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Mais qui se cache derrière ce flot de vêtements XXL ? À quelle tribu appartiennent ces fous qui dansent sur la tête ? La culture hip-hop n’est peut-être pas très loin.

Bérets trop larges, casquettes géantes, T-shirts longs comme des robes, baggys surdimensionnés : les hip-hoppeurs sont adeptes du gigantisme. Tout chez eux est grand, comme pour  mieux occuper l’espace. Ceux qui ne se glissent pas dans des vêtements XXL optent pour des chapeaux originaux et des salopettes colorées, s’affirment à coups de rayures, de lunettes  de mouche ou d’énormes bijoux. Point commun des membres de la tribu : ils ne passent pas inaperçu. Le hip-hoppeur est bien dans ses grosses baskets et son corps tout entier le clame haut et fort !

Pratique

Le hip-hop est avant tout connu pour être une danse. Pourtant, « ce terme est un générique regroupant plusieurs disciplines », explique Yacine Amblard, directeur de production de  l’association Moov’n Aktion. « Ces disciplines sont le rap, le human beatbox, la danse, le graff et le DJing ». En salle ou dans la rue, derrière des platines, devant des copains ou sur un  mur d’expression, « le hip-hop est avant tout une manière de s’affirmer à travers un mouvement créatif »,  poursuit Yacine Amblard. Sa pratique est régulée par « une transmission de  codes entre pairs. Souvent, l’aîné l’enseigne au plus jeune ».

État d’esp rit

Les hip-hoppeurs, quels que soient leurs looks ou leurs pratiques, se réunissent autour de cinq valeurs : peace, unity, love, having fun and knowledge. « Le fondateur du mouvement avait mis en place ces règles pour contrer les énergies négatives des gangs et les transformer en énergies positives et créatrices », explique Yacine Amblard. Le phénomène des  groupes au look rebelle fait parfois peur aux parents. « On en a souvent l’image de la racaille à casquette, avec tout ce que cela implique. Alors que le hip-hop est une pratique transversale qui fédère tout le monde », explique le directeur de production.

Origine

Le hip-hop est né dans les années 70 aux Etats-Unis, dans le Bronx de New York. « Des pratiques existaient de manière éparpillée au sein des communautés de jeunes qui vivaient dans les quartiers délabrés, affirme Yacine Amblard. Elles ont été fédérées par un DJ, Afrika Bambaataa. Dix ans plus tard, le hip-hop s’est fait connaître en France par l’émission de  l’animateur Sidney sur TF1. » Aujourd’hui, le hip-hop se diffuse auprès des jeunes par les ateliers, mais aussi via Internet. Les danseurs s’affrontent lors de rencontres ouvertes appelées battles ou défis. Celles-ci sont désormais répertoriées sur des sites tels www. style2ouf.fr, YouTube ou Dailymotion. Les hip-hoppeurs se filment, puis diffusent leurs vidéos sur ces sites, permettant ainsi à chacun de perfectionner sa pratique depuis sa chambre en les visionnant.

Mode de vie

Les ados hip-hoppeurs aiment par-dessus tout sortir et se retrouver en groupe pour danser, rapper, s’échanger des techniques de danse ou de graff. Dynamiques, adeptes de musique rythmée, ils ne manquent pas d’humour lors de leurs démonstrations en public, mimant des situations cocasses par la danse ou racontant leurs déboires à travers le rap. « Le hip-hop, c’est l’art du détournement, résume Yacine Amblard. Quand on se met à tourner sur la tête, on est dans une culture de révolution. Cela pousse à la créativité. » Une créativité que votre hip-hoppeur devra penser à valoriser sur son CV…

3 QUESTIONS À Hugues Bazin, auteur de “La culture  hip-hop” (Éditions Desclée de Brouwer)

Quel regard portez-vous sur les hip-hoppeurs ?

Ce sont des acteurs engagés qui réussissent dans la vie, car ils sont équilibrés. Quel que soit le métier dans lequel ils s’engagent, le hip-hop aura été une école de la vie qui apporte une véritable formation. Il y a une richesse incroyable dans cette pratique qui fait que l’on se retrouve en groupe pour développer sa propre recherche personnelle.

Quels sont leurs excès potentiels ?

Parfois, lorsque la compétition est plus sportive qu’artistique, les adolescents prennent des risques, se font mal à la colonne vertébrale. Mais les  aînés tempèrent les plus jeunes et sont là pour prévenir les risques. Les pratiques s’autorégulent.

Quel conseil donner aux parents ?

Comme il n’y a pas de discrimination intergénérationnelle dans le hip-hop et que les lieux d’expression sont ouverts à tous, je les encourage à se rendre à une battle pour comprendre la pratique réelle de leur enfant, qui peut être loin de l’image véhiculée par les médias.

En bref

Les valeurs du hip-hoppeur : Paix, unité, amour, fun et savoir

Ses excès potentiels : Aller chercher la performance sportive au risque de se blesser.

Conseils : Lui parler des limites de la liberté d’expression, dans le graff notamment.

Votre dico :

Breakdance : danse hip-hop pendant laquelle les breakeurs multiplient les figures spectaculaires au sol.

DJing : mixage de deux disques superposés, ensemble des pratiques du DJ.http://www.pedagogies-magazine.com/wp-admin/post.php?post=628&action=edit

Human Beatbox : faire la boîte à rythme avec la bouche, surtout le son d’une percussion.

Graff : peintures ou fresques réalisées par des graffeurs à la bombe aérosol.

Article réalisé par Florence PERCEVAUT

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