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Devenir parent est une étape majeure de la vie, chargée de questionnements profonds et de responsabilités cruciales. Entre les désirs personnels, les pressions sociales et les préoccupations pratiques, le chemin vers la parentalité est parsemé de réflexions essentielles.
Isabelle a 58 ans, elle est mariée depuis près de 30 ans à Gilles et tous deux sont sur la même longueur d’onde depuis le départ : pas question d’avoir des enfants ! Aujourd’hui elle témoigne afin de dévoiler les questions qu’elle se posait avant finalement de dire… non à la maternité.
Pourquoi avez-vous décidé de ne pas avoir d’enfants, et quels ont été les facteurs clés qui ont influencé cette décision ?
Je n’ai jamais ressenti le désir profond d’avoir des enfants. Depuis mon plus jeune âge, je me suis toujours sentie épanouie dans ma vie sans enfants. Pour moi, les facteurs clés qui ont influencé cette décision sont multiples. D’abord, je suis une personne très indépendante, et j’ai toujours apprécié ma liberté et mes choix de vie. Avoir des enfants aurait changé radicalement cette dynamique, et je ne me voyais pas prête à faire ce sacrifice.
La connaissance de soi est essentielle avant de penser à la parentalité – Jacqueline Bencardino, psychologue clinicienne
Ensuite, j’ai toujours été consciente des responsabilités énormes qu’implique la parentalité. Élever un enfant demande du temps, de l’énergie et des ressources financières, et je ne me sentais pas prête à m’engager dans cette aventure. Enfin, je crois que chacun a un rôle à jouer dans ce monde, et le mien ne passe pas nécessairement par la maternité. J’ai trouvé ma voie dans d’autres aspects de ma vie, et je suis heureuse de mes choix.
Quelles réflexions ou discussions avez-vous eues avec votre partenaire avant de prendre cette décision importante ?
Avant de prendre cette décision, j’ai eu de nombreuses réflexions et discussions avec mon partenaire de vie. Nous avons tous les deux réalisé que nous partagions le même sentiment de ne pas vouloir d’enfants, ce qui a facilité les choses. Nous avons discuté ouvertement de nos motivations, de nos aspirations et de nos peurs concernant la parentalité. Cette communication ouverte et honnête a renforcé notre relation et nous a permis de prendre cette décision en toute confiance.
Chacun a un rôle à jouer dans ce monde, et le mien ne passe pas nécessairement par la maternité –
Isabelle, 58 ans
Comment gérez-vous les réactions sociales et familiales face à votre choix de ne pas avoir d’enfants, et quelles sont les principales idées reçues auxquelles vous êtes confrontée ?
Gérer les réactions sociales et familiales face à notre choix de ne pas avoir d’enfants n’a pas toujours été facile ! Nous avons souvent rencontré des incompréhensions, voire des jugements de la part de notre entourage. Les principales idées reçues auxquelles nous sommes confrontés sont que nous serions égoïstes de ne pas vouloir d’enfants, que nous regretterons notre décision plus tard dans la vie, ou encore que notre vie sera vide et solitaire sans enfants. Cependant, nous restons fermes dans notre choix et nous nous concentrons sur les aspects positifs de notre vie sans enfants : notre liberté, notre capacité à poursuivre nos passions et à prendre soin l’un de l’autre. Au final, je pense que ce qui compte le plus, c’est d’être en accord avec soi-même et de vivre sa vie selon ses propres valeurs et désirs.
CE QU’EN PENSE L’EXPERTE
Psychologue clinicienne, psychothérapeute, formatrice et auteure spécialisée en parentalité, Jacqueline Bencardino nous éclaire sur le questionnement mental à suivre avant de devenir parents.
Quelles sont, selon vous, les questions essentielles auxquelles il est crucial de répondre avant d’envisager la parentalité ?
Il est difficile de donner des réponses concrètes en psychologie, car chaque individu a un parcours et des besoins différents. Cependant, certaines questions de base se posent naturellement, telles que la stabilité émotionnelle, les conditions d’accueil de l’enfant, et la capacité à assumer ce rôle. Au-delà de ces questions, il est essentiel de se pencher sur ses propres défis personnels et relationnels. Les problématiques non résolues individuellement se répercutent souvent dans le couple, et celles non résolues dans le couple se manifestent dans la parentalité. Il est donc important de s’interroger sur ses propres difficultés et sur la manière dont elles pourraient influencer la parentalité.
Avez-vous des exemples de questions concrètes à se poser ?
Je pense que c’est intéressant d’abord de s’interroger à propos des choses qui, à titre personnel, nous posent le plus de difficultés dans la vie. Ensuite viennent les questions suivantes :
« Est-ce que je peux travailler sur ça ? Quelles sont les choses qui bloquent souvent dans mon couple ? Est-ce que c’est la communication qui bloque ? Ou bien est-ce la gestion du quotidien ? Est-ce que j’ai un traumatisme spécifique qui fait que dans mon couple, cela rend difficile telle ou telle partie du quotidien ? » Voilà ce que je conseille de se demander avant de se lancer dans l’aventure de la parentalité.
Donc selon vous, connaissance de soi et travail émotionnel contribuent à une parentalité bienveillante et épanouissante ?
Oui, la connaissance de soi est essentielle avant d’entamer le voyage de la parentalité. Cela implique d’identifier ses déclencheurs émotionnels, ses schémas de comportement et ses besoins non satisfaits. En comprenant mieux nos propres émotions et en travaillant sur notre développement émotionnel, nous devenons plus aptes à répondre aux besoins émotionnels de nos enfants de manière constructive.
En effet, lorsque nous sommes en accord avec nos valeurs et nos intentions en tant que parents, nous sommes plus à même d’exercer une parentalité bienveillante et épanouissante. Ce travail émotionnel nous permet également de mieux gérer les défis et les tensions inhérents à la parentalité, ce qui favorise des relations familiales plus harmonieuses et enrichissantes.
ALYSON CABROL