Adolescents dépressifs, l’approche nouvelle de la « thérapie totale »

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Chez un adolescent, tout comme chez l’adulte, le burn-out, apparemment soudain, n’est que le passage en mode off de tout l’être après une lente dégradation fonctionnelle. Mais pudiquement, l’on puise volontiers dans le registre des formes d’anxiété pour ne pas nommer ce curieux syndrome du beau nom de dépression. Que faire ? Déployer tout l’arsenal chimico-neurologique ? Surtout pas. Alors quoi ? Peut-être prêter l’oreille à l’approche radicalement nouvelle que déploie ce thérapeute autodidacte étonnant, Marc-Julien Arenas, concepteur d’une thérapie totale éponyme, la méthode Arenas. Ses succès constants auprès de malades de toute nature, accidentés de la vie, personnes atteintes de syndromes chroniques ou dépressifs sans issue commencent à susciter le bouche-à-oreille. Une branche de la psychiatrie valide son approche. Voyage en thérapie méconnue.

Lucas, 15 ans, bon élève, bosseur même. Jusqu’alors, le jeune homme n’avait guère causé souci. Sociable quoiqu’un peu chahuté au cours de ses premières années de lycée, il ne manque pas d’humour, même s’il manifeste un caractère quelque peu rigide. Au cœur de l’été, il se plaint d’un mal-être que l’on attribue à la canicule. Mais à l’automne, un matin, Lucas se sent incapable d’affronter son existence. Il plonge dans cet état de fatigue et de dépréciation, d’anxiété et de désorientation que le médecin généraliste juge assez préoccupant pour l’adresser à une consœur « psy ». Laquelle diagnostique une forme de dépression qu’elle nomme « anxiété dépressive ». Lucas supporte mal les anxiolytiques prescrits, associés à des antidépresseurs. Le voilà isolé dans son syndrome, éloigné de ses parents puisqu’il est interne de lycée. Pendant deux mois, alternent chez lui abattements, sommeil perturbé, symptômes clairement dépressifs, l’anhédonie des psychiatres. Il est déclaré dans l’incapacité de poursuivre un temps sa scolarité. « Je voulais ne plus prendre les anxiolytiques qui me semblaient accentuer mon malaise, dit-il, mais je me voyais mal le dire à cette praticienne qui sans doute m’aurait fait remarquer que si je ne suivais pas le traitement prescrit, je ne pourrais m’en sortir. »

Il entre en contact avec Marc-Julien Arenas que lui recommande le parent d’un condisciple dont le fils a bénéficié avec bonheur du soin global dispensé par cet ancien expert en communication de crise de 63 ans. Arenas n’est ni médecin ni psychologue de métier. Cet ancien journaliste fut un agent civil spécialiste appelé au nom de son expertise en communication sur des théâtres de guerre au cours des années 1990, en Bosnie, par les armées française et américaine (qui l’a même décoré !). Lui-même avait été victime dans sa jeunesse d’un accident de plongée qui l’a laissé aux prises d’acouphènes invalidants. En quête permanente du rétablissement de sa propre santé, il va passer une partie de sa vie à comprendre les interactions logiques d’un organisme humain dans sa totalité, corps et esprit, sans en isoler les fonctions à l’image d’une médecine de spécialistes, tantôt patient, tantôt soignant. Au terme de quelque vingt ans de recherches, il est désormais en passe de rédiger la synthèse de ses travaux sous forme de livres à paraître. Sa pratique élaborée d’un soin passe par sa maîtrise d’un « interrogatoire thérapeutique » inspiré par les approches militaires de pointe rarement accessibles aux civils (elles débouchent sur un véritable apaisement des tensions émotionnelles), une interrogation du corps par micropalpation (recherche des zones de résistance corporelles), à l’issue desquels il va orienter un protocole nutritionnel et limiter les agressions dans l’environnement du malade, clé du dysfonctionnement organique. Aujourd’hui installé à Andernos, au bord du bassin d’Arcachon, il s’est associé à Arielle Le Mée, une naturopathe que se disputent certaines personnalités monégasques et du monde du spectacle pour son savoir-faire en stimulation de la circulation lymphatique, pilier de la détoxination et du système immunitaire. Tous deux sont appelés régulièrement à intervenir dans la France entière, en Suisse et au Benelux.

