Temps de lecture estimé : 3 minutes
Un bambin ne s’exprimera de façon compréhensible qu’aux alentours de 3 ans. L’occasion d’essayer une méthode pour communiquer avec lui à partir de 6 mois : le bébé vous « parlera » et vous « entendra » sans pour autant que soit ralenti l’apprentissage du langage. Étonnant et magique !
Communiquer avec son enfant est un processus long. À part le « parler bébé » controversé qui manque totalement sa cible, il n’existe guère de moyen de se faire comprendre par le petit bout dont il est bien souvent difficile d’évaluer le langage non verbal. Il est généralement admis que l’enfant babille dès un mois jusqu’aux alentours de 3 ans. Il émet de petits sons, surtout des voyelles. Les premiers mots arrivent vers 10 mois. Vers 12 ou 14 mois, votre prodige va comprendre que les mots qu’il prononce ont un sens. Vers 18 mois, il/elle va combiner des mots qui ne sont, à cet âge, pas forcément dans le bon ordre. Ni compter le bon compte de syllabes ! Ga bu zo meu n’est guère explicite, et il existe de grandes chances qu’à cet âge « encore » se limite à « enco ». Le conseil, « alo » : répétez ses phrases, enrichissez-les, surtout en évitant le « langage bébé » (qui est à lui, pas le vôtre). Cette phase d’expression et de formulation durera entre 18 et 24 mois. Et vers 3 ans, l’enfant sera capable de parler de manière compréhensible. C’est d’ailleurs l’une des deux choses essentielles, de concert avec la « propreté », qui déterminent son entrée à l’école maternelle.
Langage des signes : une méthode complémentaire de soutien
Des premiers mots énoncés dans son effort passionné de communiquer, au stade où votre enfant aura dompté le langage, s’écoule une période où la communication-compréhension reste parfois difficile. C’est le moment idéal pour apprendre réciproquement le langage des signes inventé et perfectionné par trois « maîtres », l’Abbé de l’Épée qui l’a institué, l’Espagnol Pedro Ponce de Leon qui l’a co-inventé avec le Français Jacob Rodrigue Pereire. Parler ce langage, c’est « signer ». Dès 3 ou 4 mois, pratiquer cet échange avec les mains et l’expression (méthode Borel-Maisonny) va donner le moyen au futur parleur d’exprimer de nombreux besoins avant la maîtrise du langage oral. Vous récolterez les premiers fruits de la méthode vers 7-8 mois, quand le/la petit/e sera capable de reproduire les premiers signes qu’il aura compris. Comme toute méthode d’apprentissage, il faut veiller à ne pas vouloir griller les étapes. Rappelez-vous que tout est nouveau pour… un nouveau-né. En d’autres termes, veillez à mettre un place un signe à la fois et voyez comment réagit votre enfant. Une fois qu’il/elle aura compris l’apprentissage et ses répétitions, il ne lui faudra que quelques jours pour apprendre de nouveaux signes.
Comment s’y prendre ?
Dans cette forme d’échange, chaque « signe » est l’occasion d’y associer une action. Par exemple, pour demander à votre enfant s’il souhaite « encore manger », vous taperez deux fois dans votre paume. Comme la motricité fine va se mettre en place progressivement, il est tout à fait naturel que la façon dont votre enfant va signer se réalise de façon approximative. Comme pour le langage oral, le processus d’apprentissage passe par le signe appris que vous accompagnez verbalement en le reproduisant de façon précise. De quoi maîtriser une centaine de signes au quotidien. Imaginez vos échanges complètement évoluer grâce à la méthode ! Vous puiserez les signes dans les sites des dictionnaires pour signer comme Elix. À vous d’établir vos priorités de communication. Si vous souhaitez un guidage, des tutoriels sur YouTube ou des méthodes telles que 115 signes du quotidien vous apprendront rapidement la méthode.
Pour répondre aux critiques
On a reproché à la méthode de ralentir l’apprentissage du langage de l’enfant. Remarque peu fondée et peu justifiée. Si le langage des signes se montre parfois remarquablement utilisé au cours de l’apprentissage de la lecture ou durant des séances d’orthophonie, on voit mal pourquoi il retarderait l’accès à la parole vers 10 mois. La méthode des signes de Suzanne Borel-Maisonny a beau rester une technique de rééducation orthophonique, elle est aussi une méthode d’apprentissage de la lecture (Clotilde Silvestre de Sacy a adapté la progression à l’apprentissage pour faciliter la lecture des textes en les comprenant). Le langage des signes fonctionne comme un support de plus qui va aider votre enfant naturellement « sourd » au langage de l’adulte. Signer vient donc soutenir ce qu’il entend et ce qu’il comprend. Cette méthode est un simple renfort de communication. Il s’effacera progressivement pour laisser la place au langage verbal qui, lui, en sortira renforcé : la méthode des signes corrèle un son ou plusieurs à une action. Un pur bonheur.
Geoffroy Framery