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Une cause nationale et un plan national pour que nos enfants (ré) apprennent à lire…

La lecture entre plan médiatique et recherche fondamentale : il faut sauver les petit·es lecteur·rices français·es. Et cet appel sonne comme un SOS : 20 % des élèves maîtrisent mal les savoirs fondamentaux à la sortie de l’école primaire ! Or c’est une réalité scientifique : le savoir fondamental clé de tous les autres, c’est la lecture. La solution désarme par sa simplicité apparente : une enquête C’est la source d’une grande partie des inégalités que nous connaissons dans notre pays. Or, toutes les enquêtes le montrent : la lecture est la clé de la réussite. Une enquête du Programme international pour le suivi des acquis des élèves, Pisa, qui sonne comme une pizza italienne mal orthographiée, démontre qu’il suffirait de 30 petites minutes de lecture chaque jour pour que nos jeunes gens accumulent des progrès significatifs en langue française ! Eh bien non, il faut une cause nationale fondée sur un plan de l’Éducation nationale pour sortir nos petits illettrés de la panade. Explications et remèdes.

Ça va de Pis (a) en Pis (a) : Pisa, la plus grande étude internationale jamais menée auprès des élèves de tous les pays de l’OCDE dans le domaine de l’éducation mesure l’efficacité des systèmes éducatifs et les confronte. Elle compare les performances des élèves issus d’environnements d’apprentissage hétérogènes afin de comprendre ce qui les prépare le mieux à leur vie d’adulte. La France perd des points d’année en année. Ses chiffres désastreux font régulièrement trembler les ministères de l’Éducation nationale car c’est un peu leur bilan, tous les trois ans. Et, chaque fois, le ou la ministre en titre sème des plans pour redresser la barre. En l’occurrence, c’est le président de la République lui-même qui tire le Blanquer à lui : il endosse le nième plan lecture, en espérant que le prochain classement Pisa dévoilé par l’OCDE en 2022 serait meilleur. Le dernier état des lieux a été dévoilé en décembre 2019. L’enquête avait évalué le niveau des élèves de 15 ans des pays impliqués dans les tests. Au 23e rang sur 79 pays évalués, le pays de Molière et de Bernard Pivot n’avait pas gagné une place depuis 2016 ! Donc pas d’effet objectivé des efforts déployés par les arcanes pédagogiques français (lire le graphe ci-contre).

Grande cause nationale jusqu’à l’été 2022

Ces constats consternants et cette colique de lecture chronique au fil des enquêtes Pisa a bien sûr depuis des années affolé les autorités pédagogiques.

Réalité une : nos enfants lisent de moins en moins. Ou, plus exactement, plus ils grandissent et moins ils et elles lisent… Le nombre de livres lus par envie personnelle chute dès l’entrée au collège et encore plus avec l’entrée au lycée. « Un écolier lit deux fois plus de livres qu’un collégien et trois fois plus qu’un lycéen… », mesure l’enquête Jeunes et lecture commandée par le Centre national du livre en 2016. Le goût du livre se perd en grandissant, alors même que la maîtrise de la lecture est essentielle à la réussite de la scolarité et que l’école tente, sans réel effet, depuis fort longtemps, de remplir sa mission essentielle : que tous et toutes accèdent à une lecture fluide, la seule façon d’assurer la compréhension et les apprentissages, de manière fonctionnelle, sans parler du développement de la lecture plaisir et de loisir.

Donc en lien avec le ministère de la Culture, l’Éducation nationale multiplie les initiatives en faveur du développement du livre et de la lecture dont une étude concomitante du programme Pisa, publiée en 2018 par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), précise bien l’enjeu : 22,4 % des 710 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans qui ont vécu leur Journée défense et citoyenneté (JDC) maîtrisent mal la lecture. Une lecture/déchiffrage lente et cognitivement coûteuse, pénible, qui n’aboutit qu’à une compréhension faible de ce qui est lu.

La France s’arrête un quart d’heure…

Cette lecture fluide se prépare en amont, dès l’école maternelle, véritable « école du langage », notamment pour les élèves issus des milieux les plus défavorisés. Or le « travail » y est accompli : des emplois du temps d’apprentissage calibrés laissent place au travail régulier sur le vocabulaire, à la découverte du principe alphabétique, à l’écoute, à la compréhension de textes lus par l’adulte et à la manipulation de livres censés développer l’intérêt et le plaisir de l’enfant pour la lecture. Au CP, des exercices répétés de décodage/encodage, le travail sur le sens et la compréhension des textes sont au cœur de l’enseignement de la lecture. Avec des CP et des CE1 dédoublés dans les écoles classées REP et REP + (Réseau d’éducation prioritaire). Le « quart d’heure de lecture » sera, à la rentrée, généralisé : toutes les classes de France liront au même moment, symbole de l’union des forces au sein de la nation. C’est un temps de lecture personnelle : chaque jour, les élèves, de tous les niveaux, les professeur·es et tous les membres des personnels de l’Éducation nationale cesseront toute activité pour se consacrer à la lecture personnelle et silencieuse pendant ce fameux « quart d’heure ». En plus de ces aspects de remédiation fonctionnelle, sont proposées des actions de développement du goût de la lecture.

Plan « livres »

Pas d’exclusive dans le choix des textes : l’école favorise l’accès à tous les supports de l’écrit tels que presse, BD, la littérature de jeunesse de qualité et les grands textes patrimoniaux. Les écoliers, à l’issue du CM2, partent dotés d’un livre cadeau, livre de vacances et/ou d’un dictionnaire. Un plan d’investissement renouvelé (depuis 2017) a accordé 2 millions d’euros en 2019-2020 pour les bibliothèques d’écoles afin de favoriser les classes éloignées des bibliothèques municipales. Soit quelque 300 000 livres répartis sur 1 500 écoles primaires (les rurales regroupent classes maternelles et élémentaires). S’y ajoute le soutien des initiatives en tout genre, telles que la distinction restaurée par l’octroi de prix, de concours, de partenariats, un temps oubliée. Et au fond, toute initiative un tant soit peu étayée et construite au sein d’un projet élaboré en faveur de la lecture et du plaisir de lire sera soutenu par le ministère de l’Éducation nationale. On connaît les actions les plus médiatisées telles que Lire et faire lire avec les « passeurs de relais générationnel de lecture » ou les concours de lecture à voix haute comme les Petits champions de la lecture – avec grande finale à la Comédie française. Sans oublier La nuit de la lecture, une fête au cours de laquelle s’articulent les actions multipartenariales en faveur de la lecture en France. Ni la Semaine de la presse et des médias à l’école. Ou encore le Goncourt des lycéens et le prix de la Bande dessinée Fauve des lycéens en partenariat avec le renommé festival de la BD d’Angoulême.

Aux grand maux…

Eh bien ça ne suffit pas. D’où une refonte plus fondamentale de l’axe de la recherche autour de l’apprentissage de la lecture. On en appelle désormais aux neurosciences. Et cette fois, le ministre Jean-Michel Blanquer a envie d’y croire. Cette fois, le plan lecture sur le terrain scolaire mobilise des concepts hérissées de notions scientifiques comme décodage-encodage, fluence et compréhension. Des recommandations qui arrivent sous forme de directives académiques. Mais quelles modélisations sont-elles à l’origine de ce que l’on appelle « le déploiement technique et scolaire du plan lecture » ?

L’enfant lit à haute voix et est observé chaque jour par son enseignant au moyen d’une grille d’observation. Les compétences en termes de fluence sont indissociables de l’aisance au décodage et sont clés de l’accès à la compréhension du texte lu, finalité de la lecture. Les stratégies des apprenants sont sollicitées explicitement en termes de métacognition. Les propositions pédagogiques se différencient selon les besoins spécifiques de chacun des élèves. Ce petit vade-mecum du bon et zélé professeur des écoles en cycle 2, manuel de survie en secteur sinistré, est issu, aussi, de recherches en sciences de l’éducation et en neurosciences. Plongeons un peu dans les phénomènes mentaux en jeu que vos jeunes apprenant·es vont affronter.

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