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Le Père Noël, la petite souris, les cloches de Pâques… les enfants baignent – généralement jusqu’à 6 ou 7 ans, voire un peu plus – dans un monde imaginaire et merveilleux. Puis, l’âge de raison pointe le bout de son nez, nos bambins, progressivement, entrent dans le monde réel. En face, les parents s’interrogent : faut-il s’inquiéter si mon enfant croit toujours au Père Noël ou à la petite souris après 7 ans ? Comment leur « avouer » notre petit mensonge initial – et surtout, faut-il s’y livrer ?
« Je ne crois pas que les parents doivent révéler, frontalement, que le Père Noël n’existe pas ! » nous dit Anne Bacus, docteure en psychologie et psychothérapeute. Et le raisonnement vaut aussi pour les fées ou les cloches de Pâques. « Pour un enfant qui y croit dur comme fer, il risque de penser qu’on lui a menti si ses parents ont toujours été très sérieux à propos de ces croyances, et que le secret tombe du jour au lendemain », renchérit notre spécialiste.
Y aller en douceur
Pas de révélation brutale, donc. Et pour mieux appréhender le moment où les enfants ne croiront plus au Père Noël ou à la petite souris, les parents doivent anticiper. Faire comme si « on racontait une histoire parmi d’autres, des lapins qui se parlent entre eux, par exemple, ce n’est pas réel, c’est une histoire, eh bien c’est pareil avec des croyances comme le Père Noël, on raconte quelque chose, on ne dit pas que c’est forcément vrai », conseille Anne Bacus. User du conditionnel avec son enfant, peut-être que les cloches de Pâques existent, peut-être pas. Il est essentiel d’accompagner son enfant vers la découverte de la vérité, s’il se pose des questions, surtout ne pas lui rétorquer : « Mais si le Père Noël – ou autre entité – existe ! », ce sera contreproductif, et la déception vis-à-vis de vous, parents, sera sans doute plus grande. « Idem, je conseille d’en rester à l’imaginaire, plutôt que d’aller jusqu’au bout du mensonge et demander à tonton de se déguiser en Père Noël, entre autres », sourit Anne Bacus.
Mais avouons-le, dans la société actuelle, nos bambins se rendent vite compte de la non-véracité de certaines croyances. Notamment parce qu’ils disposent d’un « accès de plus en plus tôt à de plus en plus de choses », bref un excès d’informations, pointe la psychothérapeute. Sans compter les camarades d’école à la récréation qui, généralement, mettent fin brutalement à une croyance, vers 6-7 ans ! Les doutes s’installent sans les parents. Et si mon enfant croit toujours à un monde imaginaire après « l’âge de raison » ? « Peut-être fait-il semblant d’y croire, pour faire plaisir aux parents notamment », suggère Anne Bacus !
L’arrivée dans le monde des « grand·es »
Percevoir de manière positive le moment où votre enfant ne croira plus à la petite souris ou au Père Noël, pourquoi pas ? C’est un basculement d’un monde imaginaire au monde réel, celui des adultes. « Je ne suis plus un enfant, j’entre dans la confidence, je fais partie des adultes, comme mes parents », explique Anne Bacus, dont les nombreux ouvrages apportent quantité de pistes.
Souvent, ces petits adultes perpétuent le jeu. Notamment auprès de leur frère ou sœur, plus jeune. « Vous remarquerez, hormis par inattention, que les enfants qui ont percé le secret ne le dévoilent pas aux plus petit·es, ils comprennent que c’est une coutume, et la poursuivent », observe notre spécialiste. À la manière d’un jeu familial, et par définition un jeu ne représente pas la réalité.