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La question revient aussi sûrement que les étés  : les vacances scolaires sont-elles trop longues ? La réponse d’une professionnelle de l’éducation est sans appel : le temps ne fait rien à l’affaire, c’est la qualité de l’enseignement qui compte. Catherine Dunezat, psychologue clinicienne

Charlemagne a peut-être eu cette idée folle un jour d’inventer l’école, mais c’est le pape Grégoire XI, en 1231, qui a inventé les grandes vacances, qui n’avaient rien de vacances: un mois pour que les petits paysans participent aux travaux des champs! La tradition séculaire n’a fait que croître, mais les petits Français·es, le temps passant, ne sont pas retournés aux champs. Pourtant, les premières vacances d’été au nom symbolique de Vendanges se complétèrent durant l’Ancien Régime de quelques jours attribués pour les fêtes chrétiennes. La IIe République accorde 10 semaines pour répondre aux souhaits des populations paysannes. En 1950, 49 % de la population étaient composés d’agriculteurs. C’est depuis la IVe République instauratrice de l’école publique que la question des congés d’été a fait son entrée cœur du débat éducatif.

Grandes vacances : les variations européennes

Et d’abord, comment nous situons-nous en Europe où la durée des grandes vacances varie du simple au double? Des six semaines en Allemagne aux 13 en Roumanie, l’écart est abyssal! Les premiers à partir sont les petits Finlandais, dès le 1er juin. Les Luxembourgeois doivent attendre le 13 juillet pour boucler leurs valises. Puis ce sont certains länder allemands qui partent les derniers en congés d’été: le 27 juillet pour les élèves du Bade-Wurtenberg, le 29 pour les petits Bavarois. Les écoles en France ferment toutes – zones A, B, C – le jeudi 7 juillet, réouvrent pour les élèves le 1er septembre. Soit huit semaines.

Quatre ou cinq périodes de vacances par an ?

La majorité des enfants européens connaissent quatre périodes de vacances annuelles. Les jeunes Allemands vont jusqu’à cinq périodes de congés, avec attribution d’une cinquième période entre Pâques et les grandes vacances qui commencent en Allemagne plus tard que dans les autres pays d’Europe, fin juillet.

Le ratio jours de congé/jours travaillés

Est-il un prédicateur fiable de la réussite scolaire ? Les variations comparées de la durée des congés d’été ne sont elles-mêmes significatives que par rapport au nombre de jours consacrés aux études, rapport dont l’amplitude varie en Europe de 170 à 190 jours par an. La moyenne en France s’échelonne entre 161 jours pour les primaires et les collégiens tandis que les lycéens, exception française, sont au travail durant 180 jours. La balance école/lycée situe donc la France dans la moyenne en Europe.

Toutefois, en termes d’heures de cours dispensées au cours d’une scolarité entre 7 et 14 ans, c’est l’Italie, avec 8316 heures de cours, puis l’Australie (7806), suivies de la Belgique et des Pays-Bas, qui obtiennent le record mondial de l’enseignement le plus dense. La France, avec ses 7432 heures de cours, se situe en septième position des 32 pays de l’OCDE pris en compte dans le classement. D’autres types de classement s’établissent cette fois sur les heures de cours cumulées entre primaire et collège. Ils situent la France à 8100 heures de cours tandis que la moyenne OCDE est de 7700 heures…

Les vacances petit-es français-es sont-elles trop longues ?

En soi, non. La réussite scolaire dépend avant tout des méthodologies pédagogiques dont les quotas horaires dédiés ne sont que les contenants. S’ajoutent à l’équation le nombre d’heures de cours par jour (les élèves français·es comptent un volume horaire conséquent, souvent complété par les heures d’activités scolaires complémentaires – APC), le nombre d’élèves par classe, la formation des professeur·es et les moyens techniques dédiés. Le nombre de semaines de congé, 16 en France, 14 en Autriche, 13 en Angleterre, 12 en Allemagne, 11 au Danemark ne semblent pas influencer directement la réussite scolaire.

La Finlande affiche le même nombre de semaines de congé annuel que la France avec de plus longues vacances d’été. Mais la stratégie pédagogique du système éducatif finlandais se montre d’une extrême performance, tandis que la France peine, bien en dessous de la moyenne européenne, avant-dernière au plan des performances obtenues selon les enquêtes et classement Pisa, dernière sur 29 pour l’évaluation scientifique Timss. Une ou deux semaines de plus d’un enseignement à la qualité mitigée ne changeraient rien à cette délicate affaire. Il revient au nouveau ministre Pap Ndiaye de relever le colossal défi de remettre la réussite au programme scolaire de la France. Et pas de se préoccuper des congés.

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