Pourquoi il faut interdire Tik Tok à vos enfants !

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Tik Tok est une application qui a su tirer parti des points forts de chaque réseau social pour devenir la plateforme la plus téléchargée dans le monde parmi les ados et les pré-ados. Face à ce succès planétaire, Parenthèse souhaite tirer la sonnette d’alarme au regard des nombreux dangers réels qui guettent vos enfants.

Tik Tok… Si ce nom ne vous dit rien, vous avez tout intérêt à vous pencher attentivement sur les lignes qui suivent. Pourquoi ? Simplement parce qu’il s’agit de la nouvelle plateforme, un réseau social si vous préférez, la plus téléchargée parmi les jeunes dans le monde entier. Ce ne sont pas moins de 46 millions de téléchargement en trois mois. Le principe : des vidéos de 16 secondes réalisées par ses membres, souvent en playback, avec possibilité d’ajouter des filtres, un montage simple…
Créé en Chine, Tik Tok doit son succès en Europe à son acquisition par Musical.ly, déjà plébiscité par les ados… Mais pas seulement. A la manière de Vine, les ados sont les stars du réseau et réalisent en mode « do-it-yourself » de petits sketchs, des tutos de maquillage, de cuisine, ou encore des défis comme ceux très nombreux de danse avec la reprise d’une chorégraphie précise ou encore le #shoechallenge qui consiste à changer de chaussures en rythme avec une musique… pour réaliser un montage efficace.

Baby stars… pour un public d’ados

Quel public retrouve-t-on sur ce réseau social ? L’application connaît sa plus large audience chez les 11-12 ans, et peu d’utilisateurs semblent dépasser la vingtaine. Les stars de l’application sont pour la plupart des ados de 13 à 18 ans. Des « idoles » connues hors de ce réseau y sont déjà présentes telles les jumelles Léna et Lisa, qui postent principalement des vidéos où elles dansent. De même pour d’autres célébrités numériques à la fois chanteurs et YouTubeurs comme Loren Gray, Jacob Startorius ou encore Baby Ariel. Tous n’ont pas plus de 15 ans et comptent une trentaine de millions d’abonnés chacun… Rien que ça ! La personne qui rassemble le plus de « like » en France est Léa Elui, âgée de 17 ans qui connaissait déjà du succès sur Musical.ly avec ses vidéos de danse du ventre… Elle compte aujourd’hui plus de 8 millions de fans sur l’application.
Le succès de l’appli réside également dans la technologie qu’elle propose, qui permet de travailler la créativité vidéo. Un concours, le « Tik Tok Real Short Award » a même été organisé. Ann Lupo la lauréate de ce premier concours a reçu une somme de 10 000 dollars pour continuer à exprimer sa créativité… en mode influenceuse sponsorisée… Vous l’aurez compris. Derrière un sobriquet qui sonne innocent et enfantin se cache une myriade de dangers potentiels pour vos enfants.

Une protection des données à renforcer et un risque pédophile

L’application a déjà montré des failles dans la protection des données de ses utilisateurs et semble ne pas protéger efficacement les mineurs, nombreux sur la plateforme, notamment en forçant tous les profils à être publics.
En d’autres termes, les règles qui restreignent l’accès à la plateforme ne sont que trop permissives. Par exemple, quand vous tentez de vous inscrire sur Tik Tok mais que vous donnez une date de naissance située après 2005 (moins de 13 ans, donc), un message vous envoie automatiquement « Oops, désolé, il semblerait que vous ne soyez pas admissible ». Mais il est bien sûr possible de tricher… Car aucun justificatif n’est exigé. Il suffit de mentir sur l’âge au moment de le renseigner. Cette triche est plus que courante. En atteste le cas de deux ados stars.
Brianna Buchanan et Danielle Cohn, deux stars de la plateforme, sont aujourd’hui respectivement âgées de 13 et 14 ans. Elles ont toutes deux commencé sur Musical.ly (nom de Tik Tok avant son rachat) quand elles en avaient 11. Oui ça peut faire sourire de voir votre petite nièce se déhancher sur du Beyoncé pendant le dernier repas de famille mais imaginez le nombre d’ados qui postent des vidéos de danse sexy. Par exemple, et ce depuis l’équivalent du CM2, Brianna Buchanan et Danielle Cohn postent des vidéos de danse dans lesquelles elles sont généralement vêtues d’un minishort et d’un crop top (entendez un haut coupé après la poitrine). Elles comptent 1,7 million et 11 millions d’abonnés… En effet, les utilisatrices imitent souvent des danses vues dans des clips comme le twerk (danse qui consiste à se filmer cambré et à se mouvoir pour mettre en évidence les mouvements de son postérieur…
De l’autre côté du miroir, ou plutôt du smartphone, la sécurité n’est guère plus de mise. Toutes les vidéos sont publiques par défaut et donc à la merci de millions d’internautes qui pour visionner ces contenus n’ont besoin que de cliquer en synchronisant l’application avec leur compte Facebook, Instagram, Twitter, Google…
Autre faille du système à l’heure où nous vous écrivons ces lignes, la facilité de contacter les membres du réseau. Les profils des utilisateurs sont eux aussi publics. Et pour les contacter, il suffit juste de les suivre, autrement dit de s’abonner à quelqu’un pour pouvoir lui envoyer un message.
Last but not least, soulignons que les vidéos publiées sur cette application peuvent facilement être exportées ou copiées. Des vidéos que l’on retrouve aussi sur YouTube et d’autres réseaux sociaux. Vous voyez ici poindre l’effet boule de neige…

