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Dès l’école primaire, vos enfants vous réclament un petit pécule pour s’acheter friandises, cartes à collectionner ou accessoires superflus (Alceste, sa mère à Alceste, elle lui a donné 5 euros !). Vers 6-7 ans, c’est le début du « salaire » (Rufus, sa mère à Rufus, elle lui donne 5 euros toutes les semaines !). Les questions tombent entre mère et père : combien ? Tous les combiens ? Et quels avantages pour nos bambins ? GEOFFREY WETZEL
« Plus les années passent, et plus on observe une transparence vis-à-vis de l’argent entre parents et enfants. Les factures – et même les salaires – des parents ne sont plus un secret pour nos petit·es. Les jouets coûtent de plus en plus cher, les enfants intériorisent le prix, parfois à l’euro près, de leur jouet préféré, ils sont déjà dans le calcul », constate Florence Millot, psychologue. Alors forcément, l’argent de poche s’invite très tôt dans le débat au cœur des familles. Une manière d’apprendre, piano-piano, la valeur des choses à un enfant… « Mais de là à ce qu’il·elle sache mieux gérer son budget à l’avenir, n’exagérons rien ! » tempère notre spécialiste.
Donner un peu moins que leurs « besoins »
Une valeur pédagogique. Voilà sans doute la première vertu de l’argent de poche. Apprendre à calculer et compter ses pièces de monnaie. L’argent de poche n’a d’intérêt que s’il est matériel, les pièces et billets ont un sens, « les cartes bancaires ou porte-monnaie sans contact ne remplissent pas ce rôle, c’est totalement abstrait et ce sera pris comme un jeu, pour un enfant », pointe Florence Millot.
Sur la fréquence, mieux vaut donner un peu toutes les deux semaines, puis, par exemple, une fois par mois quand les enfants grandissent. « Les familles donnent une somme très variable à leurs enfants, il n’y a pas de règle […] mais je conseille souvent de donner un peu moins que ce dont ils ont en réalité besoin », explique la psychopédagogue. Essentiel donc de connaître les besoins de son enfant. Donner un peu moins, « c’est un apprentissage de la frustration et donc de la valeur du manque », calcule Florence Millot. L’argent de poche développe aussi la patience.
« La valeur de l’argent s’apprend aussi dans l’adversité »
L’objectif de l’argent de poche tend également à développer un peu plus d’autonomie chez l’enfant. Avec ce que j’ai, j’achète ce que je souhaite. Bien entendu, les parents émettront des jugements sur ce vers quoi les enfants se tourneront, ils auront tendance à accompagner les achats de leurs mômes. Mais l’enfant apprend tout doucement à gérer. À faire « comme les grands ». Même si, pour Florence Millot, être économe ou dépensier·ère demeure plus profond que ça, « il y a des enfants qui sont déjà très économes – des petits Picsou ! – ils le seront toujours à l’avenir… et inversement, pas sûr que l’argent de poche joue un rôle majeur sur notre relation future avec l’argent ».
Donner de l’argent de poche en dessous des attentes de l’enfant développerait, selon notre psychologue, « l’envie de réussir ses études, travailler pour gagner son propre argent, la valeur de l’argent s’apprend aussi dans l’adversité ! » Pas de doute, l’argent de poche bien géré offre quelques vertus…
Mais combien ?
- Entre 6 et 8 ans, plutôt une petite somme par semaine plutôt que par mois (c’est difficile de se projeter sur 30 jours). Un ou deux euro(s) hebdomadaire, c’est raisonnable.
- Pour les 8-10 ans, 10 euros environ (par mois), bon repère.
- Entre 11 et 13 ans, le « budget » pourrait atteindre entre 15 et 20 euros par mois.
- À 14-15 ans, l’argent de poche mensualisé se chiffre entre 20 ou 30 euros mensuels.
Le tout selon les possibilités du budget familiale et le nombre d’enfants. Attention, l’argent de poche n’a rien d’obligatoire et se montre « suspensible » à tout moment.