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Vous êtes le champion de la théorie ! Vos explications sont limpides, vous ne laissez à votre enfant aucune chance d’échapper à votre raisonnement imparable. Pourtant, à bien y regarder, vous êtes le premier à enfreindre le règlement éducatif que vous tentez d’imposer. Pas concerné ? Lisez tout de même nos 4 solutions anti sabotage éducatif.
Situation 1
Vous leur demandez de se calmer tout en leur criant dessus !
Votre enfant pique une crise de jalousie car son frère a pris la télécommande de la télé et changé de chaîne en plein dessin animé. Il crie si fort que vous craignez d’être dénoncée par les voisins auprès des services sociaux pour maltraitance.
Le problème ? Pour le faire taire, vous criez plus fort que lui : « tais-toi ou… (vous cherchez alors la pire punition qui puisse exister pour un gamin de 6 ans) tu es privé de foot demain ! Parfois même vous inventez la punition deux voire trois en un
« … et en plus tu es privé de dessert ce soir… et j’appelle papy pour lui dire qu’il ne t’amène pas au poney samedi ! » Grâce au cumul, vous obtenez qu’il se calme. En outre, il vous arrive souvent de vous disputer pour des broutilles avec votre mari devant les enfants.
Comment réagir ? Patience. Raisonnez. Ne réagissez pas tout de suite. Les enfants apprennent à résoudre leurs conflits en voyant comment leurs parents gèrent leurs émotions en période de tension. Autre idée, pensez à haute voix. Par exemple, une voiture vous double par la droite et vous commentez : « Ce type est un malade, on devrait lui retirer le permis, mais le plus important est que tout le monde reste entier dans ce trajet. Je ne vais donc pas m’énerver et faire comme si je ne l’avais pas vu… »
Situation 2
Vous débranchez les écouteurs, sans éteindre la télé !
Vous exigez de votre enfant qu’il retire ses écouteurs, qu’il éteigne l’ordi, qu’il décroche de la console, qu’il pose son téléphone… mais vous sautez sur votre mobile à la moindre notification ! Il semble que dans votre famille, les règles du jeu ne soient pas les mêmes pour tout le monde. Cette impossibilité de déconnecter nuit à votre vie de famille.
Le problème ? Le téléviseur est peut-être éteint, parce que c’est l’heure d’éteindre, mais votre enfant a bien noté que depuis que vous avez franchi le pas de la porte d’entrée, vous avez consulté 10 fois vos messages, allumé l’ordinateur portable et consulté le programme télé. Vos enfants ne sont pas dupes. Ils perçoivent vos subtiles entorses à la règle et dès lors, comment leur imposer les contraintes que vous ne parvenez pas à vous imposer ? Une chose est sûre, si vous obtenez qu’ils décrochent de leur téléphone, il s’agit probablement d’une demi-victoire. Dès que vous aurez le dos tourné…
Comment réagir ? Couper l’électricité serait une manière radicale d’imposer une diète. Elle est en pratique impossible. D’autres solutions moins radicales sont tout aussi efficaces si vous vous y astreignez : éteignez l’ordinateur. Éteignez votre téléphone pendant le temps du dîner, ainsi qu’une heure avant et une heure après. Persuadez-vous d’une chose : vous ne ratez rien, vous ne faites que retarder la réception de message. Sauf cas particuliers, il est fort probable que cela ne soit pas préjudiciable. La majorité des parents n’a pas à traiter des situations d’urgence absolue. En définissant cette période durant laquelle nul ne peut se décentrer de la vie familiale, vous habituez vos enfants à se déconnecter. Vous les préparez à vivre libre de cette aliénation durant leur vie adulte.
Situation 3
Vous encouragez vos enfants à admettre leurs erreurs, mais vous n’assumez pas les vôtres
Lorsqu’ils ont fait une bêtise, vous exigez de vos enfants qu’ils ne cherchent pas d’excuse, mais admettent leurs erreurs. Vous leurs expliquez alors que tout le monde peut se tromper, mais qu’on ne peut progresser qu’au prix d’un exercice d’introspection et de reconnaissance de nos erreurs.
Le problème ? Votre enfant s’est disputé avec son copain et, sous le coup de l’exaspération et de la colère, vous l’avez privé de jeux vidéo jusqu’aux grandes vacances. Quelques jours plus tard, vous réalisez que la punition est extrême, mais vous ne voulez pas revenir sur votre parole, cela pourrait être interprété comme une faiblesse ou une incohérence. Vous maintenez le cap de la punition.
Comment réagir ? Pourquoi ne pas dire à votre enfant : « Si tu es sage, on met fin à la punition dès demain. J’étais en colère l’autre jour, la punition est disproportionnée.
Situation 4
Vous posez la bonne question, sans attendre la réponse !
Vous savez l’importance des petites phrases qui ouvrent le dialogue. Alors en rentrant du travail, vous demandez à votre enfant : « Raconte-moi ta journée ! Ça s’est bien passé ? » Voilà un bon début. Bien sûr, vous voulez réellement savoir… s’il a eu des bonnes ou des mauvaises notes, si le cours de sport s’est bien passé. Vous aimeriez également veiller à ce qu’il ne lui arrive rien de grave, vous pensez au harcèlement, au racket, à des violences psychologiques dont sont victimes trop d’enfants. Oui, votre intérêt pour la réponse est réelle.
Le problème ? Vous posez la question au mauvais moment, c’est un mauvais signal. Si vous écoutez d’une oreille la réponse en ouvrant votre courrier, en préparant les lasagnes ou entrant vos codes bancaires pour faire le virement de la nounou, vous signifiez : si tu as quelque chose à dire, parle mais fais vite parce que comme tu peux voir je n’ai pas que ça à faire.
Vous demandez à votre enfant de raconter. Pas seulement de répondre par oui ou par non. Mais sait-il raconter ? Pour lui apprendre à « raconter », commencez par raconter votre journée.
Comment réagir ? Les enfants aiment concentrer toute l’attention de leurs parents, au moins durant un court moment. Trouvez un moment off durant lequel vous vous asseyez avec votre enfant, vous le regardez, vous l’écoutez comme si rien d’autre au monde n’avait d’importance. Il comprend par là que vous êtes disponible. Essayez toujours de raconter quelque chose de votre journée. En agissant ainsi, vous montrez à votre enfant que lorsqu’on se retrouve en famille, le moment est idéal pour partager des nouvelles et s’intéresser les uns aux autres. Et puis, en racontant votre propre histoire, vous agitez la mémoire de votre jeune interlocuteur qui trouve soudainement des tonnes de choses à raconter ! Vous découvrirez alors que deux enfants se sont violemment disputés à la cantine ou bien que le prof de math a fait un contrôle surprise et qu’il redoute le pire.
Adeline Morin