Ados et pré-ados se filment en reproduisant des danses sexy et lascives, vidéos ensuite rendues publiques

L’hyper-narcissisme comme seule règle

Les codes de Tik Tok sont similaires à ceux véhiculés dans les émissions de télé-réalité. Culte du corps et normalisation des canons esthétiques. Chaque jour, les ados sont abreuvés de vidéos qui renvoient à une idée superficielle du beau : il faut être mince, voire maigre, savoir se déhancher beaucoup et parfois se dénuder ou porter des vêtements moulants.
Un peu comme sur Instagram, mais cette fois-ci de façon filmée, chaque utilisateur tente de se mettre en valeur en utilisant toute une palette d’options. Les ados n’attendent ici que likes, des partages et des commentaires vantant leur plastique. C’est d’ailleurs la principale nature des commentaires. Très peu s’attardent sur le fond de la vidéo (parce qu’il n’y en a pas) ni sur la technique. Trop souvent, les commentaires s’attardent sur la plastique de ces ados…
C’est un système de récompenses connu, ici comparable à Facebook. On poste pour avoir la récompense du like. Mais cela va plus loin dans le narcissisme. Un des challenges de ces derniers mois était le suivant : se farder pour paraître « moche » à coups de perruque ou de faux maquillage et ensuite enlever tous ses artefacts de laideur pour montrer que finalement on est « beau gosse » ou « belle gosse »…
Dans une émission de France Inter, la journaliste Sonia Devillers, qui saisit au bond les tendances que renvoient les réseaux sociaux, analyse le problème avec acuité : « Plongée dans l’esthétique corporelle d’une jeunesse totalement clonée : toutes, les cheveux longs ; toutes, la poitrine très rehaussée ; toutes, le t-shirt coupé sous les seins ; toutes, le ventre ultra-plat, nombril dénudé ; toutes, les fesses rebondies ; toutes, quasi le même visage à la fois lisse et mutin. C’est complètement flippant. D’autant plus dérangeant qu’elles dansent toutes de la même manière, déhanchant du petit popotin et balançant leurs seins en avant. Une gestuelle hyper-sexualisée reproduite à l’infini par des très jeunes filles qui se copient dans le monde entier. »
Notons aussi que beaucoup des utilisateurs sont ceux qui demandent des commentaires gentils si on regarde les néophytes du réseau. Cette demande qui peut paraître tout à fait naïve montre également les dérives possibles en termes de cyber-harcèlement. Car les commentaires méchants sont tout aussi nombreux que ceux flattant le physique des jeunes filles en vidéo sur le réseau social.

L’hyper-sexualisation inconsciente

Food challenge dans lequel il s’agit de manger un repas gargantuesque en se filmant, Blue whale challenge, Ice bucket challenge… Le réseau social Tik Tok a tout compris pour créer le buzz et la viralité en reprenant les codes de ces jeux dangereux. Les ados adorent ce type de pratiques où il s’agit de se filmer en arborant des tenues déshabillées ou en reprenant une chorégraphie plutôt lascive. Rappelons que la majorité des utilisateurs ont moins de 15 ans… Certains blogueurs dénoncent également le réseau en ayant découvert des comptes appartenant à des hommes qui ne suivent que de jeunes filles jeunes et ne « likent » que des danses lascives et dévêtues. Tik Tok servirait de catalogue et de point de rencontre pour ces gens. Sur ce sujet, une enquête du South China Morning Post prouve que des prédateurs auraient déjà envoyé des messages à des enfants de 8 à 12 ans résidant en Chine, en Australie et aux États-Unis pour leur demander des photos dénudées. Autant de risques réunis à quelques clics de votre progéniture.

Geoffroy Framery

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