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L’éducation vise à former des hommes et à faire passer les individus de l’enfance à l’âge adulte. Pour cela, l’éducateur se doit de développer le goût de l’effort et de la persévérance chez le jeune qui lui est confié.

L’éducation de Alain

Fils d’un vétérinaire, Alain est admis comme boursier interne au lycée d’Alençon. Se destinant d’abord à des études scientifiques, il change finalement son fusil d’épaule et s’inscrit en prépa littéraire. Admis à Normale Sup’, il suit les cours de Jules Lagneau, professeur de philosophie, qui le décide à s’orienter vers ce champ disciplinaire. Il est reçu à l’agrégation de philosophie.

Sa méthode d’éducation

Rompre avec l’univers affectif

La classe est pour Alain un espace « dédié à la raison », en rupture avec l’univers affectif de la famille. Le maître, cet « éveilleur de conscience », se doit de refuser toute forme de séduction ou d’indulgence à l’égard de ses élèves. Il doit s’adresser à l’enfant comme à l’adulte qu’il deviendra.

Se montrer exigeant

Ne flattez pas constamment votre progéniture ! Pour amener l’enfant à progresser, il faut au contraire se montrer très rigoureux avec lui et insister sur le chemin qui lui reste encore à parcourir. Mettez dans la tête de vos enfants qu’il est toujours possible d’aller plus avant et de développer encore et toujours ses capacités … en un mot, de se dépasser !  C’est ainsi que l’on forme des esprits libres capables de penser par eux-mêmes et des citoyens courageux et responsables.

Former des citoyens

Donner à l’enfant le goût de l’effort fera naître en lui le désir de contribuer à la société. Il importe donc aussi de lui faire découvrir les grands textes de la littérature, les grands hommes du passé et, comme on les appelle encore à l’époque, « les humanités ». qui initieront en lui le sentiment du respect et l’amour de l’humanité

La condamnation du jeu

Alain dénonce l’aspect ludique de certaines pratiques pédagogiques. Le jeu n’a pas sa place à l’école ! Le rôle du professeur est d’intéresser l’enfant à des sujets qui ne l’attirent pas spontanément et lui demandent un effort intellectuel. Il ne s’agit pas d’intéresser par le plaisir mais par la volonté : l’enfant doit d’abord faire l’effort de surmonter son déplaisir.

Une pédagogie particulière

La meilleure façon d’apprendre ? La pratique, vous répondra Alain ! Il faut, sans cesse, stimuler les enfants. Les cours magistraux sont à bannir car ils ne permettent pas aux élèves de s’approprier les connaissances qu’on cherche à leur inculquer. Les jeunes demeurent mollement assis sur leur chaise, passifs, et ne sont donc pas réceptifs. À ce type d’enseignement, Alain préfère la lecture et le travail personnel des enfants, au moyen notamment de cas pratiques pour ce qui est de l’algèbre ou de la physique. Ce sont eux, et non le maître, qui doivent travailler !

Travail n’est pas plaisir !

« Chacun sait bien qu’un père qui veut se faire instituteur n’est pas tout à fait esclave de l’heure ; aussi l’enfant ne se prépare point. N’étant point tenu par une règle qui ne donne jamais ses raisons, il ne prend point cette précieuse habitude de se mettre au travail tout entier et en un instant. Il ruse. Or, la principale de toutes les leçons, et de bien loin la plus importante, c’est qu’on ne peut ruser devant la nécessité. Celui qui apprend le sens de ces petits mots « Il faut », sait déjà beaucoup. (…) Le père se plaît à une leçon qui va bien ; il la prolonge. C’est encore une grande erreur de soutenir l’attention au-delà du temps fixé. (…) Il n’y a rien de meilleur à tout âge qu’un travail qui n’use point le plaisir. » Propos sur l’éducation, Propos X

Biographie 

Originaire du Perche, Émile Chartier,  dit Alain, est né en 1868 et mort en 1951. Alain est à la fois philosophe,  journaliste, essayiste et professeur de français. Il est l’auteur d’une théorie originale de la perception : celle-ci, parce qu’elle est notre premier contact avec les objets, va de pair avec l’entendement et constitue donc une science. Percevoir, c’est déjà juger. Pour lui, tout est prétexte à faire de la philosophie et cette discipline est inséparable de l’expérience de la vie quotidienne. Alain souhaite faire « une philosophie de la philosophie » car il pense que malgré leurs divergences, les grands auteurs ont une philosophie commune.

Pour aller plus loin

  • Alain, Propos sur l’éducation, PUF Quadrige Grands Textes, 2005

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