Décovidement comme avant

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Tout montre que, sous peu, le monde voudra retrouver la vie d’avant. Mais nous sortirons du confinement comme d’un rêve : avec le goût d’un autre monde.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

Dans ma rue, le trafic est revenu. « Avant », la voie principale du village drainait un flot incessant d’autos conduites par des travailleurs qui allaient « embaucher » à Beauvais ou à Paris parce que la « quatre voies » parallèle saturait. « Pendant », le moindre véhicule qui s’aventurait dans la traversée du village suscitait presque l’inquiétude. À Paris, il suffira de quelques jours pour que métros et RER ne retrouvent la presse quotidienne pour le bonheur des pickpockets. Et dès demain, la circulation parisienne sera à nouveau au seuil des embouteillages aggravés par les voies vélos qu’une Hidalgo se dépêchera de pérenniser.

Demain, enfin, je parlerai d’autre chose que du Sars-CoV-2. Regardez bien : la thématique Covid-19 de la lettre quotidienne que vous lisez n’occupe plus le premier plan. Vos mails ne vous expliquent plus comment vous prémunir ou ne vous annoncent plus que, malgré la crise, le business continue. Les JT ne s’ouvriront plus sur l’annonce qu’ils sont « Spécial Coronavirus » et les sempiternels reportages sur les gens confinés, les gens dans les queues, les gens dans les lits, les médecins dans la cour de leurs hôpitaux et la vie au quotidien des caissières/éboueurs/coursiers vont rentrer dans les archives. L’événement du jour sera l’épuisement des coiffeurs, ouverts non-stop, les plages bondées face à des bars et des restos encore fermés – on parie que « le plan » va anticiper leur réouverture sous la pression – légitime – desdits commerçants ?

Ah, oui, bien sûr, tout ce beau programme du « vite comme avant » pourrait se heurter à la fameuse « deuxième vague » que redoutent les soignants, toujours confrontés à leurs capacités d’accueil réduites qu’une politique « économique » de la santé avait, avant-covid, prônées, en même temps qu’elle laissait des millions de masques se périmer. Mais hors ce scénario macabre, nous allons vite revenir au métro-boulot-dodo en oubliant les grands changements que la crise sanitaire nous avait fait caresser : des sociétés moins financiarisées, moins mondialisées, moins polluantes, moins stressées peut-être, plus humaines. Putain de crise ! Non seulement les milliards d’humains oublieront vite les quelque 300 000 morts d’une pandémie banale, mais ils n’en tireront aucune conséquence, sinon celle de ne plus s’embrasser entre collègues, moins se serrer la main, éviter de travailler côte à côte. Avec le plébiscite du télétravail en ligne de mire. Enfin, un temps…

Dommage. Il y avait peut-être quelques petits bonheurs à récréer en ce monde enfiévré.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

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