Les jeunes ont soif du bénévolat et du milieu associatif

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« Il suffit un jour de se lancer, de donner du temps pour les autres pour ce que l’on aime et puis la vie et les gens vous le rendent plus tard », Elise Agbolo, bénévole chez Jeune Chambre Economique d’Arras (JCE Arras).

En 2013, Bernard Roudet écrivait dans un numéro du bulletin de l’Observatoire/Injep, « Jeunesses : études et synthèses » (dédié à la participation associative des jeunes) : « Toutes les enquêtes le confirment : les jeunes Français sont animés des meilleurs sentiments à l’égard du monde associatif ». Quelques années plus tard, les jeunes semblent toujours être aussi intéressés par le milieu associatif. C’est ce que montre un baromètre réalisé par le Crédoc et l’Institut National de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) à la demande du ministère de la jeunesse.

Le taux de participation bénévole des jeunes Français est l’un des plus élevé d’Europe

Selon cette enquête, beaucoup de jeunes sont prêts à se mobiliser sur le terrain. En effet, la part des jeunes donnant bénévolement et ponctuellement du temps à une association est passée de 26 % en 2015 à 35 % en 2016. L’Injep note aussi que « plusieurs groupes de jeunes peuvent être distingués en fonction de leur degré d’implication dans la vie de la cité ». Les premiers sont très investis. Ils cumulent à la fois engagement dans la vie associative et sur internet. 19 % d’entre eux sont avant tout impliqués dans le sport, la culture, les loisirs et l’éducation, 16 % sont davantage engagés dans des causes sociales, humanitaires, l’environnement, et la lutte contre les discriminations. Un autre groupe de jeunes (48 %) est peu ou pas engagés, essentiellement par manque de temps, mais souhaiterait l’être davantage. Le nombre de jeunes qui n’a pas encore franchi le pas, mais se dit prêt à le faire s’accroît aussi. 90 % des interrogés confient être prêts à se mobiliser pour une cause qui les motive, en particulier l’environnement (27 %) et la paix dans le monde. En outre, les jeunes sont plus réguliers dans leur bénévolat (14 % contre 9 % en 2015). Bonne nouvelle : le taux de participation bénévole des plus jeunes (18-24 ans) serait ainsi l’un des plus élevé d’Europe (en deuxième position après l’Islande).

Selon Patricia Humann, Coordinatrice du pôle Éducation chez l’Union Nationale des Associations Familiales (UNAF), le climat géopolitique avec la guerre en Syrie et en Irak, de laquelle en découle notamment la crise des migrants, et les attentats du 13 novembre 2015 ont poussé les jeunes à s’investir dans les associations. « Il y a eu un vrai élan de solidarité. Ils étaient touchés chez eux. La marche républicaine, organisée le 11 janvier 2015, y était aussi pour quelque chose », explique Patricia Humann. « Cette génération de jeune est aussi assez idéaliste », note-t-elle. En ce qui concerne l’engagement des jeunes dans le domaine environnemental, pour Edouard Pénide, responsable Campus du Réseau Français des Etudiants pour le Développement Durable (REFEDD), la Cop21, organisée à Paris en 2015, a joué notamment un rôle. « Surtout d’un point de vue médiatique. Le sujet a été davantage abordé », précise-t-il. « Selon notre enquête menée il y a 3 ans, les principales raisons qui poussé les jeunes à la consommation collaborative, une moindre consommation de la viande, etc., était plutôt économique. En fin d’année 2016, ils ne sont plus guidés par l’envie de faire des économies mais du fait de vouloir préserver la planète », souligne Edouard Pénide. Beaucoup de choses peuvent aussi motiver les jeunes. « Chacun a son histoire. En général, nous nous engageons selon nos convictions ou vécu personnel. Par exemple, une personne qui aime les animaux, sera plus intéressée par le bénévolat dans un organisme qui s’occupe de nos amis poilus. Les personnes engagées dans la religion se dirigeront vers une association religieuse et ainsi de suite », explique Maxime, bénévole chez SPA. « Désormais dans toutes les facultés il y a une dimension solidaire. Le projet de loi « égalité et citoyenneté » oblige les établissements du supérieur à reconnaître l’investissement associatif. Ce qui permet aux étudiants d’obtenir des points supplémentaires », note de son côté Patricia Humann. Faire partie d’une association permet non seulement se sentir utile mais aussi faire partie de la société. « C’est un travail comme un autre, sauf que pour certains jeunes, il s’avère plus gratifiant », explique Patricia Humann. Virginie, bénévole dans une association de son quartier, rejoint ces propos. « Je donne des cours de soutien aux enfants », explique la jeune fille. « Je me sens responsable d’eux, ça me fait grandir », confie-t-elle. « Contrairement à la génération précédente, qui voulait aussi changer le monde, la nouvelle génération a plus de possibilités. Maintenant s’engager c’est plus simple qu’avant, notamment grâce à Internet. Les jeunes peuvent facilement trouve une mission, que ce soit en Franc ou à l’international. Aujourd’hui, dans certaines écoles de commerce, il y a même des cours sur l’économie sociale et solidaire », explique Patricia Humann.

