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Et si vous partiez pour un voyage au long cours en embarquant la tribu ?

Veulent-elles, ces familles nomades, rompre avec la routine, réaliser un rêve, offrir un départ fulgurant à leurs enfants citoyen·nes du monde? En tout cas, elles larguent les amarres pour s’offrir un tour du monde en tribu. Expérience évidemment unique, comme un saut dans le vide, et qui remplit le cœur de rencontres et de souvenirs.

Fermer la porte du garage, vérifier que l’on n’a rien oublié, couper le gaz. Rituels commodes des prévacances. Mais ce n’est pas à un petit tour de quelques jours dans une station balnéaire que se prépare la famille Rezgui. Ces cinq Parisiens (papa, maman, Noé, Dahlia et Prune) s’élancent pour une expérience exceptionnelle. Les parents claquent la porte de bureau et les petits le portail de l’école, qui s’invente désormais buissonnière… Au programme de very good trip : l’Amérique du Sud en long, en large et en travers : le tout pour un an. Première question que vous pourriez vous poser : bien joli de tout laisser en plan, mais pour partir à cinq à l’autre bout du monde, il faut tout de même quelques moyens.

Pas question que l’expérience, aussi enrichissante soit- elle sur le plan humain, grève le budget familial sur deux générations ! On peut estimer le coût général à 2 500 euros par mois. Dans une mi-carrière à deux parents, réunir quelque 30 000 euros facilement accessibles même aux antipodes ne semble pas insurmontable. Ne l’oublions pas : ces régions du monde sont très abordables et les étapes ignorent les palaces. La vie partagée avec l’habitant assure la maîtrise du coût. Et pour tout le reste, il faudra faire assaut de débrouillardise. « Science » un peu perdue en Occident mais qui est pourtant le sel de la vie.

L’École de la classe

Question pratique : pour la désinscription de l’enfant de l’école, on enverra un simple
courrier au recteur, censé l’avaliser sous huitaine.

Pour les enfants des classes primaires, pas question de passer une année blanche. Il faudra que les parents consacrent une part non négligeable de leur temps à l’étude des questions scolaires. Le Cned (Centre national de l’éducation à distance) est en mesure de vous délivrer une armada de cahiers et de manuels, mais dans la jungle péruvienne, on se passera de ces volumes pesants. Mieux vaut se tourner vers des établissements privés, le plus souvent hors contrat, qui proposent, eux, une dématérialisation des outils pédagogiques.

Pas sûr que l’inspecteur d’académie qui vous recevra au rectorat accueillera avec un franc sourire la nouvelle de ce tour du monde. Ce n’est pas le genre de beauté de l’administration française, si bouleversée par les chemins qui ne passent pas par elle. Il n’est pas rare qu’au retour de tels voyages, l’inspection vienne pointer le bout de son nez. Le plus souvent, c’est une formalité, même si, avouons-le, rares sont les familles qui respectent scrupuleusement le programme. Le voyage offre tellement de perspectives qu’il est difficile de se concentrer sur des cahiers lignés. Question pratique : pour la désinscription de l’enfant, on enverra un simple courrier au recteur, censé l’avaliser sous huitaine.

Sécurité es-tu là ?

On sait depuis longtemps que le monde est stone, mais il lui arrive aussi parfois de se faire dangereux. Assez déconseillé de laisser son enfant vagabonder dans les faubourgs de Manille ou d’Abidjan… Première chose, avant de partir, bien consulter la liste du Quai d’Orsay qui classe les pays selon divers codes de couleurs. De préférence, on se tournera d’abord vers les pays les plus sûrs et on évitera soigneusement les détours par la Syrie ou le Pakistan. Mesure de bon sens, encore faut-il la rappeler. Les familles trotteuses conseillent souvent de se référer à son instinct pour évaluer le danger, de rester en permanence sur le qui-vive et d’éviter les déambulations nocturnes dans les lieux qui ne s’y prêtent guère.

Éviter aussi les dissociations de la tribu du genre « on se retrouve ici dans deux heures ». Rester soudés, voilà la clé. Avis aux pères : garder sur soi une petite bombe lacrymo ou un couteau bien aiguisé n’est pas forcément de trop, si la douane ou la police de l’air n’intervient pas. Reste à se laisser porter par le voyage. Autre forme de sécurité, la santé. Les risques sont légion en la matière : piqûres, blessures, intoxication alimentaire… Prévoir en amont une liste d’hôpitaux référents et surtout, surtout, un budget dédié. Le simple bobo, au bout du monde, risque de coûter une petite fortune. Enfin, toujours prévoir un moyen d’exfiltration pour regagner la France en cas d’urgence. On pense surtout aux contacts consulaires et aux assurances de rapatriement.

Préserver l’émerveillement des petits

Autre nécessité : maintenir la cohésion familiale. La complicité des parents est un acquis absolu. Il faut donc éviter les scènes de ménage. Pour les enfants, on veillera à bien les ménager. La question du sommeil est primordiale : il faut maintenir ces heures sacrées. Ne pas prévoir de voyages au pas de course. Il faut aussi se montrer capable d’écouter les plus petits, qui, parfois n’auront qu’une envie, s’attarder quelques heures dans un parc d’attractions ou une forêt magique. Prévoir aussi pour eux des plages de jeux et des moments calmes. Pour le reste, l’incroyable capacité d’adaptation des enfants devrait faire merveille. Le contact téléphonique avec les proches (grand-mère, copains copines…) est indispensable. Il faudra aussi prévoir le choc du retour à une vie citadine et française. Il risque parfois de provoquer une émotion intense.

Par Valentin Gaure

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