La dépression, réflexe de sauvegarde

La plongée du thérapeute dans l’étude du fonctionnement de l’organisme humain lui montre que le seul « médecin » opérationnel capable de rétablir l’équilibre d’un être se nomme système immunitaire, garant du vivant depuis des millions d’années, dans une approche globale. « Le coup de pouce qu’un médecin ou un thérapeute est en mesure de donner, affirme-t-il aujourd’hui au risque de bousculer tout l’édifice convenu de ce que l’on nomme “maladie”, consiste d’abord à rétablir l’intégrité du système de défense immunitaire par la restauration de la flore intestinale et la réparation du système digestif, reconnu “premier cerveau” au nom d’un consensus scientifique en passe de (re)découvrir les mécanismes authentiques à l’œuvre dans l’organisme. »

Venir à bout de la dépression en soignant la flore intestinale ? Arenas l’affirme qui en veut pour preuve les résultats dont témoignent ses « impatients », comme il les nomme. Principe fondamental : se fier aux lois naturelles, largement menacées par nos modes de vie. Le système digestif piloté par les bactéries saprophytes qui nous constituent est sans cesse agressé par les aliments industriels et leurs traitements chimiques (« je ne suis bien sûr pas le seul à l’affirmer »), déséquilibré par des perturbateurs endocriniens, empoisonné par les pesticides unanimement dénoncés et bien sûr affecté par les régimes alimentaires burger-frites-pizzas chers aux ados (entre autres). Affaibli, le système immunitaire altère la fonction des neurotransmetteurs. Dans le cas de la dépression, l’on assiste de la part du cerveau proprement dit à un phénomène de délestage. La « surpression » (le stress permanent) déclenche une réaction de « dépression ». « Le système nerveux débranche en quelque sorte les fiches, image le thérapeute, de façon que l’adolescent – comme l’adulte – soit obligé de rompre avec les stress majeurs qui l’envahissent. Comme si le cerveau piloté par le système de défense immunitaire l’obligeait à se mettre en pause. » Prescrire alors des antidépresseurs, c’est en quelque sorte annihiler cette mise en pause naturelle décrétée par le système nerveux. C’est aussi prendre le risque majeur des effets secondaires catastrophiques des benzodiazépines, unanimement reconnus. Le corps médical ne l’entend pas autrement pour les adolescents : « Il serait catastrophique de médicaliser ces “plaintes”, encore plus de déclencher la prise d’antidépresseurs », s’exclame un médecin.

« Si l’on interroge bien les hommes […] ils découvrent d’eux-mêmes la vérité sur chaque chose » Platon

En interrogeant le jeune homme ou la jeune fille déprimé(e) mais à la manière des interrogatoires logiques et globaux conçus par l’armée, hautement interactifs – le jeu des implications des propos du sujet, de l’enquête –, Marc-Julien Arenas déclenche l’expression du stress, entend ce que la jeune personne va elle-même exprimer jusqu’à la pousser à formuler les réponses à ses propres questions. « Je joue les candides, j’endosse le rôle du lieutenant Colombo dans la mesure où, sans émettre de jugement, je veux comprendre. » En cas de face à face, une lecture psychocorporelle de la personne va d’autant mieux aiguiller les questions du thérapeute. Engagé(e) alors dans un programme de détoxination (toxines du corps)/détoxication (déchets lourds), de « reconstruction » dit Arenas, le sujet soumis au syndrome d’anxiété dépressive va remettre en route son système immunitaire, faire se cicatriser les lésions du système digestif. La « méthode Arenas » se préoccupe des apports naturels qui vont reconstruire toute la chaîne des éléments, puis veille à ce qu’ils soient acheminés à chaque cellule via les systèmes sanguin et lymphatique (la microcirculation, fonction largement inhibée par le stress déclencheur). « Je m’inspire largement de ce que j’ai appris sur le terrain en guerre, explique Arenas, face aux états de stress post-traumatique et leurs effets continus sur le corps, avec production de cortisol et d’adrénaline. La dépression appartient à ce type de réaction. »

