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Dans le rap comme dans le reste de la musique, il y a des artistes plus « appropriés » pour les adolescents que d’autres. Nekfeu, Jul, Kaaris, Naps, parmi les plus audibles… Quelques repères pour comprendre les artistes que votre ado écoute: sont-ils adaptés à son âge ?

Le rap a fait ses débuts vers la fin des années 1970 aux États- Unis. En France, il s’anime une dizaine d’années plus tard. Des soirées follement nommées « underground » sont organisées à Paris, à coups d’« open-mic », c’est-à-dire des sessions où des rappeurs montaient sur scène et improvisaient avec une instrumentale. En 1982, un premier concert hip-hop a lieu en France, avec du rap, mais également des DJ, des artistes graffeurs et des breakdancers. Mais la vraie popularisation du rap commence en 1984 grâce à l’émission H.I.P. H.O.P. le dimanche sur TF1. C’est la première émission de télé dans le monde qui montre la culture rap et elle seule.

D’année en année, le genre se popularise, jusqu’à ce qu’en 1992 MC Solaar soit élu groupe de l’année aux Victoires de la musique. De nombreux rappeurs deviennent populaires par la suite, mais une fracture se crée entre le rap dit violent et celui que l’on appelle conscient. D’un côté, Suprême NTM et sa musique polémique J’appuie sur la gâchette. De l’autre IAM avec son École du micro d’argent. Une « battle » qui se termine plus ou moins à la sortie du single Laisse pas traîner ton fils de NTM. Une chanson dédiée aux parents, elle vous est donc recommandée.

Le rap violent, sexuel et parfois complotiste

Passé les années 2000, la violence dans le rap est marquée par l’arrivée de sous-genres comme la trap et le gangsta rap. Kaaris, porte-étendard de la trap, est un bon exemple de ce qu’il ne faut pas laisser votre adolescent écouter. Tristement célèbre pour son morceau Tchoin, dans lequel il raconte (en boucle) que « La go là c’est p’t-être une fille bien, mais on préfère les tchoins, tchoins, tchoins », comprenez qu’il préfère les filles faciles… Non, vraiment, ça n’est pas pour les 11-15 ans.

Certains rappeurs, en plus d’aborder la violence à outrance, se laissent influencer par le complotisme. Freeze Corleone, rappeur francilien de 30 ans, aime les partager dans ses albums, particulièrement dans Projet Blue Beam. Rien que le nom est une théorie du complot. Il est antisioniste dans certains morceaux. Une enquête a même été ouverte pour « provocation à la haine raciale » et « injure à caractère raciste ». À éviter de toute urgence. Artistes récents : Damso, SCH, Vald, Orelsan (à ses débuts), PLK, Ninho, Alkpote… La liste est longue ! Ancienne génération : Suprême NTM, Booba, Ideal J, Sniper…

Le rap pour danser

La musique rap qui fait danser domine le haut du classement français depuis plusieurs années. Sur Spotify France, 8 des 10 chansons les plus écoutées l’année dernière sont des chansons de rap dansant. Parmi eux, Petrouchka de Soso Maness et PLK, une reprise de Kalinka, célèbre chant russe, version rap français. Et même si le refrain dit « Dans la zone, on vend la drogue », eh bien ça n’est pas forcément grave. Parce que ce ne sont pas les paroles qui comptent, c’est la sonorité, et le constat n’est pas une invitation à s’en procurer. La preuve, c’est le hit de 2019 Khapta par Heuss L’Enfoiré et Sofiane.

Disque de platine en deux mois, le morceau a plus de 100 millions de vues et d’écoutes sur YouTube. Près des deux tiers des paroles alternent entre « J’suis une moula [une mule, un passeur de boulettes]… J’suis en esprit » et « J’suis dans ma khapta [fête arrosée], yah, yah, yah ». Ce qui n’empêche pas toute une génération d’apprécier ce morceau lors d’une soirée dansante. Comparez à Angela de Saïan Supa Crew et bien d’autres chansons moins récentes. Si vous n’êtes pas au courant, recherchez la signification du refrain de cette chanson qui a été l’une des plus écoutées en 2000… Artistes récents : Jul, Gims, Niska, Hatik… Ancienne génération : Booba, Saïan Supa Crew, K-Maro…

Le rap « tout public » et conscient

Nous arrivons enfin à la musique qu’il « convient » à vos ados d’écouter. Le rap « tout public » sied, par définition, à tout le monde. Il est souvent associé au rap conscient, qui cherche à faire passer un message politique ou social, ou à éduquer la jeunesse. Dans l’ancienne génération, on l’entend dans des titres comme Qui est l’exemple ? de Rohff (2001), lequel se questionne sur les idoles de la jeunesse, ou encore Petit Frère d’IAM, qui critique la manière dont la jeunesse des banlieues est laissée à elle-même. Le rap conscient évoque les mêmes thèmes que le « gangsta rap ».

Mais sa grande différence, c’est qu’il ne glorifie pas la violence ni les drogues. Au contraire, ces rappeurs expliquent comment les abus les ont traumatisés et comment la violence engendre la violence. Ce qui convient à un public de 11 à 15 ans, car ils apprennent qu’une vie de vices n’est pas une vie de rêve. Faire de la musique, c’est mieux. Artistes récents : Bigflo et Oli, Nekfeu, Orelsan (récent), Youssoupha, Sofiane, Alpha Wann… Et bien d’autres ! Ancienne génération : Oxmo Puccino, IAM, Sages Poètes de la Rue…

Maxime Gouet

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