Sept pays, sept femmes à leur tête, sept meilleures réussites contre l’épidémie

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Forbes, en identifiant cette convergence, souligne que l’empathie féminine a joué son rôle dans les décisions heureuses qui ont limité la propagation. Tout le monde n’est pas d’accord, mais…

Olivier Magnan, rédacteur en chef

L’article du magazine Forbes paru le 20 avril a fait/va faire du bruit dans le landernau du machisme ordinaire et les trumpitudes n’ont pas fini de se multiplier : les pays qui ont jusqu’alors le mieux enrayé l’épidémie sur leur sol sont dirigés par des femmes. Hasard ou nécessité ?

Ça se discute. Sept nations, l’Allemagne, l’Islande, Taïwan, la Nouvelle-Zélande, la Finlande, la Norvège et le Danemark, se sortent plus et mieux que les autres du choc pandémique. À leur tête, sept dirigeantes, Katrin Jakobsdöttir, Islande, Erna Solberg, Norvège, Sanna Marin, Finlande, Mette Frederiksen, Danemark, Tsai Ing-Wen, Taïwan, Jacinda Ardern, Nouvelle-Zélande et bien sûr Angela Merkel, chancelière allemande. Manque en Scandinavie la relative réussite suédoise, non confinée, avec un roi à la tête du pays et un homme, Stefan Löfven, Premier ministre.

Pour Forbes qui, le premier, établit cette « coïncidence », le hasard n’y est pour rien : ces pays ont réagi par un recours à la technologie orchestré par des valeurs d’honnêteté et « d’amour » (que l’on traduira par « empathie »), soutenues par l’« esprit de décision ». Mais aussitôt, des « féministes » sont les premières à mettre en doute l’analyse subjective du magazine américain, de crainte que le caractère féminin des décideuses – dont l’empathie, le soin… – ne décide de leur réussite, alors qu’elles ne la devraient qu’à leur compétence de cheffes d’État.

« Je ne remets pas en cause le constat, écrit Rebecca Amsellem, blogueuse des Glorieuses. Ces pays ont effectivement mis en place une réponse efficace permettant à leurs habitants de ne pas rester confinés pendant deux mois (ça fait mal d’écrire “deux”). C’est d’ailleurs le même constat que This week in Patriarchy, la newsletter féministe du Guardian : “Les femmes leaders font un travail exceptionnel”. Sauf qu’Arwa Mahdawi, la rédactrice de la newsletter, l’explique différemment. Il n’est pas question d’amour, d’empathie ou de soin mais d’achats de masque, de taille de pays (la Nouvelle-Zélande compte moins d’habitants que New York), de généralisation des tests ou encore du large nombre de lits en réanimation. J’ajouterais que certains de ces pays ont vu la crise arriver dans d’autres pays avant le leur et ont choisi d’adapter leur réponse en fonction (coucou, Emmanuel Macron et l’Italie). » Autre contre-argument : les exemples de la Corée du Sud et de quelques autres pays dirigés par des hommes qui ont réussi à contrôler l’épidémie (on ne parle pas des autocrates chez lesquels le virus n’a pas même osé pointer ses récepteurs…).

Christiane Taubira, ex-ministre de la Justice, dit les choses autrement au micro de France Inter : « Je pense sincèrement que des femmes dans des positions d’autorité ou de pouvoir auraient abordé les choses différemment. Plutôt que d’avoir recours à ce corpus viril, martial, elles auraient vu plus facilement que ce qui fait tenir la société, c’est d’abord une bande de femmes : elles sont majoritaires dans les équipes soignantes, même si nous saluons aussi avec autant de gratitude les hommes. Elles sont majoritaires aux caisses des supermarchés, dans les équipes qui nettoient les établissements qui travaillent encore… » De quoi faire grincer les dents des féministes ennemies de l’« essentialité », la prédestination des femmes.

Ergotons tant que l’on voudra. Sept pays, sept femmes, sept réussites. Un constat.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

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