À 17 ans, la jeune fille qui se tient devant lui exprime son peu d’appétit pour la vie. Le thérapeute s’étonne pourtant de celui qu’elle manifeste pour les pizzas, les burgers et autres boissons sodas. Elle veut « aller mieux », mais si possible sans rien changer de son mode de vie pour y parvenir. « C’est curieux, lui souffle son interlocuteur, comme vous faites tout pour vous sentir mal, peut-être cette souffrance vous apporte-t-elle quelque chose… » La petite provocation va relancer le dialogue, susciter les réponses. Face à sa « vérité », la jeune femme va d’elle-même adopter le comportement nouveau de sa reconstruction biologique. « L’environnement de nos jeunes gens multiplie les circonstances qui risquent de les entraîner dans la dépression. » À commencer par… leur naissance même. La multiplication des accouchements par césarienne au nom du principe de précaution – 1 sur 5 en France – constitue la première cause d’altération du microbiote (la fameuse flore intestinale) privé des bactéries maternelles essentielles acquises au passage du vagin. Mais au fil de sa vie, la jeune personne risque d’affronter le choc de la nourriture industrielle, celui de la compétition scolaire, le traumatisme des écrans, le sucre et le soda poisons, et même ses rapports avec ses parents qu’il faut prendre en soins aussi. Un stress continu qu’en fonction de son histoire spécifique l’adolescent surmontera… ou pas.

Vers une révolution thérapeutique

Dans la foulée des travaux de Robert Dantzer (Inra) qui a mis en évidence un lien entre dépression et inflammation, la psychiatrie est en passe de donner largement raison aux approches pragmatiques d’un Marc-Julien Arenas, ce non-scientifique qui ne peut se prévaloir que de ses résultats. La nouvelle branche qu’est l’immunopsychiatrie traduit la toute nouvelle approche de la dépression insensible à toute médication, considérée comme… une inflammation du cerveau. Une inflammation chronique, discrète, reconnaît-on, qui pourrait provenir elle-même d’une réaction anormale du système immunitaire altéré par la nutrition et l’environnement… Autrement dit, le constat même établi par l’empirisme du thérapeute d’Andernos.

Pour dépasser le cadre des suivis individuels qui se multiplient et qu’il ne peut désormais plus assumer seul, Marc-Julien Arenas a créé une association à but non lucratif – Centre de recherche et d’information en thérapie totale, écologique et restauratrice, Critter. Il se prépare à donner à sa « Thérapie totale » la dimension d’un réseau de minicliniques à travers lesquelles des formations à sa méthode thérapeutique assureront à terme l’effet multiplicateur dont il rêve : « Lors de la Journée mondiale de la Santé, en avril cette année, l’OMS a dénoncé la dépression comme deuxième cause de mortalité et de handicap dans le monde, s’inquiète le thérapeute. Une dépression, tout autant chez l’adolescent, implique une remise en route du système immunitaire. C’est pourquoi je soutiens la nécessité d’une détoxination/détoxication et la stimulation lymphatique, la lutte contre l’inflammation cérébrale à bas bruit que viennent de mettre en évidence les chercheurs et une nutrition adaptée. Une remise en état du terrain tout entier de l’individu et non pas des soins segmentés. Nous n’y parviendrons qu’au prix d’une révolution thérapeutique. »

Olivier Magnan

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