« Il suffit d’avoir le courage de pousser la porte la première fois »

En outre, de nombreuses campagnes sont organisées pour attirer de l’attention sur telle ou telle cause ; Comme par exemple celle qui représente un index levé et un mot de ralliement : « Présent ». Cette campagne historique a été lancée le 23 mars dernier par Nicolas Hulot et Thierry Kuhn, président d’Emmaüs, avec 80 associations et ONG. Elle porte un « appel des solidarités ». Un appel inédit puisqu’il réunit tout le gratin des associations de défense de l’environnement (Greenpeace, France Nature Environnement, les Amis de la Terre, la Fondation Nicolas-Hulot), des militants de la lutte contre l’exclusion (Emmaüs, ATD Quart-Monde, le Secours catholique, Abbé Pierre, les petits frères des Pauvres, ainsi que la Fédération des acteurs de solidarité), les associations de développement (Action contre la faim, CCFD) ou d’aide aux migrants (Cimade, Centre Primo-Levi, Utopia), sans oublier des organisations comme Osez le féminisme, l’Association des paralysés de France ou encore AC Le Feu… « Certes, l’appel a été organisé pendant l’élection présidentielle mais l’idée est de pousser la société pour que ces sujets soient intégrés dans les actions de chacun est que le thème de la solidarité aille au-delà de la période de la présidentielle », explique Edouard Pénide.

Le collectif a formulé près de 500 propositions à disposition des citoyens et politiques. Globalement, il demande : une politique sociale qui met un terme à la pauvreté et l’exclusion, une politique d’égalité réelle entre tous les citoyens, une solidarité internationale et sans frontières, qui tend la main, une économie du partage qui redistribue les richesses au lieu de les concentrer, une politique d’écologie intégrale, une démocratie renouvelée, sur tous les territoires. D’autres demandes sont plus précises, comme celles de l’association Habitat et Humanisme, qui souhaiterait notamment la construction de 150 000 logements sociaux dont 60 000 très sociaux, l’arrêt des expulsions sans relogement et la possibilité de réquisitionner des logements vacants, l’adoption d’une loi d’urgence pour le droit de chaque personne à un logement sain et décent. Les enfants, non plus, n’ont pas été oubliés de cet appel. « Le monde de demain sera à l’image des enfants d’aujourd’hui : heureux ou malheureux ; en paix ou en danger ; serein ou violent », avait déclaré Gilles Paillard, directeur général de l’association SOS Villages d’enfants, sur France Inter lors de la conférence de presse du lancement de l’appel des solidarités le 23 mars 2017. Les citoyens sont appelés à se mobiliser, en signant l’appel sur le site www.appel-des-solidarités.fr ou gratuitement par SMS au 32321 en envoyant le mot « Présent ». L’index levé, comme signe de ralliement des soutiens, permet aux Français de « se compter ».

« Au-delà de signer l’appel, il faut mettre le sujet en avant de la scène. Il faut se mobiliser au quotidien porté par le réseau associatif, le premier parti de France. Il faut aller à la rencontre de ces associations et voir si elles ont besoin de jeunes. Comment pouvez-vous les aider ? », souligne Edouard Pénide. Les jeunes à la recherche d’une mission associative trouveront donc certainement leur bonheur dans cette large palette d’organismes et de propositions. « Il ne faut pas hésite à aller se renseigner auprès de son campus, sa ville, etc », note Edouard Pénide. À ceux qui sont encore indécis, il dit : « Il ne faut pas avoir peur. Il suffit d’avoir le courage de pousser la porte la première fois et rapidement avoir des responsabilités ».

Anna Ashkova

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