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La présidente de la Commission voudrait bien coordonner le déconfinement… sans vraiment y croire.
Au moins aura-t-on constaté, si l’on n’en était pas encore convaincu, que l’Union européenne n’est en rien… une union. À peine économique. Ou pas même économique. La présidente de la Commission, l’Allemande Ursula von der Leyen, ne lèvera sans doute pas ce constat. L’échec, hier soir, de la définition d’une enveloppe d’aide de 240 milliards d’euros n’aide en rien la Commission à asseoir sa crédibilité.
Or c’est précisément pour essayer de redonner une voix cohérente aux 27 pays de l’Union que la « patronne » élue à une courte majorité le 16 juillet 2019, a été chargée par les pays membres, le 26 mars, de préparer une stratégie de sortie. Elle donnera des « orientations », ce qui, dans le langage diplomatique de Bruxelles, suppose quelque chose entre « vœux » et « suggestions ». Pas de quoi fédérer 27 États qui jouent bien au contraire la carte du repli sur soi. À défaut d’avoir pu coordonner le confinement, l’UE voudrait désormais coordonner le déconfinement. La poussent en ce sens les premières annonces de levée des contraintes de la part de l’Autriche, du Danemark, de l’Allemagne et même de l’Italie et de l’Espagne. Ce sera en tout cas sans la France, maintenue en prison chez soi par un conseil scientifique apparemment tout-puissant auquel s’est voué, dès les premiers jours, un gouvernement trop content d’évoquer la loi suprême de l’orthodoxie savante.
Mais l’ordre dispersé des stratégies sanitaires pourrait coûter encore plus cher à l’Europe. Désignée épicentre de la pandémie le 11 mars par l’OMS, l’Europe s’est barricadée sans concertation. Une journaliste de la BBC de Londres y voit la cause de l’aggravation du bilan par rapport à la Chine, frappée dans une ville et une province et autoritairement confinée sur l’ensemble du continent. En Europe, les foyers se sont allumés sans logique apparente et les mesures ont différé du tout au tout. « C’est la cacophonie, opine un haut fonctionnaire dans un quotidien britannique, ce qui semble paradoxal de la part d’un pays plus vraiment européen. Alors que de nombreux pays et banques centrales font des annonces pour lutter contre l’épidémie, il n’existe pas de ligne directrice européenne. Il est grand temps d’en avoir une si nous voulons éviter que la crise économique qui nous attend ne se transforme en crise financière. » C’est un peu tard. Et un peu court.
Pour l’heure, l’impossible consensus commence même avec le périmètre de la prise en compte des dépenses extraordinaires décidées pour lutter dans l’épidémie : entreront-elles dans le calcul du déficit de chacun ou pas ? La France plaide pour, l’Allemagne contre. La Banque centrale européenne sous la houlette de la Française Christine Lagarde pourrait-elle se poser en arbitre comme elle joua ce rôle en 2008 en pleine crise des subprimes ? C’est en tout cas son intention.