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C’est habituellement entre 3 et 5 ans que certains enfants découvrent un nouvel ami tout droit sorti de leur imagination. Loin d’être inquiétante, l’apparition d’un tel ami est un signe d’imagination et de créativité.
Ce phénomène, on ne peut plus normal, touche jusqu’à deux enfants sur trois. Invisible, représenté par un jouet ou une poupée, un ou une ami·e imaginaire se montrera très présent·e comme très discret·e. Sa fonction psychologique est plurielle. Il ou elle aide à combler la solitude chez un enfant unique ou qui connaît une grande différence d’âge avec sa fratrie, ou introverti·e. Grâce à cette compagnie imaginaire, un enfant met en scène des relations d’amitié qui lui servent d’entraînement pour comprendre et mieux maîtriser les relations sociales.
Le « fantôme » aide à oser exprimer des pensées, des opinions ou des sentiments en parlant « à la place » de l’enfant. De tester aussi les limites quand il ou elle prétend que son ami imaginaire a fait une bêtise ou dit des gros mots. « La réalité est parfois difficile à digérer pour le jeune enfant. L’imaginaire est un moyen pour lui de la filtrer et de s’en protéger », explique Stéphane Clerget, médecin psychiatre et pédopsychiatre. Et de rassurer les parents inquiets : « Cette création fait partie d’un développement normal. Cet ami disparaît habituellement à l’entrée à l’école primaire, vers 6-7 ans. »
Comment réagir à la présence d’un ami imaginaire
Comme il s’agit d’un processus normal, aucune inquiétude à montrer. La plupart des enfants savent que leur ami n’existe pas vraiment et que les autres ne le voient pas. Mais certains, surtout parmi les plus jeunes, y croient fermement. Dans ce cas, il ne faut surtout pas réprimander l’enfant ou de lui dire que son ami imaginaire n’existe pas. « On accepte cet ami imaginaire, on écoute son enfant en parler. On prend en considération ce que son enfant fait dire à son ami, car c’est ce qu’il a envie de dire. Par exemple, si l’ami a peur le soir des fantômes, on en tient compte », conseille le Dr Clerget.
Acceptez l’ami imaginaire, ou, mais sans lui donner trop d’importance. « On ne fait pas comme s’il existait vraiment. On ne lui met pas une assiette à table et on ne parle pas avec cet ami. On ne l’évoque pas si l’enfant n’en parle pas », prévient le spécialiste. Autre règle importante : responsabilisez l’enfant et lui rappeler les règles lorsqu’il utilise son ami imaginaire.
S’il met sur le dos de son ami imaginaire ce qu’il a fait de mal, on rappelle la règle et les interdits. S’il ou elle dit quelque chose comme « ce n’est pas moi, c’est Méchant Gilles qui a renversé la lampe », c’est une façon de dire qu’il·elle ne l’a pas fait exprès. On lui dit alors que peu importe, il ne faut pas lancer le ballon dans le séjour. La présence d’un ami imaginaire dans la vie d’un enfant n’a donc rien de négatif et ne doit pas inquiéter. En revanche, « on peut prendre un avis de spécialiste si cet ami imaginaire persiste au-delà de 7 ans, si l’enfant communique uniquement via cet ami imaginaire, si l’enfant n’a aucun autre ami et s’il montre des troubles associés comme des visions », conclut notre médecin.