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La polémique enfle autour d’un médicament tenu en grande défiance par la plupart des infectiologues.

Décidément, la chloroquine, plus précisément l’hydroxychloroquine, continue à défrayer la chronique covid-19. Le 27 mars, les réseaux sociaux ne parlaient que du médicament supposé efficace, à partir d’un tweet du professeur Didier Raoult, le si controversé infectiologue de Marseille pour lequel l’antiviral administré aux prémices de la maladie serait efficace.
Que disait le tweet ? « Dans le cadre de l’urgence sanitaire, l’hydroxychloroquine peut être prescrite en traitement de la covid-19. Merci à Olivier Véran pour son écoute. »
Didier Raoult s’est-il un peu avancé ? Oui et non.

Décret mal rédigé

Car le ministre de la Santé Olivier Véran ne tient pas vraiment le même discours. Dès le 26, il explique sur France 2 qu’il « ne fera pas de pari sur la santé des Français/es ». Le décret (n° 2020-314 du 25 mars 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire) dispose que « l’hydroxychloroquine et l’association lopinavir/ritonavir peuvent être prescrits, dispensés et administrés sous la responsabilité d’un médecin aux patients atteints par la covid-19, dans les établissements de santé qui les prennent en charge, ainsi que, pour la poursuite de leur traitement si leur état le permet et sur autorisation du prescripteur initial, à domicile. » Feu vert, donc ? Sauf que le décret précise :
« Pour l’application du présent article, sont considérés comme établissements de santé les hôpitaux des armées, l’Institution nationale des Invalides et les structures médicales opérationnelles relevant du ministre de la Défense déployées dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire. » Faiblesse de l’expression : le texte circonscrit-il l’utilisation du médicament à ces seuls établissements ou bien les inclut-il dans l’ensemble des établissements, militaires ou pas ? La première interprétation serait pour le moins « anormale »…
Au final, inutile de se précipiter chez son médecin pour lui arracher une ordonnance : les pharmacies d’officine ne délivreront ni hydroxychloroquine ni lopinavir/ritonavir.

La valse-hésitation continue

« Je ne comprends pas ce qui se dit sur la choloroquine », pousse Marine le Pen, présidente du Rassemblement national, sur France Info, le 30 mars, avec cette faculté qu’elle a de traduire parfois une interrogation partagée. « Alors que le professeur Didier Raoult prescrit son utilisation en début de maladie, le gouvernement semble ne l’autoriser que pour les cas graves… » Ce que confirmait sur la même radio un médecin hospitalier en précisant que l’antiviral n’était administré qu’en complément d’autres médications et en fonction du/de la patient/e. Quant au professeur Xavier Lescure, infectiologue à l’hôpital Bichat de Paris, il maintient les risques de toxicité cardiaque en cas d’automédication – ce qui ne présage en rien de l’efficacité du médicament sur des malades sous contrôle.

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