Votre enfant a-t-il vraiment besoin d’un hand-spinner ?

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En quelques mois, cette toupie à trois branches est devenue « LE » jouet que tout le mondes’arrache. Les vendeurs prétextent qu’elle aide les enfants et même les adultes à mieux se concentrer et à évacuer le stress. Mais est-ce véridique ?

Un petit objet triangulaire à faire tourner entre les doigts. Ce jouet est devenu très populaire parmi les enfants. 90 % des enfants de 7 ans et 95 % des garçons de 11-12 ans le connaissent désormais, selon une étude de l’institut Junior City. Pourtant, jusqu’ici, il a été plus largement utilisé par les enfants autistes. En effet, cette toupie de couleur vive a été imaginée par l’Américaine Catherine Hettinger. La jeune femme voulait ainsi pouvoir jouer avec sa fille atteinte d’autisme. Il a fallu attendre 20 ans et Internet pour que cette invention connaisse un essor fulgurant non seulement dans le secteur médical mais aussi ludique. Le jouet a eu un effet positif sur les enfants autistes mais aussi sur ceux qui souffrent du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), selon des psychologues américains et certains spécialistes français. « Les objets à tripoter, à triturer, facilitent la concentration chez les enfants hyperactifs et apaisent les autistes au moment des crises », avait expliqué à La Croix Christine Gétin, présidente de l’association TDAH France.

Petit à petit, le hand spinner est devenu accessible au grand public. Pas cher, léger et rigolo, il attire de plus en plus les petits. Les parents, quant à eux, l’achètent volontiers. D’autant plus que l’argument de vente est infaillible : « Ce jeu aidera votre progéniture à développer une meilleure concentration et l’apaisera ». Des promesses de bonnes vertus qui vendent du rêve à tel point que les adultes se procurent également cette toupie « magique » en espérant qu’elle leur servira d’antistress. Mais faut-il vraiment l’acheter ? Que peut-elle apporter aux enfants qui ne présentent aucun trouble psychologique ou physique ? Comment les parents doivent-ils se positionner face à cette nouvelle vague de « hand spiner-mania » ?

Un nouveau gadget plutôt qu’un remède secret

Fin mai, environ 9 millions de hand-spinners avaient été vendus en France aux enfants et adolescents de 4-14 ans, d’après une étude de l’institut Junior City. Virginie Bossut, fondatrice de la clinique des écoliers à Leers, spécialisée dans les difficultés d’apprentissage, estime que ce jouet sensibilise les enfants au handicap des autistes. En outre, pour elle, c’est un bon moyen d’évacuer le stress auquel sont soumis les enfants. De son côté, Jean-Philippe Lachaux, auteur du livre « Les petites bulles de l’attention » reste prudent et indique que si « ce jouet n’aide pas vraiment à la concentration, il peut être un défouloir pour ceux ayant des soucis d’hyperactivité ».

Le mouvement rotatif de la toupie est captivant, presque hypnotique… Alors qu’il prend de plus en plus de place dans les cours de récré, il pourrait également être un vecteur d’intégration sociale. En effet, une fois que les enfants en possèdent un, il peut les rapprocher. Un avis partagé par une mère de quatre enfants. « J’ai acheté un hand spinner à chacun de mes enfants car tous leurs copains en avaient un. Je ne voulais pas qu’ils soient sources de moqueries à l’école, mais pas plus. Je ne pense pas qu’il les aide à se concentrer ou autre… », explique Lucie. De plus, ce jouet tellement addictif pose désormais problème dans les écoles. Les professeurs n’en peuvent plus des élèves qui s’amusent avec le hand spinner pendant les cours et de ce fait ne les écoutent pas… Certains établissements scolaires ont donc décidé de les interdire.

Pour la pédiatre Galina Agapova, il s’agit d’une nouvelle « tendance ». « Aucune étude scientifique ne prouve les bienfaits de ce jouet sur les enfants autistes comme sur les enfants sans troubles. S’il aide 5 % des enfants dans le monde, cela ne veut pas dire qu’il aidera tout le monde », indique-t-elle. « Après, tous les enfants sont différents. Peut-être que sur certains, le hand spinner marche bien et ils deviennent effectivement plus calmes, mais pour le moment les médecins ne le prescrivent pas. » « Certes, il focalise l’attention, mais uniquement pour 10-15 min. Il n’est ni nocif ni dangereux, mais ce n’est qu’un adjuvant et en aucun cas un dispositif médical », insiste la spécialiste de Pau, qui précise que si le plastique avec lequel est fait le jouet vient de Chine, il peut être mauvais pour l’enfant (« il vaut mieux privilégier le plastique européen »). En outre, elle déplore le fait que ce jouet pourrait être utilisé par certains parents pour occuper les enfants le temps qu’ils puissent faire autre chose. « Il ne faut pas oublier : aucun jouet ne peut remplacer l’amour parental. Il n’y a rien de mieux que de jouer avec son enfant. » Le meilleur terme pour qualifier le hand spinner est donc sans doute celui de « gadget ». Après les bracelets « rainbow loom » (des petits élastiques qui se combinent pour fabriquer des bracelets) ou encore les boules « baoding », le hand spinner n’est qu’une option parmi d’autres qui finira aux oubliettes d’ici quelques mois…

Anna Ashkova

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