Coronavirus, au cœur de la recherche

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La solidarité internationale est sur le point de proposer antiviraux et vaccins.

Il a fallu une semaine pour identifier la cause de cette pneumonie sévère, voire létale, qu’est la covid-19 (« la » puisqu’il s’agit d’une maladie) : un nouveau coronavirus, baptisé SARS-CoV-2. Puis quelques jours pour décrypter son génome. La base de données PubMed* a rassemblé en plus de trois mois plus de 1 000 articles scientifiques. De quoi déterminer le meilleur vaccin pour le retour du tueur démasqué ?

On sait désormais que le SARS-2 offre 76 % de similitude avec le virus SARS-1 (responsable du SRAS – syndrome respiratoire aigu sévère). On connaît sa clé d’entrée cellulaire, la protéine S, et le récepteur, l’ACE2. Et puis ? Cette carte d’identité laisse déjà entrevoir que l’affinité du SARS-2 avec ce récepteur est grande. Sans doute la cause de la contamination plus rapide.
Comment « agit »-il ?
Installés dans la cellule, plusieurs de ses gènes s’activent, dont celui qui produit l’ARN polymérase (RdRp), une enzyme. Elle réplique le génome du virus. L’infection s’installe.

Tous les labos de recherche multiplient les recherches
Depuis cette identification, c’est un raz-de-marée de « propositions thérapeutiques » qui déferlent dans l’attente des tests forcément longs qui se mettent en place. La plupart émanent de groupes de recherche déjà attelés aux parades du SRAS et du MERS (Middle East Respiratory Syndrom – syndrome respiratoire du Moyen-Orient). Quelles sont les « stratégies » en batterie ?

1 Les inhibiteurs d’entrée du virus
La fameuse chloroquine défendue par le professeur Didier Raoult de Marseille, antipaludique, est aussi un antiviral puissant qui bloque l’accès du virus aux cellules. Sans entrer dans le détail du « sas » biologique qui autorise l’accès du virus dans la cellule, disons qu’intervient une baisse de pH (potentiel Hydrogène, indicateur de l’acidité) qui favorise la fusion des membranes du virus et de la cellule. La chloroquine empêcherait la chute de pH nécessaire pour franchir le sas. Il semble donc bien que l’hydroxychloroquine (dérivé moins toxique), inhiberait la réplique du SARS-Cov-2 in vitro dans les cultures cellulaires.
Mais le conditionnel sied mal aux scientifiques. D’autres molécules, comme l’anti-inflammatoire baricitinib, traitement de l’arthrite rhumatoïde, ou le mésylate de camostat contre l’inflammation du pancréas, inhibent elles aussi l’entrée du virus.
Parmi les antiviraux prônés, le remdesivir, inhibiteur de l’ARN polymérase virale, empêche le virus de se multiplier à l’intérieur de la cellule. Les essais cliniques se multiplient comme avec le favipiravir. On en vient à abandonner la combinaison du ritonavir et du lopinavir, définitivement inefficace contre le coronavirus. D’autres combinaisons sont à l’essai.

2 Les vaccins
C’est l’autre stratégie, elle est préventive. Comprenez : les vaccins ne seront utiles qu’en cas de retour du virus qui trouverait alors un terrain immunisé par le système immunitaire, « informé ». Il existe au moins 41 candidats, selon l’OMS.
• Le plus prometteur a déjà été testé sur des singes, immunisés. On l’inocule aujourd’hui à 108 volontaires, non touchés par la maladie, de 18 à 60 ans pour déterminer la dose optimale pour la production d’anticorps.
• Une association internationale, le Cepi, finance huit projets de vaccins recombinants, protéiques et à base d’acides nucléiques.

3 Les autres pistes
En Espagne, le gouvernement finance un vaccin vivant atténué plus facile à fabriquer et capable de doper le système immunitaire. Il consiste à fabriquer une copie modifiée du virus pour activer nos défenses immunitaires. Le propre du vaccin. On recense à ce jour plus de 2 000 brevets de lutte contre les deux coronavirus (80 % d’agents thérapeutiques, 35 % de vaccins, 28 % de techniques de diagnostic).
Plusieurs dizaines de brevets sur des vaccins potentiels contre le SRAS et le MERS servent à accélérer les essais cliniques et expérimentaux sur le SARS-2.
Reste l’essai clinique à grande échelle mené par L’OMS, Solidarity, centré sur le traitement de la covid-19. Collaborent l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Bahreïn, le Canada, l’Espagne, la France, l’Iran, la Norvège, la Suisse et la Thaïlande, en attendant que d’autres pays ne se joignent à l’affaire.
Une certitude : le SARS-CoV-2 se heurtera dans quelques moins à une barrière ou à un vaccin. Mais c’est maintenant que les soignants/es attendent désespérément la parade. Si l’hydroxychloroquine si controversée bloque le sas du virus à des doses inférieures aux effets secondaires redoutés, ne serait-il pas « intelligent » de la donner aux malades critiques comme le bon sens semble le vouloir, sans porter atteinte aux urgences des autres malades victimes de lupus et de polyarthrite ?

* Premier moteur de recherche de données bibliographiques de l’ensemble des domaines de spécialisation de la biologie et de la médecine, développé par le Centre américain pour les informations biotechnologiques (NCBI). Gratuit, il donne accès à la base de données bibliographique Medline de citations et de résumés d’articles de recherche biomédicale.

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