À bientôt, insouciance ?

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Ce pays a le blues.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

Ça ressemble à la ville d’avant. Mais pas tout à fait. Certes, ces passants masqués rappellent que nous sommes déconfiné.es sous surveillance, les magasins ouverts s’adaptent à des degrés variés aux recommandations « barrières », les terrasses fermées renient l’insouciance et, tous les jours, on nous redonne une louche d’anxiété. Comme ces scientifiques qui nous montrent de malheureux cobayes se contaminer d’une cage à l’autre simplement parce que, toux, éternuements ou postillons ou pas, le coronavirus « vogue » dans l’air. Moralité : tous masqués, en permanence, tous menacés – lors de l’épidémie de peste aux États-Unis, des dames masquées portaient autour du cou une pancarte qui se voulait drolatique : port du masque ou prison !

On n’en est pas loin et notre moral s’en ressent.

Un sondage Yougov pour le magazine Society traduit pleinement notre morosité hexagonale : un tiers d’entre nous restons volontairement confiné.es depuis le 11 mai ! Seuls 9 % répondent : « J’ai repris une vie normale. » Nos jeunes gens ne font pas partie des plus exubérants : 38 % des 18-24 ans « souhaitent rester chez eux » ! La raison ne laisse planer aucun doute : 67 % des sondé.es ont peur du virus… Et un non négligeable 27 % affirment que « rester le plus possible chez moi sans voir personne me plaît ».

Bon, mais bientôt les vacances, cher.es compatriotes ! Des clous ! Nos Français.es sont 43 % qui n’ont pas prévu de partir… (13 % ont annulé leur départ, les 34 % d’estivants affirmés sont 77 % à rester en France).

Aurait-on pu vivre plus sereinement cette catastrophe silencieuse où les guéris et les non-atteints sont immensément plus nombreux que les touchés et les morts ? Quand 98 % des malades réchappent au virus ? Apparemment non. Aucun gouvernement n’a pu gérer la crise avec une dose d’optimisme et de sérénité. C’est là tout le paradoxe de ce virus qui épargne tant ! Pourtant, aux États-Unis, le pays champion de la course au vaccin, lui qui mobilise son armée et ses milliards pour terrasser l’épidémie, son président, le gros Trump, a confirmé prendre chaque jour son petit cachet d’hydroxychloroquine… Ouf, merci au blond adepte du fameux Dr Raoult de me donner l’occasion de terminer sur un sourire.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

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