Comment l’école entend combattre le harcèlement

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Le règlement de l’école, document contractuel, dépoussiéré, reste le premier pilier de la lutte contre le harcèlement scolaire : ce premier recours pédagogique fondateur de la citoyenneté à l’école est élaboré par le directeur ou la directrice, en accord et conformément au règlement type départemental. Après examen et vote lors du conseil d’école, il entre en vigueur. Il détermine les conditions dans lesquelles sont mis en œuvre les règles et principes de vie dans l’école. La loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 prévoit, dans son rapport annexé, que chaque école et chaque établissement scolaire réalisent un plan d’actions pour lutter contre le harcèlement en milieu scolaire. La circulaire n° 2013-100 du 13-8-2013 détaille le programme d’actions impulsé par le ministère. Le règlement intérieur est le « document de référence pour l’action éducative ». Il fonde l’alliance avec les parents : la recherche internationale le montre : les politiques globales d’amélioration du climat scolaire sont le meilleur moyen de réduction du harcèlement scolaire. Les associations de parents d’élèves, conjointement avec les enseignants, doivent engager des actions de sensibilisations contre le harcèlement, faire circuler des pétitions ou textes de principe anti-harcèlement. Les jeunes ont besoin de sentir leurs aînés conscients et mobilisés, pour pouvoir se lever, eux aussi, contre ce phénomène dévastateur. La FCPE, la MAE ou Tralalere créent des ressources numériques éducatives (le site www.tralalere.com publie des vidéos tutos fort utiles et pertinentes).

Le programme Éclair

Le climat scolaire est une notion pilier contre le harcèlement scolaire. Concept académique et réalité terrain constituent des axes et des indices « climatiques », connus, analysés et vérifiés (un peu comme la qualité de l’air respiré en secteur urbain). Le relevé fournit un paramètre de mesures d’ambiance et de bonne santé relationnelle et éducationnelle sur chaque école, établi par programme Éclair (Écoles, collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite, initiative nationale, lire encadré). Une école qui développera un excellent climat scolaire verra, forcément, les faits de harcèlement décroître en son sein. De toute façon, elle les gérera beaucoup plus sereinement et efficacement. Toutes les écoles ne sont pas « labellisées » Éclair, mais rien ne les empêche de s’inspirer du concept et de ses principes. Si l’école souscrit, en quelque sorte, à un contrôle qualité de ses propres CPS (les fameuses compétences psychosociales, tellement mises à l’honneur par les programmes de l’EN, actuellement), elle identifiera et concevra plus facilement, les singularités des parcours scolaires de chacun, en particulier pour les élèves en difficulté. Repérés dès l’école maternelle, ils feront l’objet de la mobilisation suivie des équipes pédagogiques. Le PPRE (Programme personnalisé de réussite éducative) est l’outil de ce suivi efficace. Et la pierre angulaire du dépassement de la difficulté scolaire. Les aides, toutes ressources confondues, enseignants des classes, maîtres surnuméraires, maîtres spécialisés, dispositifs d’accompagnement éducatif, y compris les structures de la politique de la ville, les programmes de réussite éducative, ouvrent à une appréhension globale de la situation de chaque élève et des interventions complémentaires dans les champs éducatif ou médical.

Acteurs ou victimes, les enfants en difficulté

Sans vouloir désigner les enfants en difficulté comme acteurs ou victimes de harcèlement, on sait bien que les difficultés scolaires font le lit d’une grave défaveur chronique (agitation, inattention, impossibilité accrue par l’échec scolaire à se concentrer par exemple). Un élève qui ne pourra, pour des raisons d’échec scolaire, se concentrer en classe, utilisera en contrepartie toute son énergie dans une pratique de jeux vidéo pathologique (sans arrêt possible) et dans un usage problématique d’écran. L’enfant qui ne peut se concentrer efficacement, à l’âge des apprentissages élémentaires, sur le scolaire, fait fonctionner ses capacités de concentration (singulières, endommagées ou pas, elles existent) de manière automatique, dans l’addiction au jeu vidéo certes, mais il a accès à sa façon, lui aussi à ce mode de fonctionnement « cérébral, voire neuronal ». Ces enfants forment vite, entre eux, des « clusters » dès lors que les joueurs sont en ligne où les faits de harcèlement ou d’intimidation se font jour sur un versant actif (harceleur) comme sur un versant passif (harcelé). D’où l’intérêt évident, pour l’école, de développer, en prévention primaire, un bon climat riche d’empathie mais aussi de connaissance réelle de la réalité scolaire, condition première susceptible de faciliter le repérage des difficultés, mais aussi des talents. Encore et toujours, force est de constater la vertu morale du travail. Le travail scolaire sereinement conduit développe la paix entre les individus par le dialogue et l’échange réciproque. Et la fraternité du lien prévient le phénomène de harcèlement.

Sur le terrain, certain·es maîtres et maîtresses de classe, en lien avec les acteurs du Réseau d’aide aux élèves en difficulté – Rased –, les médecins, les infirmières scolaires et parfois les associations, mettent en place des pratiques formatrices à la citoyenneté. La pensée de l’enfant, au fil des séances, souvent une dizaine, clarifie, à mesure, les propositions de transformation et construit des représentations de valeurs sociales éthiques et citoyennes. Les enfants acquièrent une solidarité de groupe qui empêche le harcèlement.

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