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Pourquoi vous intéressez-vous aux ados spécifiquement ?
L’adolescence est une période charnière, difficile bien souvent à vivre pour toute la famille. Les ados ne sont pas encore adultes et ils n’aiment pas non plus qu’on les infantilise. Cette ambiguïté explique en bonne partie leur malaise. J’ai moi-même eu 4 enfants, je sais de quoi je parle ! Cette période de leur vie n’est pas toujours facile à appréhender côté parent et à ce jour rien n’est fait pour leur venir en aide. J’ai voulu m’y mettre !
En quoi consiste votre plan d’aide à la parentalité ?
Le plan d’aide à la parentalité est inédit car il prend en compte la famille dans son aspect global. Il inclut la petite enfance, l’adolescence, le jeune adulte, le futur parent, le parent et les personnes vieillissantes. Le lien intergénérationnel doit exister. Mes actions sont tournées vers tous les âges, toutes les étapes de la vie d’une famille. Je ne veux plus qu’on sectorise la famille et nous devons envisager une prise en charge transversale.
De quoi ont surtout besoin les parents d’ado, aujourd’hui ?
Savez-vous que 57% des parents d’ado disent qu’éduquer leur enfant est devenu « beaucoup trop compliqué » pour eux ? Certains sont en effet totalement désorientés et demandent de l’aide. Ce constat m’oblige, en tant que Secrétaire d’Etat chargée de la famille. Par exemple, la multiplication des médias qui donnent accès à une masse d’informations aux ados peut engendrer des comportements à risques tels que les addictions aux drogues et aux jeux vidéo, des dérives sectaires. Le plan de soutien à la parentalité a pour ambition d’accompagner les familles confrontées à ces difficultés.
Quelles mesures concrètes mettez-vous en oeuvre pour leur venir en aide ?
Mon objectif est de valoriser, coordonner et fédérer ce qui se fait déjà sous l’appellation « Maison pour les familles ». Nous identifions et agréons des lieux bien spécifiques qui proposent des réseaux d’écoute et un accompagnement dans l’éducation. Il peut s’agir d’une aide pour faire face à des problèmes de santé, d’accompagnement scolaire en dehors de l’école ou de tout autre difficulté rencontrée par les parents dans l’éducation de leur enfant.
Quels réseaux sont concernés par cette appellation ?
Tous ceux subventionnés par la CAF, les Conseils Généraux, les communes et le monde associatif en général. Ces réseaux existent bel et bien, mais ne sont pas connus sous l’identité de la famille, d’où la nécessité de créer cette appellation.
Qui aura accès à l’appellation « Maisons des familles » ?
Mon ambition est d’aller au plus près des Français, qu’ils soient en zone rurale ou en zone urbaine. Proximité et quotidien sont les maîtres-mots de cette démarche et j’y associe tous les échelons : la communauté de communes, la commune, le quartier… Nous partons de réseaux existants, nous les structurons. Un appel à projet a été lancé pour rédiger une charte d’adhésion. Toute association répondant à cette charte pourra obtenir l’appellation qui aura pour critère de fond, l’innovation sociale.
Comment renforcer le lien familial ?
Le lien familial est complexe et il est de mon devoir de tout mettre en oeuvre pour éviter la fracture. Ainsi, « les Maisons pour les familles » font de la prévention et nous avons créé la médiation pour gérer au mieux une séparation ou un divorce. Mais faut-il attendre la fracture au sein du couple pour agir ? Non ! Les couples doivent mieux se préparer au mariage civil.
En quoi consiste cette préparation au mariage civil ?
Je propose aux mairies un kit de préparation au mariage civil qui permette aux futurs époux de prendre connaissance, en amont du jour J, de leurs droits et de leurs devoirs. Je prévois également un référentiel destiné aux élus et à leurs adjoints leur permettant de détailler les six articles du Code civil qui régissent le mariage et de s’adapter aux attentes des couples tout en respectant les exigences légales. Ce n’est pas une « assurance anti-divorce », comme certains l’ont présentée, mais la garantie du respect d’un engagement républicain.
Comment résoudre le problème des familles monoparentales ?
19% des familles aujourd’hui sont monoparentales. Parmi elles, 85% sont représentées par des femmes « chefs de famille ». Ces mères vivent souvent dans des situations très difficiles. La plupart ont été abandonnées par leur conjoint et doivent assumer seules les dépenses et l’éducation des enfants. Les conséquences sur les enfants et notamment chez les ado peuvent être catastrophiques. Aussi, je souhaite rappeler aux parents leurs responsabilités : l’article 371-2 du Code civil leur confère une obligation alimentaire, une obligation du soutien et d’entretien de l’enfant.
Jusqu’à quel point l’école doit-elle palier les défaillances des parents ?
La sphère familiale va bien au-delà de la sphère de l’école. Mais les uns et les autres doivent « marcher main dans l a main » pour le bien-être et le développement harmonieux de l’enfant. Je suis favorable à une responsabilisation plus grande des parents, allant même jusqu’à des sanctions plus sévères que celles qui existent si nécessaire. Par ailleurs, j’ai entendu des infirmières scolaires prêtes à permettre aux ados d’avorter de façon anonyme et gratuite, sans informer les parents, je dis non ! Vous ne pouvez conférer une telle responsabilité à une ado, alors même qu’elle est sous la responsabilité de ses parents. Les familles doivent connaître le devenir de leurs enfants ! L’avortement est un acte important. Si une ado décidait de faire ce choix, elle devrait être accompagnée, tant sur le plan médical que sur le plan familial. Il est regrettable qu’une jeune fille doive assumer toute seule un acte aussi grave et lourd de conséquences.
Interview réalisée par Marie BERNARD