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NB : si le virus est de genre masculin (le SARS-CoV2), la maladie qu’il déclenche est au féminin : la Covid-19. Or tout le monde, à commencer par les médecins, confond le vecteur et ses effets. Ne soyez pas surpris si nous rétablissons la cohérence grammaticale.
Il fallait bien que le débat éclatât : confinement total – c’est-à-dire la fermeture des entreprises « non vitales », hors alimentaire, eau et énergie, domaines régaliens, interdiction de sortie sauf avis médical, avec ravitaillement de la population à la chinoise – dépôts de sacs au pied des immeubles – ou pas ? Les médecins, désormais, l’exigent. Ils/elles le veulent « total et absolu ». Le Conseil d’État ne les a entendus qu’à moitié. Les marchés ouverts seuls sont désormais repliés – les maraîchers les premiers voulaient se retirer.
Mais qu’est-ce qu’un « confinement total » ?
Fermer l’« alimentaire » ? On voit mal comment les populations ne se nourriraient plus : au-delà du magasin ou de la grande surface, ce sont les agriculteurs, les salariés d’usines de transformation, les routiers qui acheminent et les caissières des hypermarchés qui encaissent. L’industrie agro-alimentaire représente à elle seule plus de 17 000 entreprises et plus de 400 000 emplois.
Fermer l’énergie, les transports, les télécoms, la propreté, une partie de l’administration locale ou nationale ? C’est tout bonnement illusoire. Comme le gouvernement n’a jamais livré de liste du vital, force est de se rabattre sur les OIV, les « opérateurs d’importance vitale ». On les dénombre : quelque « 260 entreprises publiques et privées répertoriées par l’État dont l’identité relève du secret-défense mais dont le rôle est jugé primordial en cas de crise, comme une guerre ou une épidémie », dixit France Info, l’une des chaînes de radio, du reste à appartenir à ces OIV.
Alors que veut confiner, entre autres, le Syndicat des jeunes médecins, pour lequel « La situation épidémique est telle que la seule solution viable doit passer par un confinement total » et qui a saisi le Conseil d’État d’un « référé liberté* », une procédure d’urgence pour « contraindre le Premier ministre à prendre en urgence les mesures qui s’imposent » ? Entre autres les transports, le métro parisien, comme le demande instamment par exemple le Dr Annane Djillali, chef du service de réanimation de l’hôpital de Garches. Le Medef, comme les CCI (lire l’interview de son président) s’arc-boutent contre un arrêt de l’activité économique en France : « Les ouvriers sur des chaînes de production, les artisans, les couvreurs comme les plombiers, doivent pouvoir travailler, dans le respect des règles sanitaires en adaptant si besoin les postes de travail pour respecter les distances de sécurité et en étant équipés en gel hydroalcoolique. » C’est sans doute à ces corps de métier que songent les médecins, sans doute favorables aussi à l’arrêt de la vente de tabac. Désintox forcée, en quelque sorte, au risque que les toxicos à la nicotine ne se traînent aux urgences !
Commençons par respecter strictement un confinement non égoïste en ne prenant l’air que seuls à quelques mètres de chez soi. Même sans couvre-feu, ne sortons pas à 3 heures du matin ! Les sociétés sont en train de tester un état totalitaire pire que les pires dictatures. L’essentiel est qu’il reste transitoire, pensé pour le salut public, loin des tentations autoritaires.
Olivier Magnan
rédacteur en chef
* Curieuse formulation qui rappelle la novlangue du 1984 d’Orwell, qui voulait que le ministère de la Propagande se nommât Miniver, ministère de la Vérité.