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Parents, lancez-vous. Il est grand temps d’aborder la conversation la plus redoutée de toute l’histoire de la parentalité. Désir, sexualité, plaisir, contraception… Dites au revoir aux tabous. Aline Nativel Id Hammou, psychologue, vous donne quelques clés pour surmonter sereinement cette épreuve.

Avec la puberté, le festival des hormones. Premiers poils, premières règles, premiers émois, premiers bisous… Première fois. En marge des festivités, enfants et parents se questionnent, angoissent… Le malaise est général. L’équilibre familial se modifie et il n’est plus question d’éluder le sujet de la sexualité. « C’est un cap très difficile que d’accepter que son enfant ait accès à la sexualité, affirme Aline Nativel Id Hammou, psychologue, car ça veut dire qu’il grandit. Beaucoup de parents ont l’impression de perdre une forme d’amour, mais aussi de contrôle. »

Qu’on se le dise, parler sexe avec son ado n’a rien d’une évidence. Une épreuve pour la pudeur parentale qui risque de semer la discorde. « Soyez cool », lâche la spécialiste. Papas et mamans, commencez par « vous mettre d’accord sur la façon d’aborder les choses » et « luttez contre la question des genres ». Car non, ce n’est pas nécessairement à maman de s’occuper de Juliette et à papa de Jules.

« Il faut évoquer la sexualité avec son enfant le plus tôt possible. Il faut oser répondre à toutes les questions, même des plus petits. Les parents se trouveront moins désarçonnés plus tard », martèle Aline Nativel Id Hammou. N’attendez pas qu’il fête ses dix-sept ans et demi, l’âge moyen auquel les jeunes Français·es ont leur premier rapport sexuel selon les données de l’assurance maladie. D’aucuns diraient « trop jeune » et s’enfermeraient dans le silence. Ils auraient tort, car c’est bien plus jeune que les enfants découvrent les plaisirs – ou déplaisirs – de la sexualité. Selon le ministère de la Santé et de la Prévention, en 2021, « à 12 ans, près d’un enfant sur trois a déjà été exposé à la pornographie » (lire plus loin).

Phénomène inquiétant puisque « 44 % des jeunes qui ont déjà eu un rapport sexuel déclarent avoir essayé de reproduire des scènes ou des pratiques vues dans des films ou vidéos pornographiques », rapporte un sondage Ifop pour l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique, publié en 2017.

Jules, Juliette, il faut qu’on parle…

Ne vous leurrez pas, d’autres sont allés au front avant vous. Les enfants en savent déjà beaucoup. « Ils ont déjà parlé de sexualité autour d’eux. Les parents arrivent en dernière ligne », assure la psychologue. D’autant plus si vous n’avez pas répondu à leurs questionnements en temps et en heure. « En tant que référents, les parents doivent pouvoir aider les adolescent·es à faire du tri dans l’ensemble des informations dont ils disposent. » Les papas et mamans sont prévenus: « L’erreur la plus commune est de vouloir aborder tous les sujets liés à la sexualité en un seul bloc. L’adolescent·e pourrait se sentir honteux·se et se braquer. » Son conseil: ne pas se lancer dans la redoutée conversation par le prisme de leurs propres expériences.

Il n’est, du reste, jamais trop tard pour apprendre. « Beaucoup de familles lisent ou utilisent des supports pour aborder le sujet de la sexualité avec leurs enfants », rapporte la psy. Et d’évoquer la série Sex Education, disponible sur Netflix, au synopsis tout à fait à propos. Dans cette histoire, Otis, un jeune garçon puceau, se lance dans la thérapie sexuelle clandestine pour adolescent·es, lui-même bien renseigné par sa mère, légèrement fantasque, sans tabou et surtout… sexologue. Le livre de Camille Aumont Carnel , #AdoSexo, vous donnera une idée du panorama de questions que se pose la génération Z. Dans un précédent numéro, nous vous conseillions la lecture de Cool Girls, la puberté en mode confiance de Nina Brochmann et Ellen Stokken Dahl, aux éditions Actes Sud consacré à la fois à la puberté et à la sexualité féminine.

Si la tâche vous paraît toujours trop ardue, des spécialistes vous aideront à aiguiller vos enfants, voire, s’ils vous paraissent dignes de confiance, à répondre à certains de leurs questionnements. Nous parlons ici de médecins généralistes, gynécologues, sexologues, intervenant·es du planning familial. Mais en fin de course, n’oubliez pas de resserrer les rangs. Dites à vos enfants que vous serez toujours là pour eux, quoi qu’il arrive.

Marie Sanchis

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