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Manger cinq fruits et légumes par jour : une blague pour les sales gosses qui ne jurent que par les pâtes, steaks et friandises ! Vous avez le même à la maison ? Les bonnes raisons de lui lâcher les baskets.

« Mange ce brocoli ou je te confisque ton portable ». À mesure que Max prend de l’âge, les avertissements se font plus menaçants. La faute au ministère de la Santé dont les slogans moralisateurs ravivent la crainte d’abriter sous son toit… un enfant obèse ? Et si l’obliger à manger de tout revenait finalement à se tromper de combat… Contrairement aux idées reçues, ce qui menace la grande majorité des jeunes n’est pas l’obésité mais… la carence !

Un risque  d’obésité quasi nul…
«Une minorité d’adolescents est susceptible de devenir obèse, alors qu’ils sont tous susceptibles d’avoir des carences, rappelle le Pr Patrick Tounian, pédiatre et nutritionniste. A cette période de la vie, on ne boit plus de lait sous prétexte que cela « fait bébé » et les filles ont leurs premières règles. Les besoins en calcium et en fer augmentent ». Quant à savoir si l’on peut faire confiance à l’instinct adolescent qui les mènent invariablement vers les pâtes, l’expert nous rassure. « La plupart des ados trouvent ce dont ils ont besoin dans les aliments qu’ils préfèrent ! ». Son « score » n’est crédité que de cinq fruits et légumes par… mois ? Il mange toujours la même chose ? « Rien de bien inquiétant du tout, sourit le Pr Tounian. Si un ado n’a pas mangé équilibré pendant quelques années de sa vie, il ne lui arrivera rien ». Alors on respire ?

Attentions aux carences !
« Des parents angoissés que leur adolescent ne mange que des pâtes, du riz et des nuggets, j’en reçois tous les jours dans le cadre de mes consultations, confie le pédiatre, auteur de Obésité infantile : Pourquoi on fait fausse route (éditions Bayard). Pourtant, dans la très grande majorité des cas, les bilans font ressortir que ces patients sont en pleine santé et ont une croissance totalement normale ». A ceux qui souhaitaient faire de l’alimentation variée leur nouveau cheval de bataille éducative, le professeur conseille habituellement de « mettre ce problème de côté et se recentrer sur les autres : drogue, alcool… ». Convenons qu’il y a souvent là, l’embarras du choix.

Laissez le se construire !
Empêcher son enfant de consommer à gogo ses aliments préférés est mauvais pour une autre raison : il empêche l’ado d’être lui-même. « Pour les jeunes, il y a derrière la consommation de kebabs et hamburgers la même recherche que lorsqu’ils portent des baggies et se coiffent de manière disparate : l’intégration de la planète ado », souligne le pédiatre. S’il fait des fixations sur un ensemble réduit d’aliments, il faut donc « trouver cela rassurant plutôt que l’interdire ». Et cesser de se crisper à chaque repas, histoire de détendre l’ambiance familiale.

Viande, fromage, steak et yaourt: vérifiez le compteur !
« La nature est bien faite. Même lorsque les jeunes ne mangent pas suffisamment de viandes et de produits laitiers, leur organisme s’arrange pour absorber une quantité plus grande de fer ou de calcium », explique le Pr Tounian. Le rôle des parents n’est pas de multiplier les menaces pour leur faire ingurgiter les aliments les plus incongrus, mais de s’assurer que leurs grands enfants aient régulièrement la possibilité de consommer des produits laitiers et de la viande. Facile. Les yaourts, le fromage, les steaks, le poulet, ils en raffolent. Aux parents qui souhaitent concocter des milk-shakes aux fraises, aux poires ou aux épinards pour faire avaler à leur gamin ce qu’il ne touche qu’avec les yeux, le nutritionniste concède : « Qu’ils le fassent. Le milk-shake aux fruits et légumes, c’est bien pour le milk… », commente le Pr Tounian.

Gardez la pêche !
S’il ne faut pas s’affoler des « mono-envies » passagères de votre nouveau grand, il reste bon de lui rappeler qu’il existe autre chose que les pâtes dans la culture gastronomique Française. Toute une éducation. Selon le Dr Laurence Lévy-Dutel, auteur de Les ados, qu’est-ce qu’ils mangent, pourquoi, comment, où ? (éditions Amphora), il est préférable d’ « opter pour une initiation progressive ». L’endocrinologue nutritionniste note que « les parents doivent montrer l’exemple en consommant des légumes et en montrant le plaisir qu’ils ont à les déguster ». En clair, la balle est dans votre assiette.

Propos de Florence PERCEVAUT.

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