Temps de lecture estimé : 3 minutes

C’est la patate chaude que se refilent les parents de toutes les générations. Les darons « dans le coup » (l’écrire est déjà signer son âge…) se targuent de connaître les bails et de demander à leur ado sans gênance s’il a une go et si ça l’enjaille. D’autres évoqueront le pistil des fleurs, mais la plupart laisseront faire la nature. Pourtant, il y a urgence à rester sur le qui-vive. Pour parer aux chocs, entourer discrètement et sauver son gamin de la pornographie. Du chagrin d’amour (volet 1) aux dangers du sexe en ligne (volet 3) en passant par la façon d’en parler (volet 2), incursion dans le domaine délicat de l’énergie universelle, l’amour.

Pour une psychologue scolaire qui reçoit les parents et les informe, et bien sûr l’enfant ou l’ado impliqué·e dans un choc de toute nature, victime ou agresseur, une réalité s’impose: la probabilité est forte que votre enfant ait déjà été exposé à la pornographie.

Cette exposition précoce survient entre 6 et 10 ans, avec un âge moyen de 11 ans pour une exposition certaine… via les réseaux sociaux et Internet.

Cas d’école

Un grand rectangle s’allume, écran de l’ordinateur familial, tablette de l’aîné·e, portable d’un ami de passage. En « open bar ». Au cœur de la maison, ni vu ni connu, je t’embrouille (vraiment). Au cœur de la famille. Au cœur de l’enfant. Cet enfant, c’est le vôtre.

Le Grand Bleu est ouvert, une vraie boîte de Pandore. L’enfant, de 10 ans à peine, y plonge. Grand bleu… à l’âme. Ce n’est pas un dauphin. Mais la pornographie qui surgit, d’un bond, sans limite, qui s’invite, à portée de clic sous les petits doigts experts en met plein les yeux. Les joues en feu. L’esprit en alarme. Les sens… dans tous les sens. Sans pouvoir donner, justement, de sens à « ça ». Une majorité d’enfants d’âge primaire est confrontée, de façon souvent involontaire, à la profusion incontournable de la pornographie. Sur les réseaux sociaux. Sur le Net. Avec un risque de développer une fascination, susceptible de devenir addictive. Pulsion épistémophilique (désir de savoir) et facilité de connexion obligent.

À ce moment particulier du développement psychique de l’enfant, que l’on appelle la période de latence, cette confrontation inopinée, incontrôlée, subreptice, risque fort de créer un traumatisme.

L’enfant sidéré ne peut donner aucun sens aux images qu’il découvre. Ni intégrées ni comprises, elles s’inscrivent et fascinent… Quelque chose d’une permanence rétinienne et psychique. Une sorte de viol émotionnel. Un débordement affectif. Une effraction de la capacité de conceptualisation. Un état de confusion de la pensée et des émotions.

L’enfant se trouve au contact d’un réel brut auquel il ne peut trouver aucun sens. « L’image reste gravée dans l’imaginaire de l’enfant », explique Jean Duverger, pédopsychiatre au CHU d’Angers. Et elle risque de provoquer des symptômes, comme des troubles du sommeil, des modifications de comportement (une apathie ou au contraire une surexcitation générale). Mais pas toujours. Un traumatisme est la conséquence d’un événement qui ne parvient pas à être verbalisé, partagé. « Sa manifestation peut donc être différée de plusieurs années », note le clinicien. Car « la mémoire n’est pas linéaire et certaines choses peuvent être refoulées ». C’est sur cette scène du pire que doit s’ouvrir le dossier de l’amour, à laquelle se consacre le volet 3. Mais tout n’est pas si abrupt – heureusement – dans la vie sentimentale de nos enfants…

Pour poursuivre sur le même sujet :

Volet 1 : Mon ado vit son premier chagrin d’amour

Volet 2: Et si on parlait sexe ?

Volet 3 : Pornographie : en parler avant le choc

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.