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S’intéresser avec bienveillance à votre enfant et à sa forme d’intelligence plutôt qu’à ses bonnes ou mauvaises notes mène plus directement au choix pertinent.
L’orientation ou la prise d’un nouveau virage étudiant sont des périodes ô combien sensibles et charnières pour votre enfant. Sensible car c’est un âge où il cherche à la fois à poser ses principes et ses valeurs sans pour autant les avoir confrontés à une expérience professionnelle ou de vie significative. Charnière car changer d’orientation, c’est un peu remettre à plat ce qui meut votre enfant, le responsabiliser et lui dire d’agir pour mettre en adéquation ses convictions, ses aspirations avec ses capacités. Deux experts du coaching prennent le temps de nous distiller des conseils pratiques à destination des parents. A lire sans modération.
La bienveillance même quand il existe une incompréhension
Facile de dire que l’on soutiendra son enfant quels que soient ses choix lorsque ceux-là vont vers des cursus d’excellence tels que les grandes écoles, la médecine ou pharmacie.
Mais qu’en est-il lorsque votre enfant arrête en cours d’année ? Et quelle attitude adopter lorsque votre enfant désire partir dans un secteur d’activité en tension sur le marché de l’emploi ? Si 98% des Terminales qui font toute leur année scolaire ont une chance sérieuse d’avoir le Bac, 31% toutes filières confondues et 42% à l’université ne passeront pas en deuxième année. « Il ne faut pas limiter son enfant à ses notes. La première chose à faire n’est pas de définir les études mais les fonctions ou les secteurs d’activité et seulement ensuite de réfléchir à son écosystème d’études. Aider votre enfant dans son orientation, c’est comme programmer le GPS pour une destination. Selon les options, on choisira un chemin en particulier qui prendra un peu plus en compte les notes et les façons d’apprendre, avertit Armelle Riou, fondatrice du premier réseau de coaching indépendant Mental’O. Souvent les enfants n’arrivent pas à mettre des mots sur le pourquoi de l’arrêt de leurs études mais il faut ne surtout pas se braquer. Et ensuite continuer à mettre votre enfant en confiance quant à ses qualités. Plus facile à dire qu’à faire ! »
Comment ne pas confondre lubie et aspirations profondes chez votre enfant ?
Votre enfant évolue vite. Et pour le suivre sans se perdre, il importe de distinguer un projet sérieux, qui en appelle aux valeurs qu’il a construites, des caprices ou fantaisies extravagantes fomentés pour rester avec ses amis par exemple…
Nathalie Benvéniste, coach et fondatrice des Périscopes avance : « Il faut revenir à la source, aux goûts, et aux valeurs des enfants. Est-ce que cela a évolué ? Y a-t-il une révélation, une découverte ? Au départ, les ados nourrissent des points de repère et cela évolue avec l’actualité, l’environnement ou la maturité. Les références familiales, culturelles, sociales bougent. Cela peut être lié à l’émergence d’un rêve ou à une expérience décevante soit en termes d’apprentissage soit en termes d’éducation. Il faut ensuite travailler sur ce qui est réel, les craintes, et lever les inhibitions de votre enfant. »
Ne pas s’accrocher à nos vieux schémas
« Parfois, nous mélangeons nos motivations et les leurs en calquant nos exigences sur leurs choix, comme obtenir un CDI, gagner un beau salaire, évoluer dans un secteur stable… , regrette Armelle Riou. De même, les cursus et les filières d’étude qui ont changé. Et la première conséquence est ne de pas considérer votre enfant uniquement à l’aune de son bulletin de notes. » Et Nathalie Benvéniste d’ajouter : « Le travail des parents est de se demander comment lâcher prise entre leurs attentes et celles de leurs enfants. Il importe de faire rencontrer des personnes d’horizon divers à votre enfant, de ne pas rester figé dans l’univers social dans lequel on évolue. Il faut faire parler les gens de leur métier et développer la curiosité de votre enfant. La culture joue un rôle essentiel ici. »
Comprendre les formes d’intelligence de votre enfant
« La logique et le verbal sont les deux seules formes d’intelligence mises en évidence dans notre système scolaire ce qui souvent pose la question du profil littéraire ou scientifique… et selon la classification d’Howard Gardner qui fait référence, chaque personne peut être également dotée d’intelligence intra- et interpersonnelle, kinesthésique et émotionnelle, visuelle-spatiale, musicale et auditive et d’intelligence naturaliste. Par exemple, valoriser l’intelligence musicale et auditive, c’est inciter votre enfant à apprendre les langues de façon ludique », illustre Armelle Riou.
Reste ensuite à travailler sur le champ des motivations. Celui qui aime la compétition ne posera pas de problème quant à l’ambiance d’une grande école ou d’une prépa et pourra évoluer dans un métier sous pression par exemple.
Ne reste ensuite que la question des appétences de votre enfant : « Qu’aime-t-il faire : être sur le terrain, échanger, travailler en équipe ? Grâce à ces trois axes, les parents pourront ensuite définir une feuille de bord avec l’enfant qui inclut de travailler des matières en particulier s’il souhaite réussir et de redonner sens aux apprentissages », explique Armelle Riou.
Geoffroy Framery