2 minutes
De ses débuts en 2002, le congé paternité a vu son nombre de jours se rallonger à vingt-cinq, il y a trois ans. Bien que le lien père-enfant se resserre, il reste encore bien loin de celui de la mère. Alors quel premier bilan tirer du dispositif ? Est-il efficace en matière d’équité ?
En France, tous les pères ne sont pas éligibles aux congés paternité. Et pourtant ce dispositif qui a vu le jour en 2002, dans le but d’équilibrer les taches familiales et d’encourager l’égalité, reste essentiel dans le développement de l’enfant. Fixé à onze jours, le délai s’est rallongé à vingt-cinq jours, il y a trois ans, auxquels s’ajoutent les trois jours de naissance. En 2021, 71 % des pères éligibles à un congé paternité y ont eu recours contre 93 % du côté des mères, selon la direction statistique du ministère de la Santé. Si l’écart diminue au fil des années, la mère reste encore au coeur de l’organisation familiale.
UNE LÉGÈRE ÉVOLUTION
Si les chiffres après le rallongement du délai ne sont pas encore connus, le congé paternité gagne du terrain. Sous l’effet de l’augmentation de la part de pères éligibles, qui est passé de 91 % en 2013 à 94 % en 2021, les recours aux congés ont augmenté. Néanmoins selon les secteurs et l’âge, les disparités entre les travailleurs sont perceptibles. En effet, les pères salariés ou fonctionnaires en CDI dans le secteur public prennent leurs congés pour 91 % d’entre eux, et 82 % pour le secteur privé. Alors qu’à l’inverse, pour les indépendants le chiffre reste inférieur à la moyenne avec 46 %, contre 32 % en 2013. Il va de même pour les salariés en contrats précaires avec 51 % (48 % en 2013). On constate également que les pères plus âgés qui sont mieux insérés dans leur emploi, sont plus nombreux à s’octroyer des congés. Les hommes ont plus tendance à être aux côtés de la mère, la semaine qui suit la naissance. Ils sont 72 % à débuter leurs congés à ce moment-là contre 49 % en 2013.
UN DISPOSITIF RÉELLEMENT EFFICACE ?
La naissance d’un enfant est un moment unique qui se partage. Il est nécessaire pour un père de donner du temps à sa famille pour vivre pleinement l’évènement et ainsi s’approprier le rôle de parent. Un moment qui permet également de créer un lien père-enfant qui se construit qu’après la naissance contrairement à la mère qui porte l’enfant. De manière plus concrète, le congé paternité, permet au père d’assister la mère après l’accouchement. Mais sa courte durée n’instaure pas une égalité complète quant aux tâches ménagères et aux soins familiaux. Puisque qu’une fois le délai du congé terminé, les pères ne deviennent pas plus responsables de ces activités pour autant. En moyenne, les femmes consacrent 3 heures aux tâches domestiques contre 1 h 45 pour les hommes. Ainsi, la charge mentale repose toujours sur les épaules de la mère. Le congé paternité en luimême ne permet pas d’instaurer une équité totale mais certains pères ont intégré dans leur quotidien les impératifs éducatifs et ménagers qu’impose la venue d’un nouveau-né. En outre déconstruire les stéréotypes de genre, accompagner les entreprises ou réformer la prise en charge de la petite enfance avec l’augmentation du nombre de places dans les crèches, constituent les objectifs principaux des pouvoirs publics.
CLARA SEILER