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Que se passe-t-il dans la tête du·de la môme ? L’enfant réagit immédiatement à la stimulation par la vue de l’objet, avec tout son désir d’avoir, de son vouloir avoir, immédiatement. Son cerveau s’active grâce à la sécrétion de dopamine, l’une des hormones du plaisir, notamment celle du plaisir immédiat. Imprégné de la sécrétion de cette hormone diffusée, l’enfant veut son plaisir et il augmente d’autant plus sa demande, en obéissant à une pulsion montante qu’il faut contrôler. Plus l’enfant est exposé à la stimulation, plus son désir augmente avec une élévation du taux de neurotransmetteurs secrétés, jusqu’à déclencher dans une certaine mesure quelque agressivité.

Connaître ce mécanisme biologique d’emballement aide à se positionner en amont de situations d’extrême sollicitation pour l’enfant. Une éducation aux bonnes pratiques de consommation, mais aussi, et surtout, à la gestion des émotions, vont réguler cette dynamique naturelle de désir-envie-intolérance à la frustration. Il s’agit d’anticiper, par le récit précis, séquencé en étapes, ce que l’on va faire, ce que l’on va voir et ce qu’on ne fera pas. De quoi donner au jeune enfant quelques repères. Nous allons acheter ce dont nous avons besoin. Nous allons faire le ravitaillement pour les repas de demain et tu choisiras avec moi les plus belles pommes pour faire une tarte ce soir. L’enfant doit être guidé dans la voie de la distinction entre le besoin et le désir, tout plongé qu’il est en raison de son immaturité, dans le second.

 

Les bonnes attitudes en magasin

L’enfant découvre l’adorable petit ourson qui le fait craquer au détour d’un rayon. L’autoriser à le toucher, à le prendre en main, voire tolérer un petit moment caddy commun est une façon d’accueillir l’élan de l’enfant et son désir. Il se trouvera rassuré et compris, si nous décrivons avec gentillesse et complimentons ledit ourson si mignon. Avec l’idée exprimée qu’avant de passer à la caisse, séquence explicitée, petit selfie éventuel avec Doudou au passage, pour « historiser » la rencontre avec l’ourson, celui-ci regagnera sa jolie place, dans son rayon, où l’attendent ses copains oursons. Sans léser le besoin de spontanéité et la prise de contact, sans léser l’envie de l’enfant ni sa curiosité. Elles évolueront au fil des rayons. Il s’agit d’une remise en proportion et perspective. Rencontre expérience et contact ne signifient automatiquement pas un achat consenti. L’enfant apprend à gérer son élan vers un objet sans se sentir rejeté ou méprisé. Son désir est reconnu et validé en termes de choix possible, mais pas réalisé en termes d’achat. Conforté dans ses goûts reconnus par l’adulte (gardons-nous de balayer les coups de cœur de nos enfants et de ne leur accorder aucune importance), nous pouvons proposer alors à l’enfant que ce petit ourson nommé désir, que l’on pourra dessiner, d’ailleurs, à la maison, rejoigne la liste des souhaits pour quelque occasion festive. Ou jolie récompense à venir.

Pour aider l’enfant à comprendre que l’on ne peut pas tout avoir, une bonne stratégie consiste à prévoir assez tôt le scénario de l’expédition au magasin : pour préparer un anniversaire, nous allons regarder des cadeaux, mais aucun ne sera acheté aujourd’hui.

 

Apprendre la notion de monnaie d’échange

La notion de l’argent et du travail seront abordées en fonction de l’âge de l’enfant qui détermine son degré de compréhension. L’enfant de moins de quatre pourra difficilement comprendre réellement la notion de l’argent, mais comprendra que les choses détenues par d’autres ne lui appartiennent pas, ne vous appartiennent pas, tout comme son doudou n’est pas à son copain. Le petit enfant sait que les choses, les denrées, ne sont pas gratuites. L’apprentissage par imitation passera par exemple par le jeu de la marchande, pratiqué avec sa maman ou son papa. L’échange sera mis en évidence, notamment en échangeant les places. Enfant puis parent seront à tour vendeurs et acheteurs. Pour poser les prémices du caractère symbolique de l’argent. Par cet échange des rôles, l’enfant développe son jugement selon des perspectives nouvelles et ne reste pas figé dans la toute-puissance du désir infantile.

Autre attitude positive : fabriquer des objets ou des cadeaux enseigne que la valeur de l’objet n’est pas seulement marchande. On introduit la question du travail qui constitue l’objet. La mise en place d’une tirelire attribuée à l’enfant pose la question du coût que l’on prépare à mesure et petit à petit : une façon de différer l’achat de l’objet désiré avec une relative sécurité.

Tout vouloir est une des étapes du développement de l’enfant. Que tempère l’éducation des parents.

Tout vouloir est une des composantes de l’esprit humain qui doit composer avec bien d’autres qui en tempèrent les effets. Tout comme le principe de plaisir ne va pas loin sans son frère le principe de réalité.

 

Les ados restent prioritaires dans les cadeaux

Un sondage Opinion Way, réalisé les 27 et 28 octobre 2021, dresse un panorama baissier des emplettes de fin d’année. Nos dépenses seraient ainsi impactées par l’ascension des prix. Les Français·es interrogé�es se disent prêt·es à consacrer la somme de 282 euros pour l’achat de leurs présents de Noël. En hausse de 17 % par rapport à Noël 2020, mais largement inférieur au budget d’avant la crise, 342 euros en 2018.

Le tout vouloir est à la baisse, faute de tout pouvoir. Il connaît donc une franche démarque, un franc recul, sauf les achats liés aux adolescent·es pour lesquels les prescription d’achats restent au beau fixe.

 

À l’opposé, ne rien pouvoir vouloir

Recensement national de juillet 2018 : un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté en France, soit près de trois millions d’enfants. Le seuil de pauvreté pour une famille avec deux enfants dont l’un est âgé de moins de quatorze ans est de 2 232 euros mensuels. Les familles les plus précarisées sont les monoparentales dont les mères peinent à trouver un emploi stable. Parmi la population de SDF, 20 % sont des mineurs, dont le seul recours est celui de la procédure de nuitée d’hébergement en hôtel. Une enquête flash, réalisée à la rentrée scolaire 2017, pendant la nuit du quatre au cinq septembre et réalisée sur 40 départements français, met en évidence que 29 % de la population enregistrés cette nuit-là par le 115 étaient des enfants. 63 % d’entre eux n’avaient pu être hébergés. L’Unicef France décrit que 80 000 enfants sur le territoire national vivraient en bidonville. Écrasés sans pouvoir s’inscrire dans leur propre développement et dans la marche de la vie qui comprend normalement l’accès à la capacité de désirer, ils et elles se replient sur la seule nécessité du besoin. À force de ne rien avoir jamais, nombre d’enfants courent le risque psychique de ne plus rien pouvoir vouloir, de ne pouvoir agir sur leur destin et sur leur vie. À moins de résilience particulière, la pauvreté s’inscrit de manière indélébile à force de ne pas avoir rencontré dans la petite enfance la possibilité de tout vouloir ou simplement vouloir.

Tous dans le « tout vouloir » ?

1. Pourquoi l’enfant est-il dans le tout vouloir ?

2. Les bonnes attitudes pour désamorcer les caprices

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