Dites, écrivez, « la » covid

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Ça n’a l’air de rien, mais c’est bon à savoir. Et que cette covid aille se faire f…

Olivier Magnan, rédacteur en chef

L’avez-vous remarqué, depuis les tout débuts de cette affreuse pandémie à coronavirus on a préféré la désigner sous le nom 100 % anglo-américain de « covid », soit l’acronyme de « coronavirus disease », littéralement « maladie à coronavirus ». On a ajouté « 19 » pour situer son apparition dans le temps, 2019.

En toute logique, les rédactions de LMedia-ÉcoRéseau Business ont donc adopté d’emblée le seul genre possible pour nommer la maladie, « la » covid… En rappelant parfois la raison.

C’était aller contre 99,99 % de l’emploi généralisé par les médecins, les experts et les journalistes qui disent, écrivent, soutiennent l’expression « le » covid…

Tous avaient tort, mais le pire n’est pas là. À force de parler « du » covid-19, ces mêmes professionnel/les de l’expression et autres scientifiques ont fini par confondre le virus, dénommé, toujours en anglo-américain, Sars-CoV-2 (Severe acute respiratory system-coronavirus-2), en français « syndrome respiratoire aigu sévère », et la maladie qu’il engendre, « la » fameuse covid. Et alors, le contresens est patent et gênant.

Entre usage et mésusage
Du coup, tous les médias se sont emparés de l’arbitrage attendu de l’Académie française qui confirme à 100 % le 12 mai notre choix initial : covid est féminin. « Les Académiciens sont certainement dans leur rôle en rappelant une règle simple de grammaire, lit-on dans Paris Match du 12 mai, pour un acronyme c’est le genre du mot principal qui compte. Ainsi on dit et écrit “la” SNCF car il s’agit de l’acronyme de la “Société nationale des chemins de fer” et l’article s’accorde avec le genre du mot “société”. » Nos cousins québécois, toujours aussi champions en français, disent bien et écrivent « la covid ».

Là-dessus, pour ne pas – trop – se désavouer, médias et médecins, un peu vexés, mettent en avant l’« usage ». Parfois impropre, soutiennent-ils, il prime sur la règle. Un exemple. Dans l’expression « autant pour moi », bien compris de tous/toutes, l’usage a imposé ce qui devrait s’écrire « au temps pour moi » (l’expression est d’origine militaire et désigne le cadencement). Dictionnaires et Académie ont entériné l’usage. Mais alors, si l’usage devait toujours primer, pourquoi n’a-t-on toujours pas admis officiellement l’emploi du subjonctif après « après que », alors même que 99,99 % de la population l’emploient à tort ? Pourtant, l’Académie, les linguistes, les puristes s’opposent toujours à l’usage en le qualifiant de « mauvais » : on doit dire, écrire : « après qu’il/elle est entré/e dans la pièce » et non « soit entré/e » (le subjonctif désigne une action non accomplie ou potentielle, l’indicatif le réel et le réalisé, donc, en toute logique, ce qui s’est passé « après » relève de l’accompli).

Bref, parler d’« usage » pour une expression aussi récente que « covid » est un peu se moquer du monde. Même si l’on comprend la raison : à force de parler du virus et du coronavirus, on en est resté à la domination du masculin, ce qui, soit dit en passant, n’est pas dans l’air du temps !

Que le grand public, par conséquent, use lui aussi à tort de l’acronyme au masculin, rien d’étonnant ni de culpabilisant : ce sont les professionnels de l’expression et les scientifiques qui ont tort, surtout les médecins.

C’est sans importance ? Soit. Mais alors, en matière de français et de bon langage, rien n’en a plus, d’importance, M’dame Michu !

Olivier Magnan, rédacteur en chef

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