Déconfinement ? Après le dernier cas + 14 jours

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Le confinement va se prolonger car le « dernier cas » n’est pas pour demain. Mais la Commission européenne s’est enfin, hier soir tard, comportée en « Union » réelle.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

C’est peut-être, psychologiquement, le moment le plus difficile : il fait beau, l’amorce d’une phase « plateau » des admissions dans les hôpitaux se dessine, les joggers interdits de 10 heures à 19 heures à Paris font foule sitôt l’heure passée, en compagnie des badauds, cyclistes et promeneurs, mais… le confinement va se prolonger. Se renforcer. S’énerver – quelques passages à tabac par-ci par-là de récalcitrants répondent à l’agression d’une policière beauvaisienne fin mars.

Car la fin de l’épidémie n’est pas pour dans huit jours.

Le confineur en chef, le président de la République, l’annoncera lundi. « Mes Chers compatriotes… »
Pourquoi jouer les prolongations ? Pour des impératifs médicaux très probants : outre que le « plateau », à peine perceptible, ne demande qu’à repartir à la hausse, cette phase apparente de moindre tension, relative, dans les services de réa, exige au contraire un confinement rigoureux et prolongé.

Le Dr Philippe Juvin, chef du service des urgences de l’hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris, ne « prend pas de gants » (même s’il en porte d’ordinaire dans son service) pour doucher les espoirs : « On a encore des paquets de patients dans les étages qui seront admis en réanimation dans les heures et les jours qui viennent et qui vont y rester longtemps. L’épidémie sera derrière nous quand il se sera passé quatorze jours sans aucune hospitalisation après le dernier nouveau cas. On en est très loin. » Lundi, quelque 2 400 malades seront encore en réanimation en Île-de-France, soit un chiffre qui excède de beaucoup les capacités d’avant la covid. Pour le corps médical français tout entier, un relâchement des règles strictes du « restez chez vous » impliquerait « une nouvelle flambée épidémique ».

Au risque d’exaspération s’ajoute l’immense choc économique que la prolongation aggrave de jour en jour. Or une excellente nouvelle en provenance de Bruxelles est tombée tard hier soir : la Commission européenne, qui avait réuni à nouveau les ministres des Finances des Vingt-Sept après l’échec de la veille, a annoncé l’accord attendu du débloquage immédiat de 500 milliards d’euros pour faire face à la récession généralisée. La réponse européenne tant attendue privilégie trois axes : jusqu’à 240 milliards d’euros de prêts du fonds de secours de la zone euro, un fonds de garantie de 200 milliards pour les entreprises et jusqu’à 100 milliards pour soutenir le chômage partiel. Seuls les « coronabonds », obligations émises par l’ensemble des la zone euro et non par un pays en particulier, n’ont pas été votés et seront tranchés ultérieurement. Sans cette solidarité financière des États membres, la plupart des pays seraient, au « dernier cas + 14 jours » , exsangues, mais l’Union européenne elle-même se serait confinée dans l’autodestruction. Elle vient enfin de se comporter en Europe en quelque sorte fédéralisée.

Olivier Magnan
rédacteur en chef

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