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Dernière volonté, ne pas mourir à cause d’un virus…
Mourir de la covid-19 serait-il aussi indécent que de décéder des « suites d’une longue maladie » comme l’on euphémise souvent le cancer ? C’est ce que si semble avoir dicté à la famille de Daniel Bevilacqua, Christophe – le saint patron des automobilistes, passion du chanteur –, l’idée que le vieil homme a succombé à un « emphysème », une malade pulmonaire.
En mars, on avait parlé d’une « insuffisance respiratoire » quand le Parisien avait confirmé qu’il avait été testé positif covid-19. Son transfert à Brest fait pourtant bien partie des mesures de délestage des hôpitaux parisiens. Au fond, peu importe. Une voix aiguë, aux deux sens du terme, s’est éteinte.
Le premier succès se nommait Aline, tube de 1965, un peu en décalage de la vague yéyé. Les paroles sensibles de Jean-Michel Jarre, se sont gravées, en 1973 et 1974, dans Les Paradis perdus et Les Mots bleus, deux autres « tubes » phénoménaux.
Puis une décennie se passe avant que Christophe réveillé ne lance cinq albums entre 1996 et 2016, année de son dernier disque, Vestiges du chaos.
Il pleuvait sur Brest
Il est vrai qu’il avait de quoi occuper ses années, entre les courses automobiles et sa passion d’antiquaire. Les deux chansons qui l’ont à jamais inscrit dans une vie aisée, au-delà d’Aline, sont Les Mots bleus et Señorita. Les Mots bleus, une déclaration d’amour impossible, Señorita, un hommage à la création cinématographique américaine, avec Marlon Brando, Viviane Leigh, Marilyn Monroe et James Dean, abondamment cités.
Comme Julien Clerc est né avec Étienne Roda-Gil, Christophe s’est lié à un parolier de génie, Jean-Michel Jarre, de trois ans son cadet. Leur éditeur commun, Francis Dreyfus, n’a alors pas encore publié Oxygène. Les Mots bleus sont de lui, mais Jarre a toujours dit s’être inspiré du « vrai Christophe ».
Christophe prenait son temps et se faisait plaisir, collectionneur des photos de Betty Page, de juke-box ou… de sièges de coiffeur, vêtu en chef cuistot. L’épidémie a beau l’avoir fauché à 74 ans, il n’était pas vraiment prêt à renoncer aux tournées ni à la pétanque, façon Salvador. Son troisième âge lui a été interdit, comme son premier l’avait